Interpellée une nouvelle fois mardi par le député MR Nicolas Janssen au sujet de l'absence de médecins cliniciens à la rédaction de l'EVRAS (éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle dans l'enseignement), la ministre de l'Enseignement Caroline Désir (PS) n'a pu que confirmer leur absence. Elle regrette cependant les réactions à chaud contre un Guide qui n'impose rien, n'est pas prosélyte et est là essentiellement pour aider les adolescents. En attendant, les polémiques pourraient avoir douché certains PO, syndicats et associations de parents.
L'EVRAS est " un moyen de favoriser la santé et le développement affectif, sexuel et relationnel de tous les jeunes ". Il a été proposé à sa généralisation dans l'enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles à l'usage non pas directement des jeunes mais des professionnels en contact avec les jeunes. Rappelons que dans la dernière version (2022) du Guide, sujet à polémiques, il prescrivait, dès 9 ans, de " se sentir libre d'envoyer des sextos et/ou des nudes dans le consentement " ou " de prendre des hormones (ou pas), recourir à des opérations chirurgicales (ou pas)... " et " de se questionner sur son identité de genre ". Ce qui a suscité la réaction d'un collectif de pédo-psychiatres, psychothérapeutes, sexothérapeutes, rejoint par 6.500 citoyens. Ils ont signé une Lettre ouverte adressée aux parents et à la ministre de l'Éducation de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir publiée dans La Libre et dans le jdM intitulée : " Non à l'hypersexualisation de nos enfants. "
Au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (PFWB), le député MR Nicolas Janssen s'était ému de l'absence de psychologues cliniciens parmi les nombreux contributeurs du Guide Evras.
Mardi dernier, il a réitéré son interrogation et regretté d'avoir eu à le faire trois fois : " ''Plus de 145 personnes présentant une expertise en EVRAS ont participé à la rédaction des textes, auxquelles s'ajoute une équipe de 50 relecteurs externes spécialisés en pédagogie et en santé'', mais les personnes que vous avez mentionnées n'incluent pas de cliniciens, ce qui fragilise la pertinence de ce support. Un clinicien est un médecin pratiquant l'étude et le traitement des maladies par l'examen direct des patients. Il s'agit d'une personne qui a étudié la psychologie, mais qui pratique la médecine et qui est régulièrement en contact avec des patients. Cette personne est donc informée de la réalité du terrain. Parmi ces 145 personnes et 50 relecteurs, combien de cliniciens y a-t-il? Des cliniciens ont-ils validé le guide, d'une manière ou d'une autre? Si ces professionnels n'ont pas encore été impliqués, quand et comment le seront-ils ? "
Les sextos supprimés
La ministre, dans sa réponse, a précisé que la fiche relative aux sextos a été supprimée. Concernant les cliniciens, par contre, " aucun [des contributeurs] n'avait effectivement un profil de clinicien, mais dans le cadre des travaux d'amélioration, des échanges ponctuels ont eu lieu avec des pédopsychiatres afin de diversifier encore les angles d'approche ".
Dans sa réponse, Caroline Désir met en perspective un Guide EVRAS dont elle affirme qu'il ne se veut pas du tout prosélyte ni ne veut imposer quoi que ce soit à qui que ce soit.
