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Le cahier de revendications de la Mutualité Chrétienne est le fruit d'un travail collectif qui a impliqué 1.500 volontaires. Il a, de plus, fait l'objet d'un consensus tant du côté francophone de la mutualité que du côté néerlandophone. "Dans une société où les polarisations fleurissent, il est nécessaire de travailler à la mise en oeuvre d'un pacte social qui place l'humain et la planète au centre", a souligné Claude Rolin, président des Mutualités Chrétiennes francophone et germanophone. Ce dernier a exhorté les politiques à embrasser une vision plus large de la santé. À ses yeux, chaque ministre devrait être compétent sur les enjeux de santé publique.Le premier axe s'articule autour de la réduction des inégalités de santé. La MC propose, à cet égard, de porter les indemnités et allocations minimales à 10% au-dessus du seuil de pauvreté ou de les calculer sur base de budgets de référence par situation de vie et type de famille. Elle demande également d'augmenter le budget de la prévention par étapes pour atteindre au moins la moyenne européenne de 3% des dépenses en soins de santé en Belgique, ce qui équivaut 500 millions d'euros en plus.La MC souligne en particulier l'importance de la santé mentale. Elle suggère, pêle-mêle, de renforcer la recherche en santé mentale, d'étoffer l'offre de santé mentale dans chaque région de notre pays et de revoir "radicalement" la relation entre le travail et l'éducation des enfants, en portant progressivement le congé de naissance à un an comme un droit. "Les récentes économies concernant le crédit-temps pour la garde des jeunes enfants devraient être annulées", estime l'organisation.Sur le plan environnemental, la MC appelle à mener des politiques qui tiennent compte de la résilience de notre milieu. "Cela demandera des efforts sur tous les fronts, de l'industrie à l'agriculture, en passant par l'aménagement du territoire, la mobilité, l'énergie ou les soins de santé". Parmi les doléances rassemblées sur cet aspect-là, on retrouve la réduction de la vitesse sur les autoroutes à 100 kilomètres par heure, l'établissement d'un bilan carbone pour chaque institution de soins ou encore une diminution de plus de moitié de l'utilisation des engrais et des pesticides d'ici 2030.Autre pierre d'achoppement, le bien-être au travail. La MC constate que les efforts actuels se concentrent principalement sur le retour au travail des personnes malades, alors qu'il est important de prévenir l'incapacité de travail. Elle recommande d'augmenter par obligation la fréquence des analyses et plans d'action en matière de réduction des risques psychosociaux en entreprise.La MC plaide pour un modèle d'aide et de soins qui place la personne au centre. Elle propose d'organiser l'aide et les soins de première ligne de manière à ce qu'ils soient proches des personnes, intégrées dans les quartiers et contribuent aux objectifs de (soins de) santé. Elle demande également d'élaborer un plan d'action interfédéral pour remédier à la pénurie dans les métiers de l'aide et des soins. L'organisation souhaiterait qu'une assurance autonomie soit instaurée, afin de rendre les soins aux personnes en perte d'autonomie, ainsi qu'aux personnes âgées ou porteuses d'un handicap, plus accessibles.Pour la MC, il convient en outre de réformer les hôpitaux. À l'avenir, ceux-ci devront être flexibles, miser davantage sur l'hospitalisation de jour et évoluer vers des centres de soins spécialisés. Les compétences et l'expertise en matière de maladies rares et/ou d'interventions complexes doivent être concentrées dans des centres de référence afin d'offrir les meilleurs soins aux patients et aux patientes.Enfin, il est primordial, selon l'organisation, de valoriser le rôle des mutualités. Car à l'avenir, ces dernières deviendront "pour beaucoup de personnes le point de repère pour toutes leurs demandes de santé, d'aide et de soins". La MC suggère dès lors de valoriser leur fonction de signal pour définir des politiques de santé publique et des objectifs en matière de santé. Il faut également renforcer le rôle des mutualités santé au niveau régional ainsi que le modèle de cogestion de la politique de santé publique et de gestion paritaire de la politique des soins de santé. "Leur expertise et leur vision large à travers les niveaux de pouvoir représentent une valeur ajoutée absolue pour la politique", conclut-elle.BELGA