"La convention avec les 32 réseaux locaux de soins de santé mentale et avec les psychologues cliniques/orthopédagogues individuels prévoit une coopération étroite entre les médecins généralistes, les psychiatres et les psychologues. Il ne s'agit pas d'un nouveau silo. C'est important. Certains psychologues ont eu des difficultés avec cette approche."
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Dans la deuxième partie de son interview, le ministre Vandenbroucke commente la réforme des soins de santé mentale ("un nouveau modèle très innovant"). Le journal du Médecin: Vous avez débloqué 152 millions pour cette réforme. Les psychiatres y sont favorables, mais ont le sentiment que vous les négligez. Frank Vandenbroucke : Dans les prochaines semaines, je vais recevoir une délégation de psychiatres. Cette réforme et ce budget sont importants non seulement pour les psychologues cliniciens et les orthopédagogues, mais aussi pour les médecins généralistes et les psychiatres. Ce que je veux éviter à tout prix, c'est la création d'un nouveau silo au sein de l'Inami. Nous ne devons pas répéter les erreurs d'il y a 50 ans, lorsque les gens pensaient en termes de budgets partiels, de secteurs et de négociations au sein de secteurs partiels. Je voulais une coopération multidisciplinaire dès le départ. Ce point de départ n'était pas évident pour tous les psychologues cliniciens et les orthopédagogues. Ceux qui souscrivent à la convention doivent savoir qu'ils le font aussi pour soutenir les médecins généralistes et même pour faciliter leur travail. Les médecins généralistes ont beaucoup de patients souffrant de stress, d'épuisement professionnel et de problèmes mentaux. Le médecin généraliste n'est pas nécessairement le mieux outillé pour traiter cette question. Une visite chez le psychiatre n'est pas nécessairement la meilleure option. La convention prévoit une coopération étroite entre les généralistes, les psychiatres et les psychologues. L'idée est qu'un généraliste puisse facilement orienter une personne vers un psychologue sans prescription. Et il est demandé au psychologue de tenir le généraliste informé. Si une aide plus spécialisée est nécessaire, le psychologue ou l'orthopédagogue établit - avec deux autres prestataires de soins, dont en tout cas un médecin - un bilan fonctionnel et pluridisciplinaire. Il peut s'agir du médecin généraliste, d'un médecin du PMS, un psychiatre, ... Pour ce faire, nous prévoyons une allocation de pratique de 225 euros, à répartir entre les intéressés. Puisque les psychologues recevront également une indemnité de pratique et d'accueil, ce nouveau modèle comporte davantage qu'une pure rémunération à l'acte. Les 32 réseaux locaux de santé mentale, créés à l'époque dans le cadre de l'article 107, organisent ces soins psychologiques de première ligne de manière décentralisée et multidisciplinaire. Dans cette réforme, les psychiatres ont potentiellement deux sources de frustration. La première est qu'il apparaisse une concurrence vis-à-vis de leur travail. Cela dit, nous sommes mal partis s'ils considèrent cette mesure comme une source de rivalité au sein d'un même domaine. Encore une fois, il s'agit d'une coopération. Certains patients demandent une aide psychiatrique mais ils seraient mieux pris en charge par un psychologue. Et vice versa. Le recours à un psychologue de première ligne permet d'orienter les patients vers le psychiatre de manière plus ciblée. Deuxième frustration: les psychiatres me reprochent de me limiter à ce mécanisme. Ce n'est pas le cas. J'ai déjà investi 20 millions dans un renforcement structurel des lits K en psychiatrie. La phase pré- et post-hospitalisation est mieux organisée, la transition des patients mieux encadrée. Cela peut permettre une rotation plus efficace des patients. En outre, je prévois cinq millions supplémentaires, soit 490.000 euros par province, pour les équipes de liaison. Ce budget n'est pas encore structurel. Ce mécanisme renforce le cadre psychiatrique des services hospitaliers non psychiatriques. Au total, cela représente un budget de 25 millions. Je suis bien conscient qu'il existe d'autres défis. Par exemple, les problèmes du passage de l'adolescence à l'âge adulte. C'est une problématique dans de nombreux secteurs. Tout d'un coup l'aide s'arrête. Un accompagnement est assuré jusqu'à ce que la personne ait 18 ans. Puis il disparaît et il n'y a plus rien d'autre. Je voudrais faire quelque chose de spécifique à propos de cette transition. Des ressources supplémentaires sont nécessaires à cet effet. Le budget 2022 de l'Inami offre déjà la possibilité de faire quelque chose de plus en psychiatrie. Je ne veux donc absolument pas me limiter à investir dans l'aide psychologique, mais aussi dans la psychiatrie et la psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent. J'ai demandé l'avis du Conseil fédéral des établissements hospitaliers sur la programmation notamment des lits K/k. Ce point est important si l'on veut réfléchir à la capacité de la psychiatrie (des jeunes). Revenons à la réforme des soins de santé mentale. Les psychiatres et les médecins généralistes disent que vous introduisez une hiérarchie, une sorte d'échelonnement. Nous n'introduisons pas un échelonnement rigide, mais bien un modèle multidisciplinaire qui doit faire en sorte que les gens soient suffisamment vite sur la bonne voie. Les gens pourront avoir un