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Une équipe de chercheurs a procédé à une revue de la littérature internationale complétée par une méta-analyse, réalisée à partir des données enregistrées sur Web of Science, Cochrane, PubMed et PsycINFO entre le 1er janvier 2020 et le 5 mars 2021. Ces données concernent des patients atteints de troubles psychiatriques comparés à des contrôles.L'objectif était d'évaluer les risques spécifiques de mortalité, d'hospitalisation et d'admission en unité de soins intensifs (USI) liés à la Covid-19 et associés à tout trouble mental préexistant, ainsi que les catégories diagnostiques spécifiques de troubles mentaux et l'exposition à des classes de médicaments psychopharmacologiques.Sur les 841 études identifiées, seules 33 ont été incluses dans la revue systématique et 23 dans la méta-analyse, regroupant 1 469 731 patients atteints de Covid-19, dont 43 938 souffraient d'une maladie psychiatrique. Neuf études ont fourni des données sur la race et l'origine ethnique des patients, et 22 ont été jugées de haute qualité. La comparaison cas-témoins effectuée en l'absence d'ajustement sur les facteurs de confusion potentiels conclut que les patients souffrant de troubles mentaux ont un risque deux fois plus élevé de mourir de la Covid-19 en cas d'infection. Cette surmortalité concerne les troubles psychotiques (risque 2,5 fois plus élevé), troubles de l'humeur (1,99), addictions et toxicomanies (1,76) et handicap mental ou troubles du neurodéveloppement (1,73). En revanche, les troubles anxieux ne semblent pas être impliqués (1,07).Le fait de recevoir un traitement d'antipsychotiques, d'anxiolytiques ou d'antidépresseurs est associé à un fort risque de surmortalité (multiplié par 3,71, 2,58 et 2,23 respectivement).Après ajustement selon l'âge, le sexe et d'autres de facteurs de confusion possible, les associations sont restées significatives en ce qui concerne les troubles psychotiques, les troubles de l'humeur, les antipsychotiques ou encore les anxiolytiques.L'étude montre aussi que les patients atteints de troubles mentaux ont 2,24 fois plus de risques d'être hospitalisés en cas de Covid-19 mais ne sont pas plus fréquemment admis en USI.Les analyses par sous-groupes ont, pour leur part, identifié deux covariables interférant de manière significative avec la mortalité, respectivement le traitement basal de l'infection virale et le pays où l'étude a été réalisée. Aucune preuve de biais de publication n'a été trouvée.Selon les critères de l'outil d'évaluation GRADE, le niveau de certitude pour ce qui est de la mortalité et du risque d'hospitalisation peut être considéré comme élevé. En revanche, les résultats sont moins certains pour ce qui est de l'admission en USI.Le surrisque lié aux maladies psychiatriques préexistantes pourraient s'expliquer par les obstacles aux soins médicaux rencontrés, par des altérations immuno-inflammatoires liées aux troubles psychiatriques eux-mêmes ou par l'impact des traitements psychopharmacologiques pris par ces patients, considèrent deux des auteurs."Les autorités de santé publique doivent prendre des mesures ciblées pour assurer une vaccination prioritaire et maximale des patients à risque identifiés dans cette étude et lutter contre une éventuelle réduction de l'accès aux soins," estime en particulier Livia De Picker, de l'hôpital psychiatrique universitaire Campus Duffel en Belgique.(référence : Lancet Psychiatry, 15 juillet 2021, doi : 10.1016/S2215-0366(21)00232-7)