"Seuls des psychologues cliniciens pourront donner à l'EVRAS sa légitimité"
Au contraire : " Notre horizon politique, défini par nos majorités respectives, est très clairement celui de l'alliance du libre choix de chacun et du renforcement des conditions du vivre-ensemble, de la lutte contre les stéréotypes et de la valorisation du respect, de l'écoute et des différences. Cet horizon doit permettre de faire progresser l'EVRAS en Belgique francophone (...) Force est de constater que la polémique a polarisé les postures, alors que le travail des stratégies concertées avait justement permis d'éviter ce climat. C'est non seulement dommage, mais c'est aussi très dangereux, car certains n'ont plus de gêne à laisser penser que l'EVRAS serait une entreprise stratégique organisée au nom d'une soi-disant idéologie transgenre visant à faire des enfants soumis à l'obligation scolaire les transsexuels de demain. Soyons sérieux, restons responsables. Qui peut sérieusement soutenir des thèses pareilles ? (...) Nous voulons au contraire protéger l'EVRAS de toute influence idéologique, nous voulons offrir à nos enfants ce dont ils ont besoin pour grandir, ce qu'ils doivent savoir en toutes circonstances pour se protéger. Nous voulons les aider vis-à-vis des interrogations qu'ils ont, leur apprendre à rester ouverts, les préparer à faire les choix qui seront bons pour eux et à faire ces choix seuls pour eux-mêmes, sans que rien ne leur soit imposé dans leur vie personnelle et sans qu'ils soient tentés d'imposer des choses aux autres. "
La prudence s'impose
La nouvelle version du guide, avec quelques corrections et une nouvelle introduction est entre les mains de l'asbl O'YES et sera en ligne prochainement.
Toutefois, à la question de Marie Martine Schyns (Les Engagés) : " Est-ce qu'il y a désormais un accord de toutes les parties prenantes, à savoir les Pouvoirs organisateurs, les associations de parents et les syndicats ? ", la ministre a répondu que " en effet, à la suite de cette polémique, des acteurs n'ont pas donné leur accord ".
Dans sa réplique, Nicolas Janssen a souligné encore une fois que seuls des cliniciens pourront apporter la légitimité à ce guide. " Vous affirmez que nous devons éviter de polariser les postures, ce qui est également ma volonté et celle de beaucoup de personnes parmi celles qui ont réagi sur ce sujet. Je regrette d'avoir dû revenir trois fois vers vous pour entendre aujourd'hui qu'aucun clinicien n'a participé à la rédaction de ce guide. Bien évidemment, des professionnels ont contribué à la rédaction de ce guide et ils ont réalisé un très beau travail, mais, comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, la participation de cliniciens me semble indispensable pour donner au guide un maximum de légitimité. Cela devrait lui permettre d'obtenir le consensus et la crédibilité qu'il mérite. Madame la Ministre, vous l'avez constaté vous aussi, le sujet est sensible. Faisons tout ce que nous pouvons pour donner à ce guide autant de légitimité que possible. Nous constatons que des erreurs de ce type ont été commises dans une série de pays pionniers. Soyons suffisamment prudents et évitons un jour de devoir faire marche arrière sur certains sujets. "
L'EVRAS est " un moyen de favoriser la santé et le développement affectif, sexuel et relationnel de tous les jeunes ". Il a été proposé à sa généralisation dans l'enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles à l'usage non pas directement des jeunes mais des professionnels en contact avec les jeunes. Rappelons que dans la dernière version (2022) du Guide, sujet à polémiques, il prescrivait, dès 9 ans, de " se sentir libre d'envoyer des sextos et/ou des nudes dans le consentement " ou " de prendre des hormones (ou pas), recourir à des opérations chirurgicales (ou pas)... " et " de se questionner sur son identité de genre ". Ce qui a suscité la réaction d'un collectif de pédo-psychiatres, psychothérapeutes, sexothérapeutes, rejoint par 6.500 citoyens. Ils ont signé une Lettre ouverte adressée aux parents et à la ministre de l'Éducation de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir publiée dans La Libre et dans le jdM intitulée : " Non à l'hypersexualisation de nos enfants. "Au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (PFWB), le député MR Nicolas Janssen s'était ému de l'absence de psychologues cliniciens parmi les nombreux contributeurs du Guide Evras.Mardi dernier, il a réitéré son interrogation et regretté d'avoir eu à le faire trois fois : " ''Plus de 145 personnes présentant une expertise en EVRAS ont participé à la rédaction des textes, auxquelles s'ajoute une équipe de 50 relecteurs externes spécialisés en pédagogie et en santé'', mais les personnes que vous avez mentionnées n'incluent pas de cliniciens, ce qui fragilise la pertinence de ce support. Un clinicien est un médecin pratiquant l'étude et le traitement des maladies par l'examen direct des patients. Il s'agit d'une personne qui a étudié la psychologie, mais qui pratique la médecine et qui est régulièrement en contact avec des patients. Cette personne est donc informée de la réalité du terrain. Parmi ces 145 personnes et 50 relecteurs, combien de cliniciens y a-t-il? Des cliniciens ont-ils validé le guide, d'une manière ou d'une autre? Si ces professionnels n'ont pas encore été impliqués, quand et comment le seront-ils ? "La ministre, dans sa réponse, a précisé que la fiche relative aux sextos a été supprimée. Concernant les cliniciens, par contre, " aucun [des contributeurs] n'avait effectivement un profil de clinicien, mais dans le cadre des travaux d'amélioration, des échanges ponctuels ont eu lieu avec des pédopsychiatres afin de diversifier encore les angles d'approche ".Dans sa réponse, Caroline Désir met en perspective un Guide EVRAS dont elle affirme qu'il ne se veut pas du tout prosélyte ni ne veut imposer quoi que ce soit à qui que ce soit.Au contraire : " Notre horizon politique, défini par nos majorités respectives, est très clairement celui de l'alliance du libre choix de chacun et du renforcement des conditions du vivre-ensemble, de la lutte contre les stéréotypes et de la valorisation du respect, de l'écoute et des différences. Cet horizon doit permettre de faire progresser l'EVRAS en Belgique francophone (...) Force est de constater que la polémique a polarisé les postures, alors que le travail des stratégies concertées avait justement permis d'éviter ce climat. C'est non seulement dommage, mais c'est aussi très dangereux, car certains n'ont plus de gêne à laisser penser que l'EVRAS serait une entreprise stratégique organisée au nom d'une soi-disant idéologie transgenre visant à faire des enfants soumis à l'obligation scolaire les transsexuels de demain. Soyons sérieux, restons responsables. Qui peut sérieusement soutenir des thèses pareilles ? (...) Nous voulons au contraire protéger l'EVRAS de toute influence idéologique, nous voulons offrir à nos enfants ce dont ils ont besoin pour grandir, ce qu'ils doivent savoir en toutes circonstances pour se protéger. Nous voulons les aider vis-à-vis des interrogations qu'ils ont, leur apprendre à rester ouverts, les préparer à faire les choix qui seront bons pour eux et à faire ces choix seuls pour eux-mêmes, sans que rien ne leur soit imposé dans leur vie personnelle et sans qu'ils soient tentés d'imposer des choses aux autres. "La nouvelle version du guide, avec quelques corrections et une nouvelle introduction est entre les mains de l'asbl O'YES et sera en ligne prochainement.Toutefois, à la question de Marie Martine Schyns (Les Engagés) : " Est-ce qu'il y a désormais un accord de toutes les parties prenantes, à savoir les Pouvoirs organisateurs, les associations de parents et les syndicats ? ", la ministre a répondu que " en effet, à la suite de cette polémique, des acteurs n'ont pas donné leur accord ".Dans sa réplique, Nicolas Janssen a souligné encore une fois que seuls des cliniciens pourront apporter la légitimité à ce guide. " Vous affirmez que nous devons éviter de polariser les postures, ce qui est également ma volonté et celle de beaucoup de personnes parmi celles qui ont réagi sur ce sujet. Je regrette d'avoir dû revenir trois fois vers vous pour entendre aujourd'hui qu'aucun clinicien n'a participé à la rédaction de ce guide. Bien évidemment, des professionnels ont contribué à la rédaction de ce guide et ils ont réalisé un très beau travail, mais, comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, la participation de cliniciens me semble indispensable pour donner au guide un maximum de légitimité. Cela devrait lui permettre d'obtenir le consensus et la crédibilité qu'il mérite. Madame la Ministre, vous l'avez constaté vous aussi, le sujet est sensible. Faisons tout ce que nous pouvons pour donner à ce guide autant de légitimité que possible. Nous constatons que des erreurs de ce type ont été commises dans une série de pays pionniers. Soyons suffisamment prudents et évitons un jour de devoir faire marche arrière sur certains sujets. "