L'homme se noie et, sur les rives glacées, un autre homme impuissant le regarde, il ne sait pas nager, il a le coeur fragile, il est seul et cherche du regard une perche, une corde, une idée géniale. Il lui parle, évoque les secours qui ne sauraient tarder, mais arriveront trop tard. Une souffrance se termine, une autre commence car rien n'enlèvera jamais la honte d'un regard implorant qu'on n'a pu aider.

J'appréciais le journal télévisé, pause paisible à la fin de journées professionnellement chargées, et soudain je ne m'y retrouve guère.

Comment ne pas se projeter dans le récit de cet innocent coupable, nauséeux à la vision des images d'Ukraine tout en taillant le saucisson du repas du soir, toutes nos certitudes antérieures battues en brèche par l'incompréhension et une anxiété de ne pas cerner la fin de l'histoire. J'appréciais le journal télévisé, pause paisible à la fin de journées professionnellement chargées, et soudain je ne m'y retrouve guère.

Quelques jours de vacances, la vacuité des heures laissant tout l'espace disponible pour que s'y déploient sans aucune limite les images de l'horreur, le contraste entre la beauté des paysages et la laideur des faits de guerre, entre des soucis de vacancier et l'incertitude de réfugiés, m'ont fait découvrir qu'aucune angoisse existentielle ne résiste à l'occupation de l'esprit par la résolution des problèmes réels et quotidiens de nos semblables proches, parents, patients, voisins. Les mains dans le cambouis de la petite misère comme antidote à une anxiété incontrôlée en écoutant le bruit du monde ?

Une journée se termine emplie de questions sans réponse. Demain on reprend les appels téléphoniques, on répond aux mails, on traquera à nouveau un virus insaisissable, les aiguilles de la montre tourneront à nouveau deux fois plus vite, une façon comme une autre de tenter d'oublier l'Ukraine qui se noie ?

L'homme se noie et, sur les rives glacées, un autre homme impuissant le regarde, il ne sait pas nager, il a le coeur fragile, il est seul et cherche du regard une perche, une corde, une idée géniale. Il lui parle, évoque les secours qui ne sauraient tarder, mais arriveront trop tard. Une souffrance se termine, une autre commence car rien n'enlèvera jamais la honte d'un regard implorant qu'on n'a pu aider. Comment ne pas se projeter dans le récit de cet innocent coupable, nauséeux à la vision des images d'Ukraine tout en taillant le saucisson du repas du soir, toutes nos certitudes antérieures battues en brèche par l'incompréhension et une anxiété de ne pas cerner la fin de l'histoire. J'appréciais le journal télévisé, pause paisible à la fin de journées professionnellement chargées, et soudain je ne m'y retrouve guère. Quelques jours de vacances, la vacuité des heures laissant tout l'espace disponible pour que s'y déploient sans aucune limite les images de l'horreur, le contraste entre la beauté des paysages et la laideur des faits de guerre, entre des soucis de vacancier et l'incertitude de réfugiés, m'ont fait découvrir qu'aucune angoisse existentielle ne résiste à l'occupation de l'esprit par la résolution des problèmes réels et quotidiens de nos semblables proches, parents, patients, voisins. Les mains dans le cambouis de la petite misère comme antidote à une anxiété incontrôlée en écoutant le bruit du monde ?Une journée se termine emplie de questions sans réponse. Demain on reprend les appels téléphoniques, on répond aux mails, on traquera à nouveau un virus insaisissable, les aiguilles de la montre tourneront à nouveau deux fois plus vite, une façon comme une autre de tenter d'oublier l'Ukraine qui se noie ?