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L'annonce du nouvel exploit vient d'être faite, trois mois après l'intervention réalisée en décembre dernier par l'hôpital Tygerberg du Cap et l'Université de Stellenbosch. Cette intervention, qui a duré neuf heures, a eu lieu dans le cadre d'une étude pilote sur les conséquences des circoncisions bâclées. Chaque année, à la fin de leur adolescence et à l'issue d'un séjour initiatique de plusieurs semaines au coeur de la brousse, des milliers de jeunes hommes de tribus sud-africaines, en particulier les Xhosa, l'ethnie dont était issu Nelson Mandela, obéissent à ce rituel de passage à l'âge adulte. Un rituel qui peut mal tourner. Ainsi, entre 2008 et 2013, près de 500 jeunes gens sont décédés à cause d'infections ou de gangrènes. D'autres survivent, mais ils perdent à vie l'usage de leur pénis. " Pour un garçon de 18 ou 19 ans, la perte de son pénis peut être un traumatisme profond ", a souligné le Pr Andre van der Merwe, le chef de l'unité d'urologie à l'Université de Stellenbosch. " A cet âge-là, la victime n'a pas forcément la capacité psychologique de gérer cet accident. " La principale difficulté pour les chirurgiens a été de trouver un donneur compatible, ce qui a été le cas avec une personne décédée qui avait accepté de donner ses organes. On sait par ailleurs qu'ils ont eu recours, tout en les adaptant, à certaines des techniques utilisées en France pour la première greffe de visage. Le greffé, un jeune homme de 21 ans, dont l'identité est gardée secrète par respect pour sa vie privée, se porte bien. Il a recouvré toutes les fonctions urinaires et reproductives de son organe, a précisé le Pr Frank Graewe, chef du département de chirurgie reconstructive à Stellenbosch. Dans le cadre du projet pilote, neuf autres patients sont sur une liste d'attente en vue de bénéficier d'une transplantation de pénis mais la date de leur opération n'a pas encore pu être fixée. Les médecins estiment qu'une telle transplantation pourrait être étendue aux hommes dont le pénis a dû être enlevé après un cancer et, en dernier recours, à ceux qui souffrent de dysfonction érectile grave.