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Dès l'été 2020, différentes études ont constaté des symptômes persistants et des séquelles possibles chez les personnes infectées par le coronavirus. Sur le plan pulmonaire, on savait déjà que jusqu'à un tiers des patients hospitalisés développent des complications graves et un syndrome respiratoire aigu sévère. Par contre, les éventuelles séquelles pulmonaires à long terme étaient inconnues, ce qui justifie l'étude observationnelle, nationale, multicentrique, prospective, réalisée en Suisse, dont les résultats viennent d'être divulgués.Les chercheurs helvétiques ont évalué les données de 113 malades ayant survécu au Covid-19 : 66 d'entre eux présentaient une forme sévère à critique, et 47 une forme légère à modérée, selon la classification de gravité de l'OMS.L'étude a inclus la mesure de la fonction pulmonaire (y compris la force respiratoire) et de la capacité de diffusion du monoxyde de carbone (DLCO), un test de marche de 6 minutes et la réalisation de scanners pulmonaires. Les facteurs de risque connus, comme l'IMC, le tabac, l'âge, les antécédents médicaux, etc. ont aussi été recueillis.L'évaluation à quatre mois montre que les personnes ayant une forme légère à modérée sont presque complètement rétablies avec le temps, contrairement à celles qui ont une forme sévère à critique. Chez ces dernières, une altération de la fonction pulmonaire a été détectée : la DLCO s'élève à 76% (Valeur pour médian prédit). En d'autres termes : même quatre mois après une pathologie Covid-19 sévère à critique, l'absorption d'oxygène par les poumons est réduite d'un cinquième en moyenne par rapport à la valeur attendue pour une personne en bonne santé.L'interprétation systématique des scanners pulmonaires montre elle aussi la présence de séquelles même si les signes radiologiques à moyen et à long terme ne sont pas encore parfaitement clairs. Outre les lésions parenchymateuses imputables aux séquelles de la pneumonie sévère, le scanner suggère également une atteinte potentielle des petites voies aériennes qui semble plutôt typique dans les suites de la Covid-19."Les données évaluées à ce jour et les connaissances à venir sont essentielles pour répondre aux interrogations concernant les séquelles à long terme du Covid-19 sur les poumons," assure l'initiatrice de l'étude, le Pr Manuela Funke-Chambour. "Ces données seront la seule manière pour nous de parvenir à accompagner et prendre en charge de manière optimale les patientes et patients dans la durée."La pneumologue bernoise considère en outre que les résultats de cette recherche constituent un signal d'alarme. La pathologie Covid-19 étant loin d'être surmontée une fois la phase aiguë passée et les répercussions sur les poumons étant également renforcées par les atteintes neurologiques et cardiovasculaires, elle et ses collègues insistent pour qu'après la phase aiguë, les survivants soient systématiquement pris en charge et accompagnés sur le plan médical dans des centres de compétence pluridisciplinaires afin d'optimiser les soins dont ils bénéficient.(référence : European Respiratory Journal, 8 janvier 2021, doi : 10.1183/13993003.03690-2020)