Le 9 juin, le vote influencera directement notre avenir professionnel et la qualité des soins que nous offrons à nos patients. Après plus de 30 ans comme pédiatre chef du service de nénatologie au CHU Saint-Pierre de Bruxelles, j'ai décidé de m'engager (MR - Région de Bruxelles) pour relever les défis de notre système de santé.
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Gouvernance: les neuf ministres de la Santé, dont cinq concernent Bruxelles, représentent une aberration institutionnelle coûteuse et inefficace. Autour de ces ministères gravitent cabinets, administrations, associations, organes de concertation et autres institutions avec leurs propres organigrammes administratifs. Ce fonctionnement est non seulement complexe, voir incompréhensible, mais son coût est difficilement chiffrable en l'absence d'évaluation rigoureuse. Une simplification est impérative pour un fonctionnement plus clair et plus économique.Actuellement, 50 % des patients des hôpitaux universitaires et 35 % des patients des hôpitaux classiques ne sont pas bruxellois. La programmation des lits, calculée en fonction du nombre d'habitants, est inadéquate et doit être revue. Le secteur hospitalier fonctionne en réseau (public, privé, laïque, confessionnel, universitaire...), avec des autorités de tutelle et administrations différentes. Des alliances fonctionnelles, académiques ou financières peuvent exister, mais la gouvernance est souvent conflictuelle et financièrement inefficace. Les soignants et les patients en sont les victimes. La course à la rentabilité conduit les directions d'hôpitaux à instaurer une rémunération des médecins variable, en fonction de la rentabilité financière des services. La solidarité et l'évaluation de la qualité des soins sont bien mises à mal dans ce système. Il est essentiel de revoir ces structures pour garantir une meilleure efficacité et transparence.Le médecin généraliste est le premier maillon pour l'accès aux soins. À Bruxelles, il n'y a pas de pénurie, mais un malaise s'installe insidieusement. Autrefois respecté, le médecin généraliste fait maintenant face à des exigences exagérées de certains patients, souvent pour des consultations à faible coût. Il faut revaloriser la médecine générale. De plus, de nombreuses personnes sans médecin généraliste utilisent les services de garde et encombrent les urgences déjà sous pression. Le gouvernement bruxellois a créé des maisons médicales pour garantir l'accessibilité et la gratuité à tous, avec des forfaits par patient, mais aucune évaluation de ce système n'a été effectuée. Les initiatives de pratique de groupe organisée par les médecins sont une réponse plus cohérente aux vrais besoins. Le financement des aspects multidisciplinaires et de secrétariat sont des incitants plus pertinents.Les actes médicaux sous tarif conventionné ne permettent pas toujours une rémunération équitable des médecins. Cette problématique complexe nécessite des discussions sereines avec tous les intervenants des multipartites. Les médecins doivent être rémunérés en rapport avec leur responsabilité et la difficulté de leur métier. La médecine libérale fait partie intégrante de notre système de santé, et nous continuerons à la défendre. C'est le souhait des patients et des soignants.Les enregistrements de données souvent inutiles destinés à des tableaux de bord, unités de gestion, agréments et autres rapports administratifs oublient que l'objectif premier d'un hôpital est de soigner les malades. Les systèmes informatiques sont souvent paralysés par des bugs et incompatibles avec le transfert harmonisé des données. Cette tâche chronophage est décourageante pour les soignants et doit être réduite et rationalisée.D'autres problématiques, la liste est non exhaustive, telles que le fonctionnement des mutuelles, la nomenclature Inami, la santé mentale, le vieillissement de la population, la prévention, la pénurie de médicaments et l'abandon du métier doivent être intégrés dans une vision globale de la santé. Je m'engage à défendre une médecine de qualité pour tous, avec des tarifs adaptés à la diversité de la population.Je propose de constituer une " task force d'excellence " avec tous les acteurs, y compris les citoyens, pour repartir d'une page blanche avec une vision à très long terme (10-20 ans). En attendant, nous devons adopter une politique de petits pas pour détricoter l'imbroglio institutionnel, simplifier l'administration pour les soignants, revoir la nomenclature Inami et la programmation des lits, trouver les réponses aux problèmes de santé mentale et dégraisser l'administration de la santé dans son ensemble.Les réformes doivent être conduites dans le respect de notre métier difficile, avec une rémunération à la mesure de nos responsabilités, tant dans le secteur public que privé.Nous disposons d'un socle d'acteurs robustes et de qualité dans les soins de santé. Cela inclut les cliniciens, les soignants au sens large, les chercheurs, les infrastructures, les universités, ainsi que les pôles d'excellence en biotechnologies et en pharmaceutique. Le monde de demain, avec l'avènement de l'intelligence artificielle, sera très différent, mais nous avons le potentiel pour orienter notre politique de santé vers plus d'efficacité sans compromettre la qualité, à condition que le financement soit judicieusement alloué.