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"Nous avons accueilli 23 victimes à l'hôpital de à Neder-Over-Heembeek, brûlés à des degrés divers. La plus sévère, un enfant âgé de 12 ans, était brûlée sur 40% du corps, mais la moyenne oscillait entre 8 ou 10%. Les patients souffraient également de lésions dues au polycriblage, résultant de la projection de toute sorte d'objets sur le lieu de l'explosion. On n'avait jamais vu ça en Belgique... C'est plutôt le genre de scènes de guerre que nos médecins militaires observent en Afghanistan", témoigne Serge Jennes, anesthésiste-réanimateur, spécialiste des grands brûlés.Les brûlures constituent souvent les traumatismes les plus sévères endurés pour l'homme. Elles se doublent d'une souffrance intense. "Ces plaies nécessitent des greffes et des séjours longues durées à l'hôpital. Il faut compter en moyenne un à deux jours d'hospitalisation par pourcentage de peau brûlée", poursuit Serge Jennes. "Les cicatrices ont un impact psychologique certain et les patients doivent porter des vêtements compressifs qui exercent une pression sur la peau 23 heures sur 24 pendant un à deux ans". Les plaies récidivantes et les démangeaisons sont légion.D'un point de vue professionnel mais aussi personnel, le handicap est persistant: "un tout grand brûlé ne transpire plus, donc on contrindiquera tout travail exercé dans une atmosphère très chaude", pointe encore le médecin anesthésiste"Ce sont des martyrs comparés à d'autres traumas", résume-t-il enfin.Les sujets les plus sévèrement atteints devront passer par des services de revalidation et de réadaptation. "Nous intervenons après la vague des sauveteurs, des services d'urgence, des urgentistes,... On va aider les personnes à se réinsérer dans la société. On ne pourra pas les guérir mais les soigner le mieux possible, à l'aide d'une équipe pluridisciplinaire", explique Thierry Lejeune, médecin spécialiste en médecine physique et réadaptation.De nombreuses victimes des attentats ont par ailleurs souffert de troubles ou lésions auditives, à la suite des explosions (effet de souffle, le "blast") responsables de cas de surdité, de pertes d'équilibre, d'instabilité à la marche, d'acouphènes, d'hyperacousie et d'autres maux aux séquelles très handicapantes et souvent définitives, pour lesquels les traitements sont limités et restent - pour certains - encore à un stade expérimental, selon Gérald Van Geert, expert ORL en dommages corporels.Si pendant l'hospitalisation, la sécurité sociale prend en charge une bonne partie des frais médicaux, plusieurs coûts devront ensuite être assumés par le patient au fil de sa rééducation (déplacements, bandages, prothèses auditives,...), indiquent les praticiens. Le chemin vers une forme de guérison peut durer des années voire toute une vie, concluent-ils.BELGA