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De précédents travaux ont déjà révélé une association entre l'utilisation d'ISRS - en particulier le chlorhydrate de fluoxétine et le maléate de fluvoxamine - et la diminution de la mortalité chez les patients atteints de Covid-19. Cependant, ces études avaient une puissance limitée au vu de leur petite taille.Raison pour laquelle des chercheurs de l'Université de Stanford ont mené une analyse beaucoup plus vaste, basée sur les dossiers de santé électroniques de la base de données anonymisée Cerner Real World Covid-19, qui contenait des informations sur près de 500 000 patients à travers les États-Unis.Pour effectuer leur étude de cohorte rétrospective, ils ont retenu les dossiers de 83 584 patients adultes qui ont reçu un diagnostic de Covid-19 entre janvier et septembre 2020 et qui ont été suivis jusqu'à 8 mois dans 87 centres de soins de santé. Ils ont utilisé l'appariement par score de propension en fonction des caractéristiques démographiques, des comorbidités et de l'indication du médicament pour comparer les 3 401 patients (âgés de 64 ans en moyenne et à 60% de femmes) qui se sont vu prescrire des ISRS, en particulier de la fluoxétine, avec des patients témoins appariés non traités aux ISRS.Les résultats montrent que les patients prenant de la fluoxétine ont 28% moins de risques de mourir que les patients témoins appariés, ceux prenant de la fluoxétine ou la fluvoxamine 26% moins ; et l'ensemble du groupe de patients prenant n'importe quel type d'ISRS 8% moins. Dans le détail, chez les participants prenant des ISRS, le risque de décès est de 14,6% vs 16,6%, chez ceux non traités par ISRS ; chez les 470 participants prenant de la fluoxétine, le risque est de 9,8% vs 13,3% ; chez les 481 participants prenant de la fluoxétine ou de la fluvoxamine, le risque est de 10% vs 13,3% ; et chez les 2 898 participants prenant un ISRS autre que la fluoxétine ou la fluvoxamine, le risque est de 15,4% vs 17,0%, mais les auteurs précisent que la différence n'est pas significative.Quel mécanisme possible pour expliquer de tels résultats ? L'utilisation d'antidépresseurs peut être associée à des niveaux réduits de plusieurs cytokines pro-inflammatoires impliquées dans le développement du Covid-19 sévère.En résumé, les résultats suggèrent que l'utilisation d'ISRS peut réduire la mortalité chez les patients atteints de Covid-19, bien qu'ils puissent être soumis à des variables confusionnelles non prises en compte. Par ailleurs, les effets des ISRS semblent plus faibles que ceux trouvés dans les récents essais cliniques de nouveaux antiviraux développés par Pfizer et Merck. D'où la nécessité de recherches supplémentaires et d'essais cliniques randomisés de grande envergure pour élucider l'effet des ISRS en général, ou plus spécifiquement de la fluoxétine et de la fluvoxamine, sur la gravité des résultats du Covid-19.(référence : JAMA Network Open, 15 novembre 2021, doi : 10.1001/jamanetworkopen.2021.33090)