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Déjà avant 2020, les troubles dépressifs et anxieux étaient les principaux contributeurs au fardeau mondial liée à la santé. L'émergence de la pandémie de COVID-19 a encore exacerbé ces déterminants de la mauvaise santé mentale. D'où l'intérêt de cette grande étude, la première à quantifier l'impact de la pandémie de Covid-19 sur la prévalence et la charge des troubles dépressifs majeurs et des troubles anxieux représentatifs en population générale et à les détailler par âge, sexe et localisation dans 204 pays et territoires en 2020, avant et pendant la pandémie.Les chercheurs du Queensland Center for Mental Health Research ont mené une revue systématique de la littérature et des données d'enquêtes de population publiées entre le 1er janvier 2020 et le 29 janvier 2021. Ils ont identifié 5 683 sources de données, dont 48 études répondant aux critères d'inclusion : 46 pour les troubles dépressifs majeurs et 27 pour les troubles anxieux.Deux indicateurs d'impact Covid-19, plus précisément les taux quotidiens d'infection par le SARS-CoV-2 et les réductions de la mobilité humaine, ont été associés à une augmentation de la prévalence des troubles dépressifs majeurs et des troubles anxieux. Les résultats sont alarmants. En l'absence de pandémie, il y aurait eu 193 millions de cas de troubles dépressifs majeurs soit 2 471 cas pour 100 000 habitants dans le monde en 2020 ; or 246 millions de cas (3 153 pour 100 000), soit une augmentation de 28% (53 millions de cas supplémentaires), auraient été recensés durant la période étudiée. De même, en l'absence de pandémie, il y aurait eu 298 millions de cas de troubles anxieux, mais en fait environ 374 millions de cas, soit une hausse de 26% (76 millions de cas supplémentaires), auraient été recensés.Davantage susceptibles d'être plus affectées par les conséquences sociales et économiques de cette pandémie, les femmes sont apparues plus touchées que les hommes au niveau de leur santé mentale : plus de 35 millions de cas supplémentaires de troubles dépresseurs majeurs vs 18 millions chez les hommes et près de 52 millions de cas supplémentaires de troubles anxieux vs environ 24 millions chez les hommes.Les jeunes ne sont pas épargnés. La prévalence supplémentaire des troubles mentaux culmine chez les 20-24 ans : 1 118 cas supplémentaires de trouble dépressif majeur pour 100 000 et 1 331 cas supplémentaires de troubles anxieux pour 100 000.Sans surprise, les pays les plus durement frappés par la pandémie en 2020 (au Moyen-Orient, en Amérique du Sud et en Asie du Sud, en particulier) sont ceux qui montrent la plus forte hausse des cas d'anxiété et de dépression.Les auteurs reconnaissent toutefois que leur étude a été limitée par un manque de données fiables sur les effets de la pandémie de Covid-19 sur la santé mentale dans de nombreuses régions du monde, en particulier les pays à revenu faible et intermédiaire."Nos résultats soulignent un besoin urgent de renforcer les systèmes de santé mentale", estime le principal auteur, le Dr Damien Santomauro. "Même avant la pandémie, ces systèmes manquaient de ressources et étaient désorganisés. Répondre à la demande supplémentaire sera difficile, mais l'inaction face à la charge que représentent les troubles dépressifs majeurs et les troubles anxieux n'est pas une option."(référence : The Lancet, 8 octobre 2021, doi : 10.1016/S0140-6736(21)02143-7)