...

Avec l'initiative FairFarma, des mutuelles, des syndicats et des ONG lancent aujourd'hui conjointement un appel au gouvernement belge et au ministre de la Santé pour qu'ils oeuvrent à une politique du médicament plus juste et plus transparente à l'échelle européenne.européenne. "En Belgique et en Europe, la politique en matière de médicaments se trouve à un moment clé. Les prix augmentent, les budgets sont sous pression et les pénuries se multiplient", soulignent les signataires, dont la Mutualité chrétienne et Solidaris. "Si nous n'agissons pas, l'accès aux médicaments sera de plus en plus menacé."Dans une lettre ouverte, FairFarma formule huit revendications prioritaires visant à améliorer l'accessibilité financière et la disponibilité des médicaments. Il est demandé au gouvernement de profiter de la prochaine présidence du Conseil européen pour mettre ces propositions concrètes à l'ordre du jour. L'initiative souligne que l'enjeu du secteur pharmaceutique est également un enjeu de solidarité internationale. Les prix élevés des médicaments et l'interdiction de produire localement certains médicaments protégés par des brevets génériques privent des milliards de patients de certains médicaments. Parmi les revendications, les organisations demandent à ce que les prix des médicaments soient négociés sur base du modèle du "fair price" développé par l'Association internationale de la mutualité (AIM). Ce modèle, appliqué à l'échelle européenne, fixe un prix des médicaments plus juste pour les patients tout en garantissant des marges raisonnables pour le secteur pharmaceutique. " Il est temps de tirer fermement la sonnette d'alarme face à l'explosion déraisonnée des prix des médicaments, engendrée par une industrie pharmaceutique avide de toujours plus de profits. C'est une question de justice sociale : on ne peut pas accepter qu'un tiers de la population ait du mal à se soigner et que d'autre part l'industrie pharmaceutique réalise des profits records sur le dos des patients et des systèmes de sécurité sociale des Etats. Il faut mener ce débat conjointement au niveau de l'Etat belge et de l'Union européenne ", souligne Jean-Pascal Labille, Secrétaire général de Solidaris. Les acteurs s'accordent sur la nécessité de mettre fin à l'opacité grandissante dans les négociations des prix des médicaments. L'Union européenne doit s'engager à travailler fermement pour plus de transparence de l'industrie pharmaceutique concernant les coûts de recherche et de production des médicaments. C'est pourquoi FairFarma exige la fin des contrats secrets entre les Etats et les firmes pharmaceutiques. De tels contrats portent atteinte à la solidarité européenne en interdisant l'échange d'informations sur le prix pratiqué dans d'autres Etats membres et empêchent le contrôle démocratique de nos élus. En 2020, en Belgique, 22% du budget total pour le remboursement des médicaments a été utilisé pour des médicaments en contrats secrets alors que ce n'était que 2% en 2013. FairFarma plaide ainsi pour que les Etats reprennent le contrôle sur l'explosion des prix des médicaments. " Aujourd'hui, on évalue le prix des médicaments sur base de la valeur du médicament pour le patient. Mais comment voulez-vous évaluer le prix d'une vie ? Nous voulons que le prix des médicaments soit lié à des critères objectifs comme les coûts réels pour l'industrie. Pour ça, il faut exiger la transparence du secteur. Nous remboursons les médicaments et promouvons la recherche avec de l'argent public, il est donc essentiel de garantir la transparence. ", explique Claude Rollin, Président de la mutualité chrétienne.Les signataires, parmi lesquels on retrouve également plusieurs ONG telles que CNCD-11.11.11, Oxfam et Médecins du Monde, insistent en outre sur la disponibilité continue des médicaments et appellent à sanctionner les entreprises qui ne sont pas en mesure de justifier pourquoi elles ne peuvent ou ne souhaitent plus fournir un médicament de manière temporaire ou définitive.