entretien exploratoire chez des psychologues cliniciens et des orthopédagogues sans être référés, puis éventuellement encore avoir quelques séances. À ce niveau, le généraliste ne joue pas nécessairement un rôle, j'en conviens. L'entretien avec le psychologue peut aussi avoir été conseillé par quelqu'un d'autre. Le nouveau système prévoit un maximum de huit ou dix séances de ce type - respectivement pour les adultes et les enfants - avec un psychologue conventionné. Après la phase d'exploration, il faut être capable de déterminer rapidement si une prise en charge plus spécialisée est nécessaire, par exemple dans le cas d'un trouble anxieux ou d'une dépression. Dans ce cas, un médecin vient alors aussi s'asseoir autour de la table afin d'établir un bilan de façon multidisciplinaire. Ce n'est pas un échelonnement rigide, mais une manière de penser par étapes qui permet de décider parfois de référer vers des soins plus intenses et spécialisés. La multidisciplinarité et une plus grande efficacité font partie de l'évaluation du système. Sur le terrain, les psychologues avaient parfois des difficultés avec cette façon de faire, mais leurs représentants ont marqué leur accord. Sur le terrain, il n'est pas facile pour eux de réfléchir ensemble avec un médecin, mais cela doit absolument se faire. C'est une manière douce d'apporter une structure et plus d'efficacité et d'empêcher les gens de se tromper de voie dans le dédale des soins psychologiques. Les réseaux de santé mentale ont un budget fermé et contrôlent le nombre de séances et l'affectation des patients au cas où des soins plus spécialisés seraient nécessaires. Il veille à ce que le nombre de séances individuelles n'augmente pas indéfiniment. Un maximum de vingt séances a également été fixé pour les soins spécialisés. Il ne s'agit pas explicitement d'un système où un patient va chez un psychologue et puis où les séances se poursuivent sans limitation. La presse a annoncé l'entrée en vigueur du nouveau système le 1er septembre. Les psychologues n'étaient pas encore agréés par les réseaux... Le timing n'est pas facile. Il y a pas mal d'obstacles. Il fallait franchir différentes étapes. Tout d'abord, les réseaux locaux de santé mentale devaient discuter et décider en interne de signer une convention. 28 réseaux sur 32 l'ont déjà fait. Ensuite, les psychologues cliniciens individuels intéressés doivent signer une convention selon un certain modèle, et l'approbation de ce modèle a pris du retard. J'espérais que le Comité de l'assurance de l'Inami accepte officiellement ce modèle à la mi-septembre, mais pour toutes sortes de raisons, il n'a été approuvé que ce lundi. La demande d'aide psychologique est élevée. Et la communication crée des attentes de la part de la population. Je sais. Je n'ai pas été satisfait de la communication dans ce dossier. Je n'ai rien dit en juillet. Le Comité de l'assurance a accepté la convention cadre au niveau de l'Inami le 26 juillet. L'Inami l'a publié et les associations de psychologues qui ont négocié la convention en ont discuté avec leurs membres, ce qui était bien sûr une bonne chose. La presse a rapporté qu'il s'agissait d'une étape historique - ce qui est exact - mais cela a créé une attente, le sentiment qu'au 1er septembre, tout le monde trouverait un psychologue conventionné. Ce n'est pas le cas. Nous aurions dû mieux le préciser. La campagne de vaccination contre le Covid-19 est toujours d'actualité. Y aura-t-il un troisième cycle de vaccination pour les soignants et les médecins? La question est importante. Le personnel a fait d'énormes efforts. Ils ont été vaccinés au tout début de la campagne. Je comprends la demande et le sentiment d'urgence des médecins et des infirmières. Nous avons demandé l'avis du Conseil supérieur de la santé à ce sujet et il sera rendu durant la première semaine de novembre. Nous prendrons bientôt une décision sur cette base. Je n'exprime donc pas encore d'opinion à ce sujet. À un moment donné, vous considériez que la vaccination obligatoire des soignants était nécessaire. Elle l'est toujours. Nous allons créer une base juridique. J'ai eu de longues discussions à ce sujet avec mes collègues ministres de la Santé des entités fédérées et nous allons légiférer sur ce point au niveau fédéral. La nouvelle législation rendra la vaccination obligatoire pour les professionnels de la santé, qu'ils travaillent en milieu ambulatoire ou hospitalier, et qu'ils soient salariés ou indépendants. La décision politique a été prise, maintenant toutes les pistes et les problèmes sont en train d'être clarifiés légalement. Il n'est pas facile d'établir une base juridique correcte pour y arriver. En Flandre, plus de 95% des prestataires de soins ont été vaccinés. Est-il encore utile de rendre la vaccination obligatoire? Oui. Pour les 5% qui ne se font pas vacciner, c'est une question d'équité et de répartition des efforts. Ces 5% ont peut-être de bonnes raisons médicales de ne pas être vaccinés. Oui, mais en Flandre, il y a aussi des institutions où c'est moins le cas. Elles ne sont pas nombreuses, mais il y a certaines institutions où le taux de vaccination est beaucoup plus faible que dans d'autres. Je pense donc que les patients et les résidents des maisons de repos en Flandre ont également le droit d'être certains que les personnes qui s'occupent d'eux ont été vaccinées. C'est donc également nécessaire en Flandre.