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Puissance du top-down et faiblesse du bottom-upLa puissance politique des mutuelles contraste avec les difficultés des médecins et des autres praticiens à se faire entendre des autorités ( lire jdM du 14 octobre 2021 n° 2688). Mais c'est assez normal car dès leurs origines comme sociétés de secours mutuel, les organismes assureurs (OA) rêvaient d'un projet politique au service de la solidarité. Objectif aujourd'hui largement atteint et consolidé par leur Pacte d'avenir. Il a été conçu au sommet de l'État en 2016, avec la ministre des Affaires sociales et de la Santé. Six axes de modernisation servent d'appuis aux missions des OA: information et coaching, connaissances et stratégie, contrôle et efficacité, médecins conseils, assurance obligatoire, gouvernance et transparence. Ils se plantent directement sur le terrain des contacts entre malades et médecins. L'armature des soins de santé inscrite dans les textes vient davantage des mutuelles que des professionnels de la santé! Ces derniers se plaignent donc souvent de l'excès de pouvoir des bureaucraties mutuellistes. Celles-ci se sentent comme poissons dans l'eau des méandres institutionnels belges. Les blouses blanches par contre, manquant de temps pour la politique, la subissent et s'en plaignent. Pour ne pas subir, il faut cesser de se plaindre et prendre des initiatives afin de redonner du tonus à l'influence politique légitime des praticiens. Dans ce but, je propose de réfléchir aux aptitudes relationnelles des médecins avec toutes les parties prenantes du système, en partant des premiers concernés: les malades. Le pacte d'avenir des médecins: un socle pour le système des soins de santé Contrairement au pacte d'avenir des mutuelles, conçu en haut, le pacte d'avenir des médecins se fonde dans le concret des pratiques. Seul un pacte d'avenir avec les malades peut soutenir un pacte d'avenir avec les autorités.Les relations avec les maladesFini le temps du paternalisme médical. Si le médecin reste l'expert, les patients se comportent de plus en plus comme des clients soucieux de recevoir des explications et de décider. Les mutuelles informent et coachent leurs membres? Fort bien! A nous de le faire pour chaque malade et ses proches et, comme les mutuelles, d'obtenir une valorisation financière substantielle de cette mission. D'emblée, cette idée nous oblige à étendre le pacte à d'autres que les médecins, au personnel nous aidant à informer les patients. Les relations entre médecins de pratiques et de spécialités différentesLa multiplication des techniques et le recul de la clinique ont modifié les rapports entre médecins. Il faudra réfléchir aux nécessaires équilibres entre ces deux aspects également essentiels de la médecine. Autre cause de changement: l'informatisation du dossier et du courrier médical et le foisonnement des données. Vaste sujet auquel plusieurs articles seront consacrés. Les rapports entre médecins généralistes et médecins spécialistes feront aussi l'objet d'une grande attention. Les relations entre médecins, personnel infirmier, kinésithérapeutes et autres soignantsDans beaucoup d'hôpitaux une évolution marquante a donné de grandes responsabilités aux cadres infirmiers. Ainsi, les directions des services cliniques associent souvent un responsable médical et un responsable infirmier. La coordination d'expertises pointues, d'aides logistiques et de fonctions généralistes autour des malades doit s'améliorer sans se bureaucratiser. Le défi de la représentation politique des médecins et des autres praticiensAu-delà du socle, il faudra voir comment résoudre le manque du temps pour une représentation efficace des praticiens. La qualité des soins, leur valorisation financière et leur accessibilité restent un chantier stratégique à relever par tous les médecins amoureux de leur formidable métier. Tout au long de la série, une remise en question nuancée mais résolue du fonctionnement actuel des organisations médicales représentatives devra être osée. Les idées publiées dans le jdM, que je remercie, n'engagent que moi, mais je les lance à tous les praticiens et aux organisations ambitionnant de les représenter. Voilà le programme.