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" D'une part, nous sommes intervenus auprès de victimes sur des attentats multi-sites et relativement concomitants, à Paris, porte de Châtillon, à Dammartin-en-Goële et porte de Vincennes, alors que rien ne nous disait - ni ne nous dit encore - que d'autres événements n'allaient pas survenir ; d'autre part, nous avons pris en charge un immense bouleversement populaire après les tirs, pour la première fois en France, contre des journalistes et un journal, une action qui a attenté à une icône du grand public, quelque chose comme l'âme du pays, au coeur de nos valeurs. "Dans ce contexte, deux difficultés majeures ont dû être surmontées, mobiliser les moyens suffisants et les coordonner, écrit Le Quotidien. " Une quarantaine de permanents du SAMU et de volontaires de l'EPRUS, des psychiatres pour un tiers d'entre eux, des psychologues et des infirmiers, ont été envoyés sur les différents sites, soit la totalité des effectifs de la CUMP 75, renforcés par les CUMP des départements franciliens, sous l'égide de l'ARS [Agence régionale de santé]. Nous avons pris l'option de ne pas solliciter les CUMP de régions limitrophes, le Nord et le Centre, pour deux raisons : il fallait garder des réserves intactes et opérationnelles pour faire face à toute évolution. Et avant d'engager tout moyen supplémentaire, il est indispensable d'être en capacité de les coordonner, faute de quoi, avec un trop grand nombre d'intervenants, on nuit à la qualité des soins. "" Jusqu'à 200 victimes le premier jour " " D'abord prises en charge dans l'immeuble de Charlie Hebdo, les personnes pouvant présenter un traumatisme psychologique ont été regroupées sur une plateforme à l'Hôtel-Dieu, un établissement choisi pour sa proximité avec la Préfecture de Police ainsi que pour la disponibilité des urgences psychiatriques. Il a donc fallu harmoniser deux cultures médicales, celle de la CUMP et celle des urgences psychiatriques hospitalières. On a improvisé des réglages et des ajustements pour mettre au point un modèle de prise en charge médico-psychologique inédit, alors que le flux de victimes continuait à augmenter : jusqu'à 200 le premier jour, avec les salariés de l'immeuble du journal qui connaissaient personnellement les dessinateurs tués, puis, très vite, les voisins de la rue Nicolas-Appert, qui avaient entendu les coups de feu. "La cellule d'urgence a ensuite dû gérer les parents des 1.000 élèves des deux écoles de Dammartin-en-Goële qui étaient en état de choc.Pour la première fois, explique le Dr Cremniter au Quotidien, des professionnels des CUMP, pourtant habitués à entendre des horreurs, ont été frappés d'épuisement.Le Pr Cremniter s'interroge : " Avons-nous été à la hauteur des événements ? Franchement, je ne le pense pas ; je me demande en particulier si nous n'aurions pas dû faire appel aux renforts d'autres cellules... "