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Si le nombre total de personnes sollicitant la PEP reste limité au cours de ces dernières années, un grand nombre de ceux qui y ont eu recours avaient eu l'occasion de bénéficier d'une prescription de PrEP dans le décours de cette exposition imprévue au VIH. Mais, pour toutes sortes de raisons, peu nombreux étaient ceux qui ont effectivement suivi la PrEP recommandée. Par ailleurs, de nombreuses personnes auxquelles la PEP a été prescrite sont susceptibles d'avoir à nouveau besoin d'une protection dans les semaines et les mois à venir. Le Dr Mary Tanner, en charge des programmes de prévention au sein du CDC, ne peut que déplorer ce décalage flagrant entre la PEP et la PrEP aux États-Unis [1]. Ainsi, au cours de la première décennie de PrEP (à partir de 2013), le taux d'utilisation a augmenté régulièrement, passant de zéro à environ 450.000 en 2022. Au cours de la même période, l'utilisation de la PEP n'a pratiquement pas évolué. Chaque année, il n'y a eu que 14.000 à 18.000 prescriptions de PEP. Pour le Dr Tanner, la PEP et la PrEP se situant sur le même continuum, il est donc primordial que les personnes recourant à l'une des méthodes soient informées de l'existence de l'autre.Les directives britanniques recommandent une transition de la PEP à la PrEP, le Dr Gary Whitlock [2] a fait part du travail mené au sein de sa clinique pour veiller à ce que cette recommandation soit respectée. Cette clinique de santé sexuelle londonienne dispense 25 % de toutes les prescriptions de PEP et un tiers de toutes les prescriptions de PrEP en Angleterre. Depuis janvier 2021, toute personne bénéficiant d'une PEP se voit d'office proposer un traitement de PrEP d'un mois (avec option de refus), à commencer dès qu'elle a terminé les 28 jours de PEP. En mars et avril 2022, le centre londonien a dispensé une PEP à 282 hommes gais et bisexuels et à six femmes transgenres. Un peu moins de la moitié d'entre eux étaient des utilisateurs actuels ou anciens de PrEP. Les trois quarts des personnes à qui on a prescrit une PEP ont accepté l'offre de PrEP, et plus de la moitié d'entre elles sont revenues plus tard pour un rendez-vous relatif à la poursuite de la PrEP. Selon le Dr Whitlock, l'offre de PrEP conduit à une discussion plus large sur les options de prévention du VIH, notamment en vérifiant que les utilisateurs actuels ou anciens de la PrEP savent comment l'utiliser au mieux.Réf : [1] Tanner M. et al. Abstract 1131, CROI 2024, Denver. [2] Whitlock G. et al. Abstract 1133, CROI 2024, Denver.