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"Lorsque je parcours les articles de presse parus ces dernières semaines, cela me semble déjà un fait accompli: l'HMRA va fermer ses portes. Il coûte trop cher au regard de ce qu'il apporte. La privatisation est dès lors présentée comme la panacée", dénonce-t-il."Afin de recentrer le débat, j'estime qu'il est de mon devoir en tant que commandant de la composante médicale de clarifier certains points - ce qui est mal connu est mal aimé - et de les remettre dans leur contexte", ajoute le général Laire dans cette lettre ouverte postée sur le site internet du ministère de la Défense et destinée à la fois à rassurer son personnel et à informer le monde civil et la presse.Il énumère ainsi les nombreuses missions de l'hôpital au profit des communautés militaire (comme dispenser des soins spécialisés "sur mesure", abriter les centres d'expertise médicale et de médecine aéronautique, fournir un quart du personnel de la composante en appui des troupes en opérations à l'étranger) et civile.L'aspect le plus connu est le centre des brûlés offrant des soins intensifs hautement spécialisés "de la façon la moins onéreuse à la société", mais l'HMRA est aussi l'hôpital où l'on traite par l'oxygénothérapie hyperbare les patients intoxiqués par le monoxyde de carbone, issus du "Grand Brabant" (et même au-delà), la production à petite échelle et en fonction du besoin du patient, de la peau cryopréservée et des cellules de peau, rappelle le général Laire.Selon lui, l'hôpital militaire fournit la capacité pré-hospitalière jouant un rôle de premier plan en cas de situation de crise à l'aéroport de Bruxelles-National et participe, lors de catastrophes dans la Région de Bruxelles-Capitale et en Brabant flamand, au rôle de la fonction "Directeur Médical (DirMed), tout en jouant un rôle en cas de catastrophe en tant qu'hôpital de crise ou de calamités.L'HMRA est prêt à engager une équipe SMUR pour le transport de patients contaminés par le virus Ebola et, en collaboration avec d'autres unités de la composante médicale, a déjà transporté ces dernières semaines des patients suspectés d'être atteints par le virus.Il dispose en outre d'un centre de psychologie de crise spécialisé dans les soins de santé mentale au profit de militaires exposés à des événements traumatisants en opération.En cas d'incident de grande ampleur en Belgique, ce centre met son expertise à disposition de la population civile (explosion de gaz à Ghislenghien, catastrophe ferroviaire de Buizingen, accident de bus à Sierre, fusillade à Liège...).L'hôpital fournit enfin lors des réunions internationales (sommets de l'Otan ou de l'UE) l'aide médicale urgente au profit des chefs d'Etat et de gouvernement étrangers, en mettant à disposition une équipe SMUR composée de spécialistes qui, du fait de leur position de militaire, peuvent intervenir rapidement dans un environnement hautement sécurisé.Evoquant le "plan stratégique à dix ans" que le ministre de la Défense, Steven Vandeput (N-VA), a été chargé d'élaborer d'ici le printemps prochain, le général Laire s'interroge sur le maintien de toutes ces tâches."Jusqu'à présent, c'est le cas parce qu'il n'y a souvent pas d'alternatives. Cela signifie-t-il que cela doit rester ainsi? Selon moi, avant de supprimer ce qui existe, il y a lieu de se concerter et d'évaluer si d'éventuels transferts et redistributions des tâches mèneront à de réelles économies. En son temps, le centre Ebola de l'HMRA a été démantelé et aujourd'hui, on le regrette", écrit le "patron" de la composante médicale.Il appelle ainsi à "réfléchir à deux fois" avant de déclarer que l'HMRA est l'exemple-type d'une institution susceptible d'être privatisée.Certaines économies sont de véritables économies, d'autres sont simplement des transferts de coûts qui vont de pair avec une réduction de la qualité et du service offert, note le général."Le temps est venu d'engager des dialogues interdépartementaux et de revoir le modèle de financement de l'HMRA. Si l'on veut faire des économies au niveau national, il me semble préférable de rentabiliser le fonctionnement de l'HMRA plutôt que d'en privatiser les activités", conclut-il.