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Les essais cliniques menés pour déterminer l'immunogénicité ou la capacité des vaccins actuels à déclencher une réponse immunitaire n'avaient pas encore pris en compte les personnes greffées d'organes solides, atteintes de maladies auto-immunes ou immunodéprimées.Pour mieux comprendre cette immunogénicité des vaccins à ARNm chez les individus immunodéprimés, une équipe de l'Université Johns-Hopkins a quantifié la réponse humorale à la première dose chez les receveurs de transplantation d'organes solides.Les receveurs de greffe à travers les États-Unis ont été recrutés via les médias sociaux pour participer à une cohorte prospective et ceux qui ont été vaccinés contre le SARS-CoV-2 entre le 16 décembre 2020 et le 5 février 2021 ont été inclus.L'étude a été menée auprès de 436 personnes greffées. Aucune n'avait un diagnostic de Covid-19 confirmé par réaction de polymérisation en chaîne. L'âge médian était de 55,9 ans, 61% étaient des femmes et 89% de race blanche; 52% ont reçu le vaccin BNT162b2 (Pfizer-BioNTech) et 48% le vaccin ARNm-1273 (Moderna). Le délai médian depuis la transplantation était de 6,2 ans.À une médiane de 20 jours après la première dose de vaccin, seulement 76 des 436 participants soit 17% ont présenté des anticorps neutralisants détectables contre le SARS-CoV-2.Les receveurs de transplantation d'organes solides ayant un traitement immunosuppresseur d'entretien anti-métabolite étaient moins susceptibles de développer une réponse anticorps que ceux ne recevant pas un tel traitement (37% vs 63%). Cependant, les participants plus jeunes (moins de 60 ans) et ceux qui recevaient de l'ARNm-1273 étaient plus susceptibles de développer une réponse anticorps. Ces résultats contrastent avec l'immunogénicité précoce robuste observée dans les essais de vaccins à ARNm avec les personnes ayant un système immunitaire sain, y compris 100% de séroconversion antispike au jour 15 après la vaccination avec l'ARNm-1273 et au jour 21 après la vaccination avec BNT162b2.Les vaccins actuels pourraient donc ne pas produire une réponse anticorps suffisante chez les receveurs de greffes d'organes, soulignent les auteurs qui avertissent les personnes immunodéprimées qu'elles pourraient rester vulnérables au Covid-19 après la première vaccination.Les chercheurs appellent à tenir de nouveaux essais cliniques pour préciser la réponse immunogène des receveurs de greffe d'organe et d'autres patients immunodéprimés après une deuxième dose de vaccin. Ils considèrent enfin qu'un immunophénotypage plus approfondi des receveurs de transplantation après la vaccination, y compris la caractérisation des réponses des lymphocytes B et T mémoires, sera important pour déterminer les stratégies de vaccination auprès de cette population.(référence : JAMA, 15 mars 2021, doi : 10.1001/jama.2021.4385)