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Selon la fédération hospitalière, les hôpitaux psychiatriques n'ont pas de masques et de blouses de protection. "Or, comme ils n'en ont pas besoin en temps normaux, puisqu'ils ne traitent pas de pathologies le justifiant, ils n'ont pas - ou quasiment pas - de stocks, et vu la pénurie mondiale, ne savent s'en constituer. Certains en ont quelques centaines, mais pour beaucoup, cela se compte en dizaines. Les besoins, eux, s'évaluent en milliers! ", alerte Valérie Victoor, conseiller général de santhea. "Certains hôpitaux psychiatriques sont liés à un hôpital général qui, en fonction de ses moyens propres, extrêmement limités vu la pénurie qu'il doit gérer lui aussi, lui fait l'aumône de quelques masques. Est-ce là une solution ? Certainement pas ! Parce que se partager les miettes d'un gâteau reste un partage de misère... Par ailleurs, cette proximité d'un hôpital général a l'effet pervers que le personnel des hôpitaux psy voit de ses propres yeux que leurs collègues de l'hôpital général sont malgré tout en moins mauvaise posture."Santhea relaye auprès des autorités la demande des hôpitaux psychiatriques pour obtenir du matériel de protection, mais ceux-ci ne sont pas considérés comme prioritaires... "Et pourtant ! Ils ont l'obligation de garder en leur sein, en confinement, les patients Covid-19 positifs. Cela signifie qu'une bonne partie du personnel est de facto en contact avec le virus au quotidien, sans protection, ou avec un simple masque chirurgical dans les meilleurs cas. Résultats? Les hôpitaux psychiatriques doivent souvent gérer la panique d'une partie du personnel, et le taux d'absentéisme est en hausse ", prévient Valérie Victoor.En outre, certains patients psychiatriques éprouvent beaucoup de difficultés à appliquer -voire même à comprendre - les mesures d'hygiène Covid-19, ainsi que le fait que l'objectif même des consignes de confinement leur est parfois difficilement appréhendable. Une situation qui augmente évidemment sensiblement les risques d'une contagion."Les médecins eux-mêmes sont en mauvaise posture : les médecins généralistes (très peu nombreux à travailler avec les hôpitaux psy) ont, pour rappel, reçu consigne de ne pas entrer en contact avec les patients Covid-19 positifs, et de ne communiquer avec eux que par téléphone. Vous admettrez qu'avec des patients psychiatriques, c'est loin d'être idéal. Par ailleurs, les médecins psychiatres ne sont pas drillés aux traitements somatiques. Pour couronner le tout, il n'y a aucun monitoring des cas Covid-19 dans les hôpitaux psychiatriques. Cela signifie qu'un écho ne sera donné que lorsque la situation sera grave. C'est-à-dire trop tard ", souligne santhea.La fédération estime que la situation reste gérable pour l'instant "grâce à l'impressionnant dévouement du personnel des hôpitaux psychiatriques et au fait qu'aujourd'hui, aucun foyer épidémique n'y a été identifié."Santhea invite les autorités à l'action. "Le degré de civilisation et d'humanisme d'une société se mesure notamment à la manière dont elle prend en charge ses citoyens les plus vulnérables", rappelle Valérie Victoor.Christie Morreal, la ministre wallonne de la Santé, a annoncé récemment la distribution de 2,2 millions de masques chirurgicaux aux services dont elle a la compétence propre : les maisons de repos et les maisons de repos et de soins, les services d'aide aux familles, les résidences services, les centres de réadaptation fonctionnelle (revalidation), les services d'accueil et d'hébergement dans le secteur du handicap, les maisons de soins psychiatriques, les initiatives d'habitation protégée, les centres de planning familial, les relais sociaux, les maisons d'accueil et d'hébergement et les abris de nuit. Quid des hôpitaux psychiatriques ? " Ils ne dépendent pas du niveau régional, mais bien du niveau fédéral. Il est évidement légitime d'équiper les hôpitaux généraux qui doivent prendre en charge les patients Covid-19 les plus atteints, mais on ne peut pas abandonner les patients psychiatriques. La situation est actuellement maîtrisée, mais elle pourrait rapidement se dégrader ", prévient Valérie Victoor. Il y a 14.921 lits psychiatriques en Belgique, dont 4.085 en Wallonie, 830 à Bruxelles et 10.006 en Flandre. Cette problématique concerne donc potentiellement de nombreuses personnes.Vincent Claes