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MSF est "né" en 1971 pendant la " guerre du Biafra " (Nigéria) qui fit deux millions de morts de faim d'une idée de quelques médecins de la Croix-Rouge française " qui ne peuvent plus se taire ". Dès cette date, le leitmotiv ne changera plus : soigner mais aussi dénoncer certains régimes politiques qui provoquent les situations d'urgence médicale.Quatre ans plus tard, en 1975, MSF lance son premier programme " d'envergure " de soins médicaux aux habitants qui fuient le régime génocidaire khmer rouge de Pol Pot, essentiellement des kits standards et des guidelines.C'est vers 1976, que MSF met le pied à des interventions dans un contexte de conflit. " Au Liban, nous soignons des patients tels que blessés par balles (et grenades) pendant huit ans, personnes atteintes de fractures aux membres et de brûlures. Nous travaillons de manière simple : pas de radiographies, pas de respirateurs, pas de transfusions sanguines... "MSF avait démarré avec une famine en 1971. Rebelote en 1984 avec la " célèbre " famine d'Ethiopie qui tua environ 400.000 personnes. Tout en soignant les populations, l'ONG dénonce " les pratiques honteuses liées au gouvernement dont elle est le témoin ".C'est en 1988 que MSF gérera pour la première fois une catastrophe naturelle : le tremblement de terre de Spitak (Arménie) au cours duquel 50.000 personnes perdent la vie. Près de 500.000 nécessitent une aide humanitaire.L'aide humanitaire n'est pas de tout repos. En 1991, une guerre civile ravage la Somalie (300.000 morts). Les équipes de MSF doivent être protégées par des escortes armées, d'autant que MSF alerte la communauté internationale." De 1992 à 1995, nous déployons nos équipes en Bosnie, où la guerre civile bat son plein. Les mesures de sécurité sont exceptionnelles : nous travaillons avec des gilets pare-balles et des casques, et nous nous déplaçons en véhicule blindé. Avant et après le génocide de Srebrenica, nos équipes - nous étions la seule organisation d'aide humanitaire sur place - témoignent des atrocités commises sur le terrain. "MSF sera également une des rares organisations humanitaires présentes au Rwanda pendant et après le génocide de 1994.Contrairement à, par exemple, Médecins sans vacances, qui se garde de faire de la politique, MSF était réputée à l'époque pour pousser des gueulantes. C'est le cas en 1994, année où l'organisation dénonce la " partialité " de l'ONU et en particulier de l'UNICEF et du Programme alimentaire mondial ". " Ces organisations ne viennent pas en aide aux plus vulnérables mais soutiennent le pouvoir en place ", précisait fin décembre l'organisation.Au 21e siècle alors que le VIH est hélas solidement implanté dans de nombreux pays en voie de développement, MSF commence, dès 2001 à mettre sous traitement antirétroviral des patients séropositifs dans sept pays. Trois ans plus tard, c'est le Tsunami sud-est asiatique qui frappe notamment la Thaïlande mais l'intervention de MSF est de courte durée l'obligeant à informer les nombreux donateurs de mettre fin à leur obole car la catastrophe ne révèle pas de besoins spécifiques. En revanche, l'ONG sera bien active lors du tremblement de terre qui détruisit Haïti en 2010 et plus précisément contre l'épidémie de choléra qui fait suite à la destruction de nombreuses infrastructures. " Au total, nous prendrons en charge plus de 100.000 patients, accueillis dans 50 centres de traitement du choléra dans tout le pays. " En 2011, en revanche, MSF doit quitter les régions syriennes tombées aux mains de l'Etat islamique.Tout au long de la décennie 2000-2010, MSF déploiera notamment 4.000 collaborateurs contre l'épidémie d'Ebola en Guinée et au Sierra Leone qui touche même des collaborateurs de l'organisation. En 2016, " pour protester contre l'accord conclu entre l'Union européenne et la Turquie sur la migration et ses conséquences inhumaines dont nous sommes les témoins dans les camps de réfugiés, nous décidons de ne plus accepter d'aide financière européenne. Nous continuons de prêter assistance aux réfugiés, migrants et demandeurs d'asile aux portes de l'Europe - nous opposant ainsi à la politique européenne. Nous concentrons notre aide sur la Grèce, la Méditerranée, les Balkans, la Libye, le Liban, etc. ".Enfin, en 2020, MSF s'implique en Europe et sur plusieurs continents (35 pays en tout) dans la lutte contre l'épidémie de Covid-19 " en ouvrant des centres d'isolement et des services de soins intensifs, en prêtant main forte pour la vaccination et en fournissant de l'oxygène et du personnel ou dispensons des formations sur la prévention de l'infection ".MSF suit une ligne de conduite figurant dans une charte éthique qui pour l'essentiel, l'autorise à " apporter des secours aux populations en détresse, aux victimes de catastrophes d'origine naturelle ou humaine, de situation de belligérance, sans aucune discrimination d'origine, de religion, de philosophie ou de politique ". OEuvrant " dans la neutralité et en toute impartialité ", MSF " revendique, au nom de l'éthique médicale universelle et du droit à l'assistance humanitaire, la liberté pleine et entière de l'exercice de leur fonction. Les collaborateurs de MSF s'engagent à respecter les principes déontologiques de leur profession et à maintenir une totale indépendance à l'égard du pouvoir, ainsi que de toute force politique, économique ou religieuse. "Une profession de foi de plus en plus difficile à assumer alors que les ONG sont de plus en plus criminalisée par les pouvoirs en place, y compris en Europe. " Parler, dénoncer, témoigner n'est plus aussi évident qu'au moment de la création de MSF. Et il nous faut souvent choisir entre " témoigner " ou " soigner ", car les deux ne sont pas toujours compatibles aux yeux des autorités. Le " témoignage " pouvant dès lors mettre à mal nos interventions médicales. "