Le développement d'un biosimilaire prend de nombreuses années, explique le Dr Giezeman. Comme pour tout produit biologique, il faut d'abord mettre au point le complexe processus de production. La preuve la plus importante pour démontrer la biosimilarité avec le médicament de référence vient d'une étude de qualité. Pour démontrer que la structure et l'activité biologique sont équivalentes, il faut effectuer jusqu'à 250 tests analytiques différents. Pour l'Agence européenne des Médicaments (EMA), la partie "qualité" du dossier est cruciale (voir figure 1). Ce n'est que lorsque la biosimilarité aura été démontrée à ce niveau que l'EMA acceptera le fait qu'aucune différence de sécurité et d'efficacité n'est escomptée. Les grandes études cliniques conduites avec le médicament de référence ne doivent dès lors pas être répétées. Les études précliniques et cliniques se concentrent ensuite surtout sur la démonstration de l'équivalence en termes d'efficacité et de sécurité. Dans l'étude de phase 3, cette équivalence est généralement démontrée pour une seule indication. Par la suite, il sera possible d'extrapoler à d'autres indications qui ont déjà été approuvées pour le produit de référence. Sur la base des données de l'industrie, l'investissement total s'élève à 150-300 millions d'euros, et il faut jusqu'à 9 ans pour développer un biosimilaire*. Pour soutenir les 20 biosimilaires actuellement présents dans le portefeuille et le pipeline de Mylan, 10 % des collaborateurs de Mylan travaillent dès lors en R&D.

Large soutien pour les biosimilaires en Europe

À l'échelle mondiale, l'EMA a été le pionnier dans la conception du processus d'enregistrement des biosimilaires, poursuit le Dr Vanlerberghe. Depuis 2006, plus de 50 biosimilaires (situation en octobre 2018) ont été approuvés par la Commission européenne (CE). L'expérience (plus de 700 millions de jours-patients d'expérience clinique positive avec des médicaments biosimilaires ont été enregistrés en Europe depuis 2006)*** a entre-temps montré qu'ils sont tout aussi sûrs et efficaces que les médicaments de référence. En conséquence, l'utilisation des biosimilaires a gagné un soutien considérable dans l'UE, tant de la part de la Commission européenne / l'Agence européenne des Médicaments (EMA) que de diverses associations de professionnels de la santé. Deux exemples sont la brochure d'information destinée aux professionnels de la santé et le guide d'information du patient de la CE.1,2

Étant donné que le coût des biosimilaires est moindre, un budget important est libéré pour les soins de santé. Ceci peut être utilisé de différentes manières, explique le Dr Giezeman. Ainsi, davantage de patients peuvent avoir accès au produit biologique, on peut examiner si le produit biologique peut être instauré à un stade plus précoce de la maladie ou cela laisse de la place pour d'autres médicaments novateurs plus récents. De plus, le budget libéré ne doit pas toujours être réinjecté dans le système global des soins de santé. Ainsi, une partie du budget peut être allouée à l'hôpital lui-même pour soutenir d'autres projets. Si on considère les 5 plus grands pays de l'UE, on voit que 44 % de patients supplémentaires ont eu accès à des produits biologiques depuis l'avènement des biosimilaires. Depuis leur introduction, les économies réalisées avoisinent 1,5 milliard d'euros en tout. Ce montant permet de rémunérer 40 000 infirmiers/-ères supplémentaires par an. **

Mylan
© Mylan

Défis pour la commercialisation... En Belgique, il est urgent de définir un plan d'action pour que l'accès aux biosimilaires soit sur un pied d'égalité avec les médicaments biologiques originaux

Cependant, la commercialisation ou l'utilisation des biosimilaires ne se fait pas toujours sans heurts, explique le Dr Giezeman. D'une part, la structure des soins de santé joue un rôle. Dans certains pays, on travaille avec des appels d'offres publics. Si un produit biologique précis est choisi, il occupera tout le marché. Lors de l'appel d'offres suivant, il se peut qu'on opte pour un autre produit. Dans ces pays, on passe donc régulièrement de l'original au biosimilaire et d'un biosimilaire à un autre. Mais il y a aussi des pays où ce sont les dispensateurs de soins qui décident quels produits biologiques ils utilisent. Dans ce cas, le choix d'un biosimilaire dépendra fortement de leur formation, de leur expérience et de leur motivation. En Belgique, les biosimilaires actuellement disponibles permettent déjà à l'INAMI de réaliser une économie annuelle de 271 millions d'euros.

