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" Nous avons un point commun avec le PS et Monsieur Labille : nous partons du postulat que notre système de santé actuel est performant et l'un des meilleurs systèmes d'Europe. Les patients sont satisfaits à 90 % de notre système, ce qui est déjà, à mon sens, un bon point de départ, mais nous n'avons malheureusement pas la même vision de la gestion d'une politique de santé.Il s'offusque de notre volonté, en tant que politiques, de maîtriser la norme de croissance. Il n'est en aucun cas stipulé dans notre programme de diminuer les coûts ou de couper le budget de la santé. C'est faux et mensonger. Je rappelle tout de même que sous ce gouvernement Vivaldi, la norme de croissance a été rabotée à 2 % parce qu'il y a une prise de conscience que nous allons droit dans le mur en augmentant de manière considérable le budget sans aucune trajectoire ni objectifs de santé. Cette réduction est couplée certes à la mise en place d'autres mesures, dont un refinancement de la première ligne et une réforme de l'aide médicale urgente, annoncée pour 2025. Je ne parle même pas d'autres propositions populistes comme la suppression des suppléments d'honoraires, des tickets modérateurs pour toutes les consultations chez les médecins généralistes, les psychologues de première ligne ainsi que les soins préventifs et d'autres frais chez les dentistes. Je rappelle que les suppléments d'honoraires, c'est une recette estimée à 600 millions d'euros pour les hôpitaux, qui cherchent des financements structurels et sont malheureusement en difficulté financière selon l'étude MAHA. L'interdiction des suppléments et la gratuité pour tous, donc à la charge de l'État et du contribuable, est-elle la solution à long terme ? Bien évidemment que non.Le PS propose donc de fixer à minimum 3 % la norme de croissance du budget des soins de santé entre 2025 et 2029, mais sont-ils conscients que leur ministre socialiste l'a rabaissée sous ce gouvernement ?Je constate que le budget est de 46 milliards d'euros. Entre 2016 et 2024, le budget de l'Inami a augmenté de 10 milliards. Est-ce que l'efficience a été augmentée ? Le FMI (2023) dit que notre système de santé pourrait aboutir aux mêmes résultats en étant 20 % à 30 % moins cher. Des réformes de notre fonctionnement doivent avoir lieu en parallèle, comme sur le financement et les réseaux hospitaliers, pour tendre vers plus d'efficience dans l'organisation. Pour rappel, le taux de croissance nominal (le vrai taux de croissance des soins de santé) n'a pas diminué non plus sous le gouvernement Michel. Le MR ne veut pas couper dans les soins de santé, mais limiter la croissance des dépenses et déterminer les dépenses en fonction des besoins réels. Il y aura bien entendu des investissements dans les outils digitaux et l'IA, qui diminueront les tâches administratives des soignants et garantiront un temps de qualité entre patient et soignant, ainsi que dans la prévention, qui doit être une cause nationale. La Belgique consacre seulement 1,6 % de ses dépenses de santé aux programmes de prévention, ce qui est bien inférieur à la moyenne de l'Union européenne (2 %) et de l'OMS (5 %).Les vrais enjeux de notre société, au-delà des débats inutiles entre partis à quelques jours des élections, sont de garantir un médecin de famille très tôt et dès l'école, un médecin référent pour chaque patient. Seuls 64 % des Bruxellois ont un Dossier Médical Global géré par leur médecin, contre 70 % en Wallonie et 86 % en Flandre.Nous devons proposer des consultations de prévention, agir efficacement sur les comportements pouvant avoir des conséquences terribles par la suite, comme l'