Ce n'est désormais plus un jour - l'ultime de mai - qui est dédié au sevrage tabagique, mais bien le mois dans son entièreté depuis quelques années. Il faut dire que le défi est grand. Si arrêter de fumer est loin d'être une sinécure, se mettre en action en commençant par réfléchir à sa consommation, c'est déjà agir pour le Plan wallon sans tabac (PWST) qui, fort d'une dizaine de partenaires (dont l'Aviq, la SSMG ou encore l'Institut Jules Bordet) lance la troisième édition de sa campagne annuelle baptisée "Evuns" (pour "Ensemble vers un nouveau souffle").

Objectif: fournir un maximum d'outils et ressources, notamment aux professionnels de la santé, pour initier le changement. "Des formations en présentiel et en distanciel, des (idées d') activités qui peuvent être introduites dans notre calendrier ou encore nos 'fiches clés en main' disponibles sur le site www.evuns.be", rappelle Romina Loria, cheffe du service prévention tabac du Fares (Fonds des affections respiratoires) et représentante du PWST. La campagne, déjà présente sur Facebook et Instagram, s'étoffera cette année sur les réseaux sociaux avec des comptes TikTok et Threads, les jeunes demeurant une cible de choix pour les cigarettiers.

Sous couvert d'aider les fumeurs au sevrage, de nouveaux dérivés du tabac visent en réalité les ados pour les initier...

Un nouveau souffle... avec son Buddy

La philosophie d'Evuns se veut positive, encourageante et non jugeante. "Il faut être dur avec l'industrie du tabac et doux avec les fumeurs", glisse Sophie Adam, porte-parole de la Fondation contre le cancer qui, outre sa ligne Tabac Stop (0800 111 00), dispose désormais de sa campagne Buddy Deal pour encourager les fumeurs à arrêter grâce à l'aide d'un "buddy" (ami, famille, collègue). "Le tabac, ce sont 40 personnes qui meurent chaque jour, et pas seulement du cancer du poumon." Et de rappeler l'objectif de 'Générations sans tabac' à l'horizon 2037, qui vise à ce que plus aucun jeune ne commence à fumer.

Parmi les 20% de fumeurs actuels, neuf sur dix essaient d'arrêter sans l'aide d'un pro. Sachant que tenir bon 28 jours permet de quintupler ses chances de maintenir l'arrêt tabagique, la proposition de la Fondation de s'engager un mois avec son "buddy" fait sens. "Mais attention, on n'est pas dans Tournée minérale", pointe Sophie Adam. "Le but est de maintenir le sevrage sur le long terme. Fixer un mois paraît cependant plus tangible que de parler d'arrêt définitif." Ici aussi, du matériel est disponible (https://buddydeal.be/fr) pour les publics cibles (médecins, maisons médicales) comme des affiches, des brochures et même des capsules vidéo pour la salle d'attente.

Marketing fumeux

Poussée vers la sortie, l'industrie du tabac fait preuve de génie marketing pour revenir par la fenêtre. Elle décline une flopée de nouveaux produits du tabac pour séduire les jeunes, dérivés qui, présentés comme "plus responsables" ou "à risque réduit", peuvent donner l'illusion aux fumeurs invétérés d'une potentielle aide au sevrage. Comment démêler le vrai du faux devant un patient désireux d'arrêter qui voudrait s'aider d'une cigarette électronique? Que dire à une maman qui vient vous voir après avoir trouvé des sachets de nicotine dans le plumier de sa fille de 14 ans?

"Le puff est le mauvais élève mais heureusement, la législation est intervenue entre-temps avec une interdiction de vente au 1er janvier 2025", expliquent la Dre Natacha Gusbin, pneumologue tabacologue, et Adrien Meunier, infirmier tabacologue, tous deux de l'Hôpital Citadelle (Liège) qui propose une consultation spécifique au vapotage depuis cinq ans. Le puff, cigarette électronique jetable hautement dosée en nicotine, constitue une voie d'entrée royale vers le tabagisme et non une sortie de secours.

Le Conseil supérieur de la santé (CSS) a reconnu l'utilité de la e-cigarette dans le sevrage, mais tous les modèles ne se valent pas. À la version "Mod", les deux tabacologues préfèrent la "Pod", "une nouvelle arme au liquide moins chaud donc moins toxique, et avec une nicotine moins piquante et à des niveaux mieux adaptés au sevrage."

Le "tabac chauffé" devrait bientôt faire son apparition en Belgique. Sosie de l'e-cigarette, il provoque une combustion aux composés toxiques comme la cigarette classique. "La lame où l'on dépose le tabac montre d'ailleurs des taches de goudron après quelques usages", prévient Adrien Meunier.

Les sachets de nicotine, bien qu'interdits, circulent toujours... , Getty
Les sachets de nicotine, bien qu'interdits, circulent toujours... © Getty

Bien qu'interdits chez nous depuis octobre dernier, les "snus" circulent toujours, déclinés sous un packaging 'bonbons' pour attirer les plus jeunes: "Ces sachets de nicotine peuvent avoir un dosage de nicotine équivalent à cinq, voire dix cigarettes!", alerte la Dre Gusbin. Enfin, dernière trouvaille machiavélique, les "perles de nicotine", des billes sublinguales aromatisées, à la nicotine peu piquante (0,4 mg), déjà connues par 20% des ados français...

