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Nous apprenons qu'il y a un Conseil des ministres ce jeudi à 22 février pour nous remplacer par des assistants infirmiers... Au-delà du débat politico-juridique sur la portée de ce texte, comme infirmiers, nous trouvons insupportable qu'on puisse aller écrire dans une loi : "infirmier = infirmier + un autre praticien (de l'art infirmier)". Des actions vont démarrer pour stopper ce projet, dans les "praticiens de l'art infirmier", il n'y a que les infirmiers. Au mois de juin 2023 le gouvernement et le parlement ont inséré dans la Loi sur les professions de santé un nouveau praticien de l'art infirmier : l'assistant en soins infirmiers (basisverpleegkundige en NL, nous rencontrons déjà une aberration de traduction qui apporte de la confusion). Dans la définition de cette profession, il lui est reconnu des compétences similaires à celles de l'infirmier responsable en soins généraux.L'infirmier responsable en soins généraux est formé en 4.600 heures (la plupart en 4 ans de bachelier), l'assistant en soins infirmiers est formé en 3.800 heures (une formation de 3 ans vient de débuter en Flandre uniquement).L'Union générale des infirmiers de Belgique (UGIB-AUVB-AKVB) a introduit un recours à la Cours constitutionelle contre cette possibilité qu'un praticien formé en 3.800 heures puisse avoir des compétences similaires à celles de l'infirmier formé en 4.600 heures.Malgré cette protestation et ce recours, le ministre Vandenbroucke persiste à vouloir assimiler aux infirmiers cette catégorie de professionnels formée plus rapidement, il introduit maintenant un projet de loi sur les hôpitaux permettant d'interpréter le mot "infirmier" comme étant à la fois l'infirmier responsable des soins généraux, mais également l'assistant en soins infirmiers. Une telle modification pourrait avoir pour conséquence que dans certaines normes hospitalières, des infirmiers soient remplacés par des assistants. Il est aussi possible ensuite que le fédéral ou les entités fédérées utilisent cette base légale pour rendre plus souples toutes les normes infirmières... qui sont pourtant déjà décriées par la profession comme étant totalement insuffisantes.Si nous avons besoin d'aide, de plus de praticiens de l'art infirmier, c'est en plus des infirmiers et pas à la place! Les associations veulent protéger leurs patients contre ce risque, si le conseil des ministres adopte ce projet de loi en première lecture ce jeudi.L'objet est de modifier la définition du mot "infirmier" à l'art 8, 5° de la Loi sur les hôpitaux (suite à la modification en juin 2023 de la LEPS, qui a créé l'assistant en soins infirmiers). Depuis 2006 (et une autre modification en 2016), dans cette Loi sur les hôpitaux, le mot "infirmier" a toujours voulu dire "le praticien de l'art infirmier, tel que prévu à l'art 45 §1er de la LEPS"... soit, en d'autres termes, tout simplement les infirmiers (gradués et brevetés).Le fédéral souhaite maintenant ajouter les références suivantes dans cette définition : "45§1 1/1 et 1/2". En ajoutant ces références, le mot "infirmier" comprendra :-(art 45 §1) les infirmiers (comme avant), mais aussi (§1 1/1): les bénéficiaires des mesures transitoires 2016-2023 formés en Flandre (en infraction avec les règles de formation des infirmiers décrites au 45§1 depuis 2016),-(§1 1/2): les assistants en soins infirmiers/Basisverpleegkundigen (AESI).Le fédéral prétend que cette modification n'aura d'impact que sur la loi organique en question, et donc sert simplement à ne pas oublier la nouvelle profession de AESI/BasisVpl dans l'organisation/structuration du département infirmier telle que décrite aux articles 23 à 29 de la loi.Notre lecture (et celle de juristes) est très différente : tous les AR d'application de cette Loi sur les hôpitaux qui concernent les normes minimales, les programmes de soins, ... stipulent le personnel indispensable et les qualifications de celui-ci, et tous ces AR se réfèrent à la loi organique qu'ils exécutent. Dans certains articles de ces AR, il est mentionné qu'il faut des "infirmiers" sans autre titre ou spécialisation. Dès lors, notre lecture est que cela signifie que les hôpitaux pourront choisir des IRSG ou des AESI/BasisVpl dans cette catégorie-là.