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D'où l'importance de rappeler l'intérêt d'un "revue de médication" régulière pour s'assurer que les prescriptions sont appropriées à l'état de santé actuel, et que certains médicaments, utilisés notamment pour le traitement de l'anxiété et de la dépression, ne sont pas prescrits au-delà des périodes recommandées. Conscients de la problématique de la polymédication chez les seniors vivant avec le VIH, une équipe espagnole s'est attelée à une revue de la littérature scientifique centrée sur les études portant sur les prescriptions inappropriées chez les personnes âgées séropositives. Sur les 39 études finalement retenues, la plupart soulignent l'importance du fardeau représenté par la prescription de médicaments anticholinergiques. Ces derniers sont utilisés pour traiter des affections très fréquentes chez les personnes âgées, notamment la BPCO, l'hyperactivité vésicale, l'allergie ou l'insomnie. Les médicaments anticholinergiques ne sont pas exempts d'effets secondaires néfastes surtout chez les personnes âgées comme, par exemple, des troubles neurocognitifs ou des chutes. De plus, l'utilisation concomitante de plusieurs de ces substances peut entraîner un syndrome anticholinergique au cours duquel les personnes développent de la confusion, de l'agitation ou des troubles de l'équilibre et de la coordination. L'analyse a ainsi montré qu'environ 25 à 30% des personnes âgées séropositives prenaient des médicaments anticholinergiques sur base régulière et prolongée. Les médicaments les plus fréquemment identifiés comme prescrits de façon excessive étaient les benzodiazépines, telles que le lorazépam et le diazépam. Souvent prescrits, et à juste titre, contre l'anxiété et comme somnifères, ils doivent demeurer des traitements d'appoint pour une durée limitée (ce qui est loin d'être le cas) pour éviter des chutes et surtout l'émergence d'une addiction. A côté de ces excès, on constate aussi certaines carences qui concernent surtout la prescription de statines pour prévenir les maladies cardiovasculaires, ou la vitamine D et le calcium pour prévenir l'ostéoporose et le risque de fracture. Outre l'examen de la polymédication, l'étude s'est aussi intéressée aux possibles remèdes à apporter pour limiter ce risque et, principalement, aux études évaluant la revue de médication qui, en moyenne, permet de réduire de près de 30 à 40% les prescriptions inutiles, mais surtout celles qui s'éternisent. Au cours de ces revues, le patient et son médecin référent VIH, son médecin généraliste ou son pharmacien passent en revue médicaments prescrits et ceux en libre accès afin de voir si quelque chose doit être modifié. Les études disponibles ont révélé qu'une revue de médication au moins annuelle aide à résoudre les problèmes liés aux effet secondaires des médicaments et à éliminer les médicaments inutiles.Réf: Velez-Diaz-Pallares M. et al. Journal AIDS, 94(5): 445-60, 2023.