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Cela semble être une éternité, mais le premier cas de Covid-19 connu a été recensé en décembre 2019. Depuis lors, la maladie n'a fait que s'étendre à travers le monde, et les scientifiques n'ont plus cessé d'étudier les effets du SARS-CoV-2 et de ses variants sur l'organisme, avec à la clé quelques découvertes importantes comme celle qui vient d'être réalisée par une équipe de la Houston Methodist en collaboration avec des chercheurs panaméens.Alors qu'au fil des études se précisent les impacts neurologiques de la Covid-19, les auteurs ont relevé une fréquence inattendue de myélite transverse aiguë (MTA) chez les patients positifs au SARS-CoV-2. Alertés par la découverte d'un cas au Panama, ils ont procédé à une revue de la littérature scientifique publiée entre mars 2020 et janvier 2021, ce qui leur a permis d'identifier 43 cas de MTA (23 hommes et 20 femmes) chez des patients Covid-19, issus de 21 pays différents, âgés de 21 à 73 ans, à l'exception de trois enfants âgés de 3 à 14 ans. En outre, trois cas de MTA ont été rapportés comme événements indésirables graves au cours des essais cliniques du vaccin AstraZeneca.Caractérisée par une inflammation de la moelle épinière, la MTA est une maladie assez rare. En temps normal, au cours d'une année donnée, son incidence est estimée à seulement 1,34 à 4,6 cas par million de personnes. En revanche, sur la période de 10 mois de cette étude, son incidence chez les seuls patients Covid-19 a fini par être d'environ 0,5 cas par million.Tous les patients présentaient des caractéristiques typiques de la MTA avec un début aigu de paralysie, des déficits sensoriels et un dysfonctionnement du sphincter dus à des lésions de la moelle épinière démontrées par imagerie. Les principales manifestations cliniques observées étaient la quadriplégie (58%) et la paraplégie (42%), des lésions MTA localisées dans au maximum trois segments de la moelle épinière (30%), une MTA longitudinale étendue (70%), et une encéphalomyélite aiguë disséminée (20%). Trois patients ont souffert de cécité due à une myélonévrite optique et deux autres d'une neuropathie axonale motrice aigue.Cette étude confirme que la MTA n'est pas rare en tant que complication neurologique associée à la Covid-19 dans le monde, responsable peut-être de 1,2% de toutes les complications neurologiques causées par le coronavirus." "La plupart des cas, 68%, montrent une latence longue de 10 jours à 6 semaines qui peut indiquer des complications neurologiques post-infectieuses médiées par la réponse de l'hôte au virus," commentent le Dr Gustavo Roman et ses collègues. "Dans 32% des cas, une brève latence de 15 heures à 5 jours suggère un effet neurotrope direct du SARS-CoV-2."Les chercheurs notent par ailleurs que les trois cas de MTA signalés chez 11 636 participants aux essais du vaccin AstraZeneca, soit une incidence très élevée, pourraient fournir un indice sur les mécanismes immunitaires impliqués. "La pathogenèse de la MTA reste inconnue, mais il est concevable que les antigènes du SARS-CoV-2 - peut-être également présents dans le vaccin AZD1222 anti COVID-19 ou son adjuvant d'adénovirus chimpanzé - puissent induire des mécanismes immunitaires conduisant à la myélite."Les auteurs appellent bien entendu à la prudence mais ils pensent que l'incidence anormalement élevée de la MTA chez les patients post-Covid-19 mérite des recherches plus approfondies afin de mieux comprendre le lien entre la Covid-19 et ce syndrome neurologique.(référence : Frontiers in Immunology, 26 avril 2021, doi : 10.3389/fimmu.2021.653786)