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" Le débat autour des pratiques de soins non conventionnelles donne lieu de longue date à des positions très polarisées: certains vantent les miracles de certaines thérapies sans éléments de preuve, les autres s'érigent avec force contre toute tentative d'intrusion de la 'fausse médecine' dans la 'vraie médecine'. Les patients ont régulièrement recours à ces thérapies, et ce, en dépit des avancées scientifiques de la médecine dite conventionnelle, et malgré le fait que l'efficacité de ces thérapies semble peu prouvée, que les théories qui les sous-tendent ne sont pas validées scientifiquement et que certaines peuvent comporter des risques de dérives ", explique Fabrice Berna, professeur de psychiatrie à l'Université de Strasbourg, chef du service de psychiatrie des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, chercheur à l'Inserm et vice-président formation du Collège universitaire de médecines intégratives et complémentaires (Cumic).Fabrice Berna est l'orateur principal du débat qui aura lieu le 1er février prochain au CHU Helora (Hôpital de Mons - site Kennedy). L'occasion de clarifier les définitions de la médecine conventionnelle et non conventionnelle, mais aussi de se pencher plus spécifiquement sur les enjeux éthiques de la liberté de choix des traitements posée par ces pratiques non conventionnelles, de la communication transparente sur les intérêts et les risques de ces approches." Fabrice Berna s'intéresse aux médecines non conventionnelles car il est confronté, comme beaucoup de médecins, à des patients qui ont recours à ce type de pratiques ", explique le Dr Abdelhamid Lalaoui. " L'idée n'est pas de faire l'apologie des médecines non conventionnelles, mais de mieux les comprendre pour proposer une approche scientifique validée, centrée sur le patient avec une vision pluridisciplinaire. "C'est l'ouverture qui a guidé le Dr Lalaoui à aborder cette thématique. " Il faut rester à l'écoute du patient. Il ne faut pas que ce dernier n'ose pas aborder qu'il a recours à la médecine non conventionnelle, sinon, on passe à côté de quelque chose. Nous devons nous centrer sur l'humain au-delà de ses composantes strictement médicales. Un patient est plus qu'un agglomérat de chiffres ou un organe à traiter. Le social, le mental, le spirituel sont d'autres composantes également intéressantes, sinon essentielles, à aborder. "Le médecin est conscient de la critique et du rejet de ces pratiques par la majorité de ses confrères. " Mais est-ce que l'on connaît suffisamment ces pratiques ? Est-ce qu'on les a étudiées ? On ne peut pas se permettre de critiquer sans connaître. Est-ce finalement éthique de ne pas accepter des pratiques qui peuvent aider le patient à aller mieux ? ", questionne le néphrologue.Le débat se veut ouvert à tout public, mais s'adresse avant tout aux soignants et abordera la thématique sous un angle éthique et scientifique. " J'aimerais que des professionnels puissent assister à la conférence et qu'une cellule se mette en place, à l'instar de la France ou de la Suisse, pour mieux connaître ces tendances et pourquoi elles ont tant de succès. Cela permettra aussi de combattre le charlatanisme et les dérives. C'est la raison pour laquelle nous avons fait appel à Fabrice Berna qui est un scientifique. "