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La surconsommation de benzodiazépines et médicaments apparentés ("Z-drugs") constitue un réel problème en Belgique, depuis des années. Notre pays détient d'ailleurs de tristes records de consommation. En 2021 par exemple, les pharmacies belges ont délivré 400 millions de doses de benzos, soit "une consommation quotidienne moyenne d'environ 1,1 million de doses", rappelle l'APB.On le sait, la dépendance physique et mentale que ces médicaments entraînent devrait limiter leur recours à des situations exceptionnelles. C'est ainsi qu'est née, il y a tout juste un an, l'idée d'un accompagnement au sevrage progressif, par paliers, via les pharmaciens (libres de proposer ce service), qui y contribuent avec des conseils et en réalisant éventuellement des préparations magistrales remboursées. Le ministre fédéral de la Santé et l'Inami avaient dégagé le budget nécessaire au démarrage de cette initiative qui, un an plus tard, s'avère un franc succès: depuis sa mise en place le 1er février 2023, plus de 2.000 pharmacies assurent le suivi de plus de 5.500 patients. "Compte tenu des premières évaluations positives, un budget supplémentaire a déjà été prévu jusqu'à la fin du mois d'août 2024", annonce l'APB."Ce nouveau service en pharmacie dépasse largement les attentes", explique Michael Storme, vice-Président de l'APB, dans un communiqué envoyé à l'occasion du premier 'anniversaire' de cette campagne. "Près d'une pharmacie sur deux accompagne au moins un patient. Cela montre non seulement l'importance d'un tel service - les besoins en la matière sont effectivement énormes -, mais aussi que sa mise en oeuvre est vraiment nationale, le service n'est pas limité à certaines régions. "Toujours selon l'association pharmaceutique, 105 nouveaux programmes de sevrage sont entamés chaque semaine, un nombre plus ou moins stable. La plupart des médecins prescrivent un programme long, avec sevrage lent, dont on sait que les chances de succès sont plus élevées. Pour avoir une idée de l'efficacité réelle de cette action, il faudra attendre l'heure du bilan. "Des recherches internationales ont déjà montré que le taux de réussite de ce type de plan de sevrage varie entre 40 et 65 %, en fonction de la situation personnelle du patient et de sa consommation médicamenteuse", souligne l'APB.Pour rappel, les préparations de sevrage ne sont disponibles que sur prescription médicale et sont adaptées aux besoins du patient. Tant ces préparations que l'accompagnement par le pharmacien sont remboursés par l'Inami, le patient paie la boîte du somnifère qu'il prenait et que le pharmacien utilise pour réaliser ses préparations. Au-delà de la motivation du patient, la relation entre le médecin prescripteur, le pharmacien et éventuellement un psychologue qui vont accompagner ce patient est essentielle à la réussite du sevrage. " La collaboration entre le médecin et le pharmacien est importante pour la réussite du patient en phase de sevrage", précise Michael Storme. "Le médecin va motiver son patient et lui prescrire un programme adapté. Le pharmacien - en tant que " coach santé " proche et accessible - va accompagner et suivre activement le patient tout au long du programme de sevrage. Si nécessaire, il pourra également l'orienter vers un psychologue de première ligne pour une aide supplémentaire. C'est un peu comme pour la cessation tabagique : il est très difficile de s'en sortir seul. Mais un sevrage progressif, accompagné, permet d'obtenir des résultats. "Le programme est accessible à toute personne adulte ne résidant pas en maison de repos ou autre institution, et qui consomme de manière chronique un (seul) somnifère (benzodiazépine ou Z-drug) depuis au moins trois mois. Il est toujours initié par une prescription du médecin. Il existe trois schémas de sevrage possibles (en 5, 7 ou 10 paliers de 10, 20 ou 30 jours). Le médecin détermine avec son patient la 'vitesse' de son sevrage et peut également, si le patient en ressent le besoin, prescrire deux paliers de stabilisation pour 'ralentir' le programme. Le programme le plus rapide prévoit un sevrage en 50 jours, le plus lent s'étend sur 360 jours.