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Le lien entre sport et santé n'est plus à démontrer. Et s'agissant d'une activité sportive bénéfique, il est certainement question de... discipline ! Le musée de la Médecine propose une exposition riche en panneaux, mais aussi en affiches (des 7e olympiades d'Anvers en 1920, à Paris cet été), statues représentant les différentes épreuves sportives, vases grecs anciens, bas-reliefs romains ou en témoignages de la période médiévale, moderne et, pour la période contemporaine, en photographies.La seconde partie de l'exposition a une connotation médicale. Elle reprend une série d'interviews de médecins du sport, cardiologues, kinésithérapeutes, diététiciens qui expliquent pourquoi " le sport est bon pour la santé tant physique que psychique, ainsi que pour le bien-être psychosocial ", et abordent des sujets comme les traumatismes les plus fréquemment rencontrés durant la pratique du sport, leur prise en charge, les bons et mauvais conseils en termes de régimes, la prévention, la préparation et la revalidation.L'expo entame ses " épreuves " par une évocation du terme sport, une pratique développée par les Anglais à la fin du 18e siècle avec le début de l''industrialisation, et dérivé du vieux mot français 'desport' qui signifiait amusement, divertissement. Une pratique du sport olympique est attestée à partir de -776 avant notre ère, lorsque les premiers jeux sont organisés à Olympie. Et si aujourd'hui, ils sont plutôt signe de fraternité et de convivialité dans la lutte, il est clair qu'à l'origine, il s'agit avant tout d'un entraînement en vue du combat. On pense au célèbre coureur de marathon (dans la guerre qui oppose Athènes à la Perse), au pentathlon, au lancer du disque ou du javelot, à la lutte, justement, ou même aux jeux de balle : tous s'inscrivaient dans une préparation à la guerre.Un panneau décrit la découverte, à Tarente en Italie, d'une tombe d'un athlète, sépulture qui date du 5e avant Jésus-Christ. Toujours à l'époque antique, l'expo nous apprend qu'il y a eu, à côté des gladiateurs, des gladiatrices (qui combattaient seins nus) à l'époque d'Auguste et de Néron. Des femmes qui, à l'époque hellénistique (on connaît la phallocratie des Grecs anciens) n'étaient pas autorisées à concourir aux jeux et, qui plus est, ne pouvaient y assister que si elles n'étaient pas mariées, à l'inverse des coureurs... de jupons.Cependant, au 6e siècle avant JC, 16 (sic) femmes auraient fondé leurs propres jeux quelques semaines après celui des hommes (des jeux pour " moins valides " ?). La reproduction d'une mosaïque sicilienne du 4e siècle représente d'ailleurs des athlètes féminines participant à un pentathlon.Revenant à l'histoire du sport, l'expo montre l'influence médiévale des tournois chevaleresques, notamment dans la pratique de l'hippisme, et bien entendu de l'escrime et du tir à l'arc (déjà pratiqué dans l'antiquité). Bien entendu, la révolution industrielle, d'abord britannique, provoque une démocratisation du sport et du loisir : le golf notamment, d'abord réservé à l'élite, le football popularisé par les Anglais au travers de leurs différentes colonies et comptoirs commerciaux à travers le monde, ou le tennis, forme moderne de l'ancienne palestre française, et dont le nom provient du mot français 'tenez' que prononçait chaque joueur au moment de servir. La danse sportive, le patinage, le ski voire le surf (discipline olympique depuis 2020) font également l'objet d'un historique et d'une illustration photographique et statuaire.L'exposition consacre par ailleurs un panneau aux jeux paralympiques, avant de se pencher plus spécifiquement sur les liens entre sport, santé et médecine.Y est notamment expliqué que le sport est un bon remède contre la sédentarisation, fléau de nos sociétés " bureautiques ". Il y est conseillé de faire au moins 5.000 pas par jour minimum, 7.500 étant une bonne moyenne, l'OMS recommandant 10.000 pas. En fait, ce seuil des 10.000 pas inscrit sur nos smartphones tire son origine d'une publicité japonaise datant de 1964 sans fondement scientifique, date des Jeux olympiques de Tokyo il est vrai...Par ailleurs, si cette exposition met en exergue 16 médaillés d'or belges, de Patrick Sercu et Gaston Roelants en 1964 à l'équipe de hockey en 2020, en passant par Robert Van de Walle, Frédéric Deburghgraeve, Tia Hellebaut ou Justine Henin, elle montre aussi, avis de spécialistes à l'appui, que les Belges sont aussi les détenteurs de records en termes de sédentarisation, phénomène qui se classe parmi les quatre facteurs à risque les plus mortels.Ceci, évidemment, pour éviter les blessures illustrées dans le cadre de la médecine du sport : qu'il s'agisse de la luxation de l'épaule ou de l'entorse du genou dans la pratique du rugby, de l'ostéite pubienne dans le cas du footballeur, ou des douleurs à la cuisse lorsqu'on pratique le taekwondo. L'impact sur le coeur de la pratique (ou non) du sport est aussi soumis à l'épreuve, comme d'ailleurs l'aspect diététique.Mêlant les disciplines médicales et sportives, cette intéressante exposition se révèle instructive (le surf est discipline olympique depuis quatre ans...), mais omet grandement l'aspect dopage qui aurait dû y trouver sa place, et comporte une erreur concernant l'un de nos champions : Eddy Merckx, qui n'a jamais eu de médaille olympique (12e à Tokyo en 1964), n'a pas gagné cinq tours de France successifs (il n'a pas participé en 1973, tour que Luis Ocana a remporté). Mais bon, comme disait Pierre de Coubertin, " inventeur " des Jeux olympiques modernes, l'important, c'est de participer...Infos : Sport-Histoire-Santé, jusqu'au 15 décembre au musée de la Médecine, Campus Érasme à 1070 Bruxelles. www.museemedecine.be