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A travers le monde, quelque 936 millions de personnes souffrent du SAOS, un phénomène largement répandu et sans doute encore sous-estimé qui n'est pas sans conséquences. Les nombreuses et brèves pauses respiratoires pendant le sommeil, causées par l'obstruction complète (apnée) ou partielle (hypopnée) des voies aériennes supérieures, perturbent le sommeil nocturne. Le SAOS entraîne une somnolence diurne et des troubles de la concentration, mais il expose également à des risques d'hypertension, de diabète, de maladies cardiovasculaires et de problèmes de santé mentale. Le traitement de référence du SAOS est le masque d'apnée du sommeil, qui utilise une pression positive continue pour maintenir le pharynx ouvert et prévenir les pauses respiratoires. Mais de nombreux patients refusent ce traitement par CPAP ou n'utilisent pas suffisamment leur appareil : il est peu pratique, inconfortable ou insuffisamment efficace. L'appareil de repositionnement mandibulaire (ARM), un appareil qui déplace la mâchoire inférieure vers l'avant pour élargir le pharynx, n'est pas non plus toléré par tout le monde. Quelles sont les autres options thérapeutiques ? Une méthode innovante consiste à stimuler le nerf hypoglosse au moyen d'un pacemaker implanté. L'activation du nerf de la langue pendant le sommeil prévient l'affaissement des voies respiratoires. Une nouvelle étude[1] a montré une bonne efficacité chez 80% des patients, chez qui l'indice d'apnée-hypopnée (IAH) a fortement diminué. Une analyse corrigée a montré que ce sont surtout les patients ayant un IMC élevé (>32) qui avaient jusqu'à 75% de chances en moins de répondre au traitement. Chez les personnes qui dorment sur le dos, on a également observé une diminution de l'effet thérapeutique. Aujourd'hui, en Belgique, le traitement est remboursé pour un groupe restreint de patients.La pharmacothérapie ciblant l'activation des muscles des voies aériennes supérieures est également une stratégie prometteuse pour le traitement du SAOS. Aux Etats-Unis, un nouveau traitement oral a été testé : l''AD109', une combinaison de l'aroxybutinine, un antagoniste muscarinique, et de l'atomoxétine, un inhibiteur spécifique de la recapture de la norépinéphrine. L'essai clinique randomisé de phase 2[2] a montré une réduction cliniquement significative (-47,1%) des IAH avec l'AD109 par rapport au placebo, ainsi qu'une diminution significative de la fatigue rapportée par les patients. Les effets secondaires possibles sont notamment une sécheresse de bouche, des problèmes urinaires et une légère augmentation du rythme cardiaque. Une étude de phase 3 à plus grande échelle est actuellement en cours et les résultats sont attendus pour la mi-2025. Par ailleurs, une entreprise australienne a mis au point le 'IHL-42X', une pilule combinée contenant de l'acétazolamide et une forme synthétique de tétrahydrocannabinol (THC). L'inhibiteur de l'anhydrase carbonique devrait aider à réguler la respiration et le dérivé du THC activerait les muscles du pharynx. Un premier essai clinique s'est avéré concluant et des recherches plus approfondies sont en cours aujourd'hui [3]. Et enfin, une autre équipe voit un potentiel dans un spray nasal qui, en bloquant localement les canaux potassiques dans le pharynx, pourrait soulager le SAOS[4]. À suivre...Références: [1] Patel RM, et al. Response to Hypoglossal Nerve Stimulation Changes With BMI and Supine Sleep. JAMA Otolaryngol Head Neck Surg. April 2024. doi:10.1001/jamaoto.2024.0261 [2] Schweitzer PK, et al. The Combination of Aroxybutynin and Atomoxetine in the Treatment of OSAS. Am J Respir Crit Care Med. Dec 2023. 208(12):1316-1327. [3] Revealing the Efficacy of IHL-42X Use in Patients With OSA (RePOSA-trial): https://classic.clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT06146101 [4] Osman AM, et al. Novel TASK Channel Antagonist Nasal Spray Reduces Sleep Apnea Severity. Am J Physiol Heart Circ Physiol. Mar 2024 1;326(3):H715-H723.