La Belgique tire les leçons de la gestion de la pandémie et se prépare pour pouvoir faire face aux futures crises sanitaires. Le SPF Santé publique a dressé un état de la situation pour la Chambre des représentants et il propose des réformes pour la gestion et l'organisation de notre capacité de crise.
...
La pandémie de covid-19 a mis la société et les pouvoirs publics à rude épreuve. Elle n'appartient par ailleurs pas encore au passé, comme en témoignent les récents développements en Chine.Il y a de nombreuses leçons à tirer de cette pandémie, tant en Belgique que dans le reste de l'Europe. La législation n'était pas suffisamment adaptée. La coopération entre les différentes institutions publiques aurait pu être meilleure. La fourniture des avis scientifiques aurait pu être mieux structurée." Des pouvoirs publics forts sont importants pour pouvoir maîtriser une crise sanitaire comme la pandémie de covid ", confirme le ministre de la Santé publique, Frank Vandenbroucke. " Pendant la pandémie, toutes les administrations ont absolument tout mis en oeuvre pour gérer la crise ensemble. J'en suis très reconnaissant, envers tous les membres du personnel. Mais nous devons aussi oser tirer les leçons du passé et examiner ce qui peut être amélioré à l'avenir. C'est la seule manière dont nous pourrons garantir que nos administrations soient prêtes à relever les défis de demain. " À partir des recommandations de la commission parlementaire et d'un exercice intense avec les différentes administrations de la santé, tant au niveau fédéral qu'au niveau des entités fédérées, le SPF Santé publique entend mettre en oeuvre un certain nombre de réformes pour que le pays soit mieux armé pour affronter les futures crises sanitaires.L'analyse du SPF et les propositions d'amélioration ont été rédigées conformément au Strategic Framework for Emergency Preparedness de l'OMS. Ce cadre de référence stratégique de l'OMS pour la politique de préparation aux crises sanitaires et la résilience des systèmes de santé s'articule autour de trois grands axes : le pilotage, les capacités et les ressources.Le SPF Santé publique propose de renforcer les politiques nationales et la réglementation en matière de préparation aux crises sanitaires.Ce travail a déjà débuté. Toutes les missions du Commissariat Corona, par exemple, ont été regroupées au sein du SPF Santé publique, du KCE et de l'INAMI. De même, le Risk Management Group (RMG) a été renforcé et il se voit attribuer un rôle plus central dans le pilotage sur la base de l'analyse du Risk Assessment Group (RAG). En outre, différents aspects de la législation ont été adaptés, en partie sur une base temporaire et en partie sur une base permanente.L'état de la situation dressé par le SPF indique les adaptations qui doivent encore être adoptées au Parlement. La pandémie a mis en évidence à quel point les compétences en matière de santé publique sont fragmentées entre les différentes autorités depuis la dernière réforme de l'État. Une coopération intense entre ces autorités est donc une nécessité. La coopération a fonctionné, par exemple, dans la mise en oeuvre de la stratégie de vaccination. Une Plateforme inter-administrative (PIA), qui regroupe les responsables des différentes administrations de la santé, a déjà été mise en place avant l'arrivée du covid-19. Le SPF propose maintenant de faire évoluer cet organe existant pour qu'il devienne la Cellule de crise interfédérale qui, lors d'une crise sanitaire majeure, deviendra un organe central chargé de coordonner la mise en oeuvre de la politique de crise à la demande du RMG et de la Conférence interministérielle Santé publique (CIM). La coopération avec le Centre de crise national (CCN) sera également intensifiée. En cas de crise nationale, ce centre de crise fera rapport au Comité de concertation.Par ailleurs, les plans existants relatifs à la préparation, à la réaction et au rétablissement en matière de crises sanitaires sont également examinés, tant au niveau des pouvoirs publics que, par exemple, du secteur hospitalier. " Nous ne pouvons pas prédire à quelles crises ayant un impact sur la santé publique nous serons confrontés à l'avenir, et encore moins comment elles évolueront. C'est pourquoi une préparation générale est nécessaire ", indique le SPF Santé publique, qui prépare le cadre de cette préparation par le biais du Generic Preparedness Plan. " Ce cadre ne sera jamais définitif, mais les expériences des derniers mois montrent que notre approche est déjà plus au point : la réaction à la crise de la variole du singe le montre bien. À la suite de la guerre en Ukraine, il a aussi fallu accorder une attention particulière aux aspects sanitaires de la crise des réfugiés et mettre au point les préparations à un éventuel incident CBRNe[1]. Des progrès ont également été réalisés dans ce cadre. La mise au point de ce cadre générique et d'un Pandemic Preparedness Plan qui s'y intègre (et qui est demandé par la Commission européenne à tous les États membres avant le 27 décembre) est une priorité absolue pour le SPF. "Il est essentiel d'identifier les risques, de les évaluer et de définir les priorités. Des évaluations systématiques des risques pour la santé sont menées par le RAG. Dans ce cadre, le nouveau Strategic Scientific Committee (SSC) fournira des avis scientifiques stratégiques dans une large perspective de santé publique, créant ainsi une base solide qui permettra au RMG de mettre au point des mesures concrètes.La consolidation et l'élargissement de la surveillance et le développement d'une " pandemic intelligence " plus large sont également des éléments clés de la capacité du pays à faire face aux crises futures. Des actions sont également menées en ce qui concerne le diagnostic, les services d'urgence et la communication des risques. La mise en oeuvre généralisée du numéro d'urgence 1733 en fait partie.Cet axe prend en compte les ressources financières pour la préparation, les mécanismes logistiques et la gestion des ressources critiques, ainsi qu'un personnel formé en suffisance. Le perfectionnement de la gestion du stock pharmaceutique stratégique est crucial à cet égard. Les diverses réformes engagées doivent contribuer, à terme, à une plus grande résilience du secteur des soins de santé. " Nous pouvons citer dans ce contexte les investissements majeurs dans les soins de santé mentale, le " New Deal " avec les médecins généralistes et l'injection massive de fonds dans l'Aide médicale urgente ", explique le SPF Santé publique. " Les investissements et les réformes concernant la politique en matière de personnel restent également des défis très importants. "