Malgré tout, l'utilisation des biosimilaires est encore trop faible pour le moment : ainsi, la part de marché du biosimilaire de l'étanercept était inférieure à 6 % en 2018, alors qu'elle est supérieure à 75 % au Royaume-Uni3. Il est important d'améliorer la commercialisation et d'élargir l'utilisation. De plus, des enquêtes internationales montrent que de nouveaux biosimilaires sont en cours de développement pour 23 molécules, dans les années à venir. En 2018, les médicaments biologiques originaux ont généré un chiffre d'affaires de 448,2 millions d'euros sur le marché belge. Afin de pouvoir continuer à offrir des biosimilaires en Belgique, un cadre durable et prévisible est plus que jamais nécessaire pour les entreprises qui les commercialisent, afin que les biosimilaires et les médicaments de référence puissent être mis sur un pied d'égalité et qu'on puisse proposer une gamme plus large de médicaments de qualité pour les maladies chroniques graves.

Nous constatons également qu'en Belgique, l'attitude quelque peu attentiste à l'égard des biosimilaires commence à changer, mais que l'intérêt et l'utilisation ne sont pas du tout comparables à ce qu'on observe dans d'autres pays. Nous attendons dès lors avec impatience le rapport de la Task Force Biosimilars et les mesures que le gouvernement prendra à court et à long terme. Nous sommes prêts, conclut le Dr Vanlerberghe.

Références :

1.https://www.ema.europa.eu/en/documents/leaflet/biosimilars-eu-information-guide-healthcare-professionals_fr.pdf

2.https://ec.europa.eu/growth/content/commission-publishes-qa-biosimilar-medicines-patients_fr

3. https://www.medaxes.be/sites/default/files/inline-files/20190322_medaxes_memorandum_fr_final_2.pdf

*Medicines for Europe https://www.medicinesforeurope.com/wp-content/uploads/2016/09/Simon-Kucher-2016-Policy-requirements-for-a-sustainable-biosimilar-market-FINAL-report_for-publication.pdf (slide 72)

** Medicines for Europe. Country Specific Market Access Policies

*** The Biosimilars Council. New Frontier for Improved Access to medicines: Biosimilars & Interchangeable Biologic Products

Le développement d'un biosimilaire prend de nombreuses années, explique le Dr Giezeman. Comme pour tout produit biologique, il faut d'abord mettre au point le complexe processus de production. La preuve la plus importante pour démontrer la biosimilarité avec le médicament de référence vient d'une étude de qualité. Pour démontrer que la structure et l'activité biologique sont équivalentes, il faut effectuer jusqu'à 250 tests analytiques différents. Pour l'Agence européenne des Médicaments (EMA), la partie "qualité" du dossier est cruciale (voir figure 1). Ce n'est que lorsque la biosimilarité aura été démontrée à ce niveau que l'EMA acceptera le fait qu'aucune différence de sécurité et d'efficacité n'est escomptée. Les grandes études cliniques conduites avec le médicament de référence ne doivent dès lors pas être répétées. Les études précliniques et cliniques se concentrent ensuite surtout sur la démonstration de l'équivalence en termes d'efficacité et de sécurité. Dans l'étude de phase 3, cette équivalence est généralement démontrée pour une seule indication. Par la suite, il sera possible d'extrapoler à d'autres indications qui ont déjà été approuvées pour le produit de référence. Sur la base des données de l'industrie, l'investissement total s'élève à 150-300 millions d'euros, et il faut jusqu'à 9 ans pour développer un biosimilaire*. Pour soutenir les 20 biosimilaires actuellement présents dans le portefeuille et le pipeline de Mylan, 10 % des collaborateurs de Mylan travaillent dès lors en R&D.Large soutien pour les biosimilaires en EuropeÀ l'échelle mondiale, l'EMA a été le pionnier dans la conception du processus d'enregistrement des biosimilaires, poursuit le Dr Vanlerberghe. Depuis 2006, plus de 50 biosimilaires (situation en octobre 2018) ont été approuvés par la Commission européenne (CE). L'expérience (plus de 700 millions de jours-patients d'expérience clinique positive avec des médicaments biosimilaires ont été enregistrés en Europe depuis 2006)*** a entre-temps montré qu'ils sont tout aussi sûrs et efficaces que les médicaments de référence. En conséquence, l'utilisation des biosimilaires a gagné un soutien considérable dans l'UE, tant de la part de la Commission européenne / l'Agence européenne des Médicaments (EMA) que de diverses associations de professionnels de la santé. Deux exemples sont la brochure d'information destinée aux professionnels de la santé et le guide d'information du patient de la CE.1,2 Étant donné que le coût des biosimilaires est moindre, un budget important est libéré pour les soins de santé. Ceci peut être utilisé de différentes manières, explique le Dr Giezeman. Ainsi, davantage de patients peuvent avoir accès au produit biologique, on peut examiner si le produit biologique peut être instauré à un stade plus précoce de la maladie ou cela laisse de la place pour d'autres médicaments novateurs plus récents. De plus, le budget libéré ne doit pas toujours être réinjecté dans le système global des soins de santé. Ainsi, une partie du budget peut être allouée à l'hôpital lui-même pour soutenir d'autres projets. Si on considère les 5 plus grands pays de l'UE, on voit que 44 % de patients supplémentaires ont eu accès à des produits biologiques depuis l'avènement des biosimilaires. Depuis leur introduction, les économies réalisées avoisinent 1,5 milliard d'euros en tout. Ce montant permet de rémunérer 40 000 infirmiers/-ères supplémentaires par an. **Défis pour la commercialisation... En Belgique, il est urgent de définir un plan d'action pour que l'accès aux biosimilaires soit sur un pied d'égalité avec les médicaments biologiques originauxCependant, la commercialisation ou l'utilisation des biosimilaires ne se fait pas toujours sans heurts, explique le Dr Giezeman. D'une part, la structure des soins de santé joue un rôle. Dans certains pays, on travaille avec des appels d'offres publics. Si un produit biologique précis est choisi, il occupera tout le marché. Lors de l'appel d'offres suivant, il se peut qu'on opte pour un autre produit. Dans ces pays, on passe donc régulièrement de l'original au biosimilaire et d'un biosimilaire à un autre. Mais il y a aussi des pays où ce sont les dispensateurs de soins qui décident quels produits biologiques ils utilisent. Dans ce cas, le choix d'un biosimilaire dépendra fortement de leur formation, de leur expérience et de leur motivation. En Belgique, les biosimilaires actuellement disponibles permettent déjà à l'INAMI de réaliser une économie annuelle de 271 millions d'euros.Malgré tout, l'utilisation des biosimilaires est encore trop faible pour le moment : ainsi, la part de marché du biosimilaire de l'étanercept était inférieure à 6 % en 2018, alors qu'elle est supérieure à 75 % au Royaume-Uni3. Il est important d'améliorer la commercialisation et d'élargir l'utilisation. De plus, des enquêtes internationales montrent que de nouveaux biosimilaires sont en cours de développement pour 23 molécules, dans les années à venir. En 2018, les médicaments biologiques originaux ont généré un chiffre d'affaires de 448,2 millions d'euros sur le marché belge. Afin de pouvoir continuer à offrir des biosimilaires en Belgique, un cadre durable et prévisible est plus que jamais nécessaire pour les entreprises qui les commercialisent, afin que les biosimilaires et les médicaments de référence puissent être mis sur un pied d'égalité et qu'on puisse proposer une gamme plus large de médicaments de qualité pour les maladies chroniques graves.Nous constatons également qu'en Belgique, l'attitude quelque peu attentiste à l'égard des biosimilaires commence à changer, mais que l'intérêt et l'utilisation ne sont pas du tout comparables à ce qu'on observe dans d'autres pays. Nous attendons dès lors avec impatience le rapport de la Task Force Biosimilars et les mesures que le gouvernement prendra à court et à long terme. Nous sommes prêts, conclut le Dr Vanlerberghe.Références :1.https://www.ema.europa.eu/en/documents/leaflet/biosimilars-eu-information-guide-healthcare-professionals_fr.pdf 2.https://ec.europa.eu/growth/content/commission-publishes-qa-biosimilar-medicines-patients_fr3. https://www.medaxes.be/sites/default/files/inline-files/20190322_medaxes_memorandum_fr_final_2.pdf *Medicines for Europe https://www.medicinesforeurope.com/wp-content/uploads/2016/09/Simon-Kucher-2016-Policy-requirements-for-a-sustainable-biosimilar-market-FINAL-report_for-publication.pdf (slide 72) ** Medicines for Europe. Country Specific Market Access Policies*** The Biosimilars Council. New Frontier for Improved Access to medicines: Biosimilars & Interchangeable Biologic Products