>> Ces nouveaux dérivés du tabac vous interpellent? Notez la date du 13 avril (9-11h) pour le webinaire interactif "Produits de nouvelles générations : de la théorie à la pratique... Quel(s) produit(s) pour quel(s) patient(s) ?" donné par Adrien Meunier via Zoom (un replay sera disponible, inscription via www.evuns.be - Espace professionnel, Se former).

Ce n'est désormais plus un jour - l'ultime de mai - qui est dédié au sevrage tabagique, mais bien le mois dans son entièreté depuis quelques années. Il faut dire que le défi est grand. Si arrêter de fumer est loin d'être une sinécure, se mettre en action en commençant par réfléchir à sa consommation, c'est déjà agir pour le Plan wallon sans tabac (PWST) qui, fort d'une dizaine de partenaires (dont l'Aviq, la SSMG ou encore l'Institut Jules Bordet) lance la troisième édition de sa campagne annuelle baptisée "Evuns" (pour "Ensemble vers un nouveau souffle"). Objectif: fournir un maximum d'outils et ressources, notamment aux professionnels de la santé, pour initier le changement. "Des formations en présentiel et en distanciel, des (idées d') activités qui peuvent être introduites dans notre calendrier ou encore nos 'fiches clés en main' disponibles sur le site www.evuns.be", rappelle Romina Loria, cheffe du service prévention tabac du Fares (Fonds des affections respiratoires) et représentante du PWST. La campagne, déjà présente sur Facebook et Instagram, s'étoffera cette année sur les réseaux sociaux avec des comptes TikTok et Threads, les jeunes demeurant une cible de choix pour les cigarettiers. La philosophie d'Evuns se veut positive, encourageante et non jugeante. "Il faut être dur avec l'industrie du tabac et doux avec les fumeurs", glisse Sophie Adam, porte-parole de la Fondation contre le cancer qui, outre sa ligne Tabac Stop (0800 111 00), dispose désormais de sa campagne Buddy Deal pour encourager les fumeurs à arrêter grâce à l'aide d'un "buddy" (ami, famille, collègue). "Le tabac, ce sont 40 personnes qui meurent chaque jour, et pas seulement du cancer du poumon." Et de rappeler l'objectif de 'Générations sans tabac' à l'horizon 2037, qui vise à ce que plus aucun jeune ne commence à fumer. Parmi les 20% de fumeurs actuels, neuf sur dix essaient d'arrêter sans l'aide d'un pro. Sachant que tenir bon 28 jours permet de quintupler ses chances de maintenir l'arrêt tabagique, la proposition de la Fondation de s'engager un mois avec son "buddy" fait sens. "Mais attention, on n'est pas dans Tournée minérale", pointe Sophie Adam. "Le but est de maintenir le sevrage sur le long terme. Fixer un mois paraît cependant plus tangible que de parler d'arrêt définitif." Ici aussi, du matériel est disponible (https://buddydeal.be/fr) pour les publics cibles (médecins, maisons médicales) comme des affiches, des brochures et même des capsules vidéo pour la salle d'attente. Poussée vers la sortie, l'industrie du tabac fait preuve de génie marketing pour revenir par la fenêtre. Elle décline une flopée de nouveaux produits du tabac pour séduire les jeunes, dérivés qui, présentés comme "plus responsables" ou "à risque réduit", peuvent donner l'illusion aux fumeurs invétérés d'une potentielle aide au sevrage. Comment démêler le vrai du faux devant un patient désireux d'arrêter qui voudrait s'aider d'une cigarette électronique? Que dire à une maman qui vient vous voir après avoir trouvé des sachets de nicotine dans le plumier de sa fille de 14 ans? "Le puff est le mauvais élève mais heureusement, la législation est intervenue entre-temps avec une interdiction de vente au 1er janvier 2025", expliquent la Dre Natacha Gusbin, pneumologue tabacologue, et Adrien Meunier, infirmier tabacologue, tous deux de l'Hôpital Citadelle (Liège) qui propose une consultation spécifique au vapotage depuis cinq ans. Le puff, cigarette électronique jetable hautement dosée en nicotine, constitue une voie d'entrée royale vers le tabagisme et non une sortie de secours. Le Conseil supérieur de la santé (CSS) a reconnu l'utilité de la e-cigarette dans le sevrage, mais tous les modèles ne se valent pas. À la version "Mod", les deux tabacologues préfèrent la "Pod", "une nouvelle arme au liquide moins chaud donc moins toxique, et avec une nicotine moins piquante et à des niveaux mieux adaptés au sevrage." Le "tabac chauffé" devrait bientôt faire son apparition en Belgique. Sosie de l'e-cigarette, il provoque une combustion aux composés toxiques comme la cigarette classique. "La lame où l'on dépose le tabac montre d'ailleurs des taches de goudron après quelques usages", prévient Adrien Meunier. Bien qu'interdits chez nous depuis octobre dernier, les "snus" circulent toujours, déclinés sous un packaging 'bonbons' pour attirer les plus jeunes: "Ces sachets de nicotine peuvent avoir un dosage de nicotine équivalent à cinq, voire dix cigarettes!", alerte la Dre Gusbin. Enfin, dernière trouvaille machiavélique, les "perles de nicotine", des billes sublinguales aromatisées, à la nicotine peu piquante (0,4 mg), déjà connues par 20% des ados français...