Le journal du Médecin : Les biologistes cliniciens se sont plaints de la disparité des statuts imposés et des conditions globalement défavorables par rapport aux autres hôpitaux académiques du pays. Les choses évoluent-elles positivement ?

Anne Janssen : Il faut, pour comprendre cette problématique, comprendre la situation complexe du LHUB. Nous n'avons pas de statut juridique propre. Nous sommes une association de fait, une association de service au sens de la Loi des hôpitaux. Nous relevons donc encore de chaque hôpital. Et les biologistes cliniciens relèvent donc des cinq hôpitaux associés au sein du LHUB.

Chez nous, les biologistes sont salariés. Par rapport aux indépendants payés au pool, la différence salariale peut être conséquente. Il y a donc déjà une problématique au niveau de la concurrence liée à la rémunération entre salariés et indépendants. Deuxièmement, le HUB s'est créé et a commencé à harmoniser les statuts de leur personnel médical. Ce que, fondamentalement, nous aurions dû faire dès 2015 lorsque le LHUB est né. Les biologistes cliniciens qui demandaient une harmonisation de leur statut depuis 2015 ont vu qu'en un an, cela s'est fait au niveau du HUB. Il y a donc eu un mouvement d'exaspération. Je pense que la sortie du statut des médecins du HUB a été la goutte de trop pour les biologistes cliniciens.

Quand je suis arrivée, il y a un peu plus d'un an, j'ai eu dans mes tâches l'harmonisation du statut du médecin biologiste. Nous avons lancé un groupe de travail. Nous avons fait des analyses, fait des propositions. Mais, nous avons, pour l'instant, dans nos partenaires, des mouvements différents que nous devons prendre en compte. Le HUB se positionne clairement comme le pôle académique, avec l'hôpital Erasme, l'Institut Bordet et l'Huderf. Les médecins y sont salariés. Au CHU Brugmann et au CHU St-Pierre, les réflexions sont différentes. La volonté de certains services est de fonctionner avec une rémunération pour les médecins par pool d'honoraires. Le LHUB est au milieu de ces visions différentes. En septembre, nous avons proposé, justement, une proposition " entre-deux ". Mais cela a suscité des tensions au sein des hôpitaux. Ce qui est mal passé auprès de notre CA, c'est qu'au début de la phase de négociation, il y a eu un préavis de grève. Il y a eu, je pense, une incompréhension de part et d'autre.

"C'est un vrai problème que personne ne néglige. Nous avons recommencé une concertation en janvier."

C'est un vrai problème que personne ne néglige. Nous avons recommencé une concertation en janvier. Cela se passe mieux dans le sens où nous avons décidé de faire appel à un consultant extérieur pour apaiser, objectiver les besoins et les attentes de chacun. Nous avons établi une feuille de route, avec des représentants des biologistes cliniciens qui rencontrent les représentants du CA. Et nous avançons.

N'est-il pas vital de revaloriser les biologistes cliniciens dans un milieu si concurrentiel ?

Personne ne remet en cause le besoin d'une harmonisation. Cela faciliterait déjà l'engagement du nouveau personnel. Car pour l'instant, il faut se creuser la tête pour savoir de quelle institution un nouvel élément va dépendre.

Personne ne remet en cause le besoin de revalorisation. Mais cela a un coût. Ce que demandent nos actionnaires, c'est que ce coût, nous allions le chercher dans des mesures d'efficience. La situation financière des hôpitaux est ce qu'elle est : tout euro est important. C'est une nécessité de revaloriser les biologistes cliniciens, mais il est également légitime que nous cherchions un maximum de ressources en interne pour financer cela. Et nous avons des pistes.

Maintenant, avoir des biologistes, c'est investir. Et investir, cela peut coûter de l'argent à un certain moment. Mais c'est la directrice qui parle et non l'actionnaire. Je comprends nos hôpitaux, mais nous devons avoir une vision à long terme.

Les hôpitaux auraient pu anticiper.

Tout à fait. Il fallait immédiatement, au moment de la fusion des laboratoires, parler d'harmonisation.

En termes de gouvernance, le GHUB ne s'est pas fait. Le LHUB est donc le seul projet commun aux cinq hôpitaux. Si le GHUB avait été mis sur pied, nous aurions été un grand département d'un grand hôpital. Avec tout le monde disposant du même statut. Mais ici, je me retrouve avec cinq employeurs, cinq actionnaires, etc.

Pour sortir de ces difficultés organisationnelles, il est essentiel que nous puissions avoir un statut juridique propre pour devenir employeur et définir un statut pour le personnel médical et non médical. Rien ne changerait pour les hôpitaux qui resteraient les partenaires du LHUB au sein d'une association de services ; le LHUB resterait leur laboratoire de biologie clinique. Mais en termes d'agilité et d'équité, cela nous permettrait de résoudre beaucoup de problèmes quotidiens.

Est-ce cette problématique de ressources humaines ne pèse pas, justement, sur l'efficience du LHUB ? C'est un peu la problématique de l'oeuf ou la poule. Avec le risque que les biologistes cliniciens aillent voir ailleurs.

Effectivement. Mais la richesse du LHUB est de proposer un milieu de travail très intéressant, justement parce qu'il combine la patientèle de cinq hôpitaux avec des profils différents et complémentaires. Les biologistes cliniciens sont intéressés par leur travail. Ce n'est pas l'argent qu'ils demandent par-dessous tout. C'est une reconnaissance. Et c'est légitime.

Tous les défis auxquels nous faisons face, pour les rencontrer de manière efficiente, il faut un socle de base : nous avons besoin d'un statut pour le biologiste, pour le personnel, mais aussi un modèle financier entre nos partenaires plus simple. Les objectifs que nous avons fixés, nous pouvons les atteindre malgré les difficultés en amont. Mais nous les atteindrons de manière plus rapide et plus efficiente avec un socle de gouvernance plus serein, plus agile, plus normal tout simplement.

Le réseau Chorus, auxquels appartiennent, en plus des cinq hôpitaux du LHUB, le Chirec et le HIS, ne pourrait pas résoudre cela ?

(rires) Les réseaux ont été imposés sans beaucoup de contraintes à l'heure actuelle. Les laboratoires sont sans doute un axe de développement et de collaboration intéressant. Ce serait logique. Mais il faudrait déjà résoudre les problèmes que nous rencontrons à cinq avant d'imaginer des solutions à sept.

À découvrir dans votre édition papier du 20 avril: les ambitions du LHUB entre ses missions académiques et le désir de sortir de ses murs.

Le journal du Médecin : Les biologistes cliniciens se sont plaints de la disparité des statuts imposés et des conditions globalement défavorables par rapport aux autres hôpitaux académiques du pays. Les choses évoluent-elles positivement ?Anne Janssen : Il faut, pour comprendre cette problématique, comprendre la situation complexe du LHUB. Nous n'avons pas de statut juridique propre. Nous sommes une association de fait, une association de service au sens de la Loi des hôpitaux. Nous relevons donc encore de chaque hôpital. Et les biologistes cliniciens relèvent donc des cinq hôpitaux associés au sein du LHUB.Chez nous, les biologistes sont salariés. Par rapport aux indépendants payés au pool, la différence salariale peut être conséquente. Il y a donc déjà une problématique au niveau de la concurrence liée à la rémunération entre salariés et indépendants. Deuxièmement, le HUB s'est créé et a commencé à harmoniser les statuts de leur personnel médical. Ce que, fondamentalement, nous aurions dû faire dès 2015 lorsque le LHUB est né. Les biologistes cliniciens qui demandaient une harmonisation de leur statut depuis 2015 ont vu qu'en un an, cela s'est fait au niveau du HUB. Il y a donc eu un mouvement d'exaspération. Je pense que la sortie du statut des médecins du HUB a été la goutte de trop pour les biologistes cliniciens.Quand je suis arrivée, il y a un peu plus d'un an, j'ai eu dans mes tâches l'harmonisation du statut du médecin biologiste. Nous avons lancé un groupe de travail. Nous avons fait des analyses, fait des propositions. Mais, nous avons, pour l'instant, dans nos partenaires, des mouvements différents que nous devons prendre en compte. Le HUB se positionne clairement comme le pôle académique, avec l'hôpital Erasme, l'Institut Bordet et l'Huderf. Les médecins y sont salariés. Au CHU Brugmann et au CHU St-Pierre, les réflexions sont différentes. La volonté de certains services est de fonctionner avec une rémunération pour les médecins par pool d'honoraires. Le LHUB est au milieu de ces visions différentes. En septembre, nous avons proposé, justement, une proposition " entre-deux ". Mais cela a suscité des tensions au sein des hôpitaux. Ce qui est mal passé auprès de notre CA, c'est qu'au début de la phase de négociation, il y a eu un préavis de grève. Il y a eu, je pense, une incompréhension de part et d'autre.C'est un vrai problème que personne ne néglige. Nous avons recommencé une concertation en janvier. Cela se passe mieux dans le sens où nous avons décidé de faire appel à un consultant extérieur pour apaiser, objectiver les besoins et les attentes de chacun. Nous avons établi une feuille de route, avec des représentants des biologistes cliniciens qui rencontrent les représentants du CA. Et nous avançons.N'est-il pas vital de revaloriser les biologistes cliniciens dans un milieu si concurrentiel ?Personne ne remet en cause le besoin d'une harmonisation. Cela faciliterait déjà l'engagement du nouveau personnel. Car pour l'instant, il faut se creuser la tête pour savoir de quelle institution un nouvel élément va dépendre.Personne ne remet en cause le besoin de revalorisation. Mais cela a un coût. Ce que demandent nos actionnaires, c'est que ce coût, nous allions le chercher dans des mesures d'efficience. La situation financière des hôpitaux est ce qu'elle est : tout euro est important. C'est une nécessité de revaloriser les biologistes cliniciens, mais il est également légitime que nous cherchions un maximum de ressources en interne pour financer cela. Et nous avons des pistes.Maintenant, avoir des biologistes, c'est investir. Et investir, cela peut coûter de l'argent à un certain moment. Mais c'est la directrice qui parle et non l'actionnaire. Je comprends nos hôpitaux, mais nous devons avoir une vision à long terme.Les hôpitaux auraient pu anticiper.Tout à fait. Il fallait immédiatement, au moment de la fusion des laboratoires, parler d'harmonisation.En termes de gouvernance, le GHUB ne s'est pas fait. Le LHUB est donc le seul projet commun aux cinq hôpitaux. Si le GHUB avait été mis sur pied, nous aurions été un grand département d'un grand hôpital. Avec tout le monde disposant du même statut. Mais ici, je me retrouve avec cinq employeurs, cinq actionnaires, etc.Pour sortir de ces difficultés organisationnelles, il est essentiel que nous puissions avoir un statut juridique propre pour devenir employeur et définir un statut pour le personnel médical et non médical. Rien ne changerait pour les hôpitaux qui resteraient les partenaires du LHUB au sein d'une association de services ; le LHUB resterait leur laboratoire de biologie clinique. Mais en termes d'agilité et d'équité, cela nous permettrait de résoudre beaucoup de problèmes quotidiens.Est-ce cette problématique de ressources humaines ne pèse pas, justement, sur l'efficience du LHUB ? C'est un peu la problématique de l'oeuf ou la poule. Avec le risque que les biologistes cliniciens aillent voir ailleurs.Effectivement. Mais la richesse du LHUB est de proposer un milieu de travail très intéressant, justement parce qu'il combine la patientèle de cinq hôpitaux avec des profils différents et complémentaires. Les biologistes cliniciens sont intéressés par leur travail. Ce n'est pas l'argent qu'ils demandent par-dessous tout. C'est une reconnaissance. Et c'est légitime.Tous les défis auxquels nous faisons face, pour les rencontrer de manière efficiente, il faut un socle de base : nous avons besoin d'un statut pour le biologiste, pour le personnel, mais aussi un modèle financier entre nos partenaires plus simple. Les objectifs que nous avons fixés, nous pouvons les atteindre malgré les difficultés en amont. Mais nous les atteindrons de manière plus rapide et plus efficiente avec un socle de gouvernance plus serein, plus agile, plus normal tout simplement.Le réseau Chorus, auxquels appartiennent, en plus des cinq hôpitaux du LHUB, le Chirec et le HIS, ne pourrait pas résoudre cela ?(rires) Les réseaux ont été imposés sans beaucoup de contraintes à l'heure actuelle. Les laboratoires sont sans doute un axe de développement et de collaboration intéressant. Ce serait logique. Mais il faudrait déjà résoudre les problèmes que nous rencontrons à cinq avant d'imaginer des solutions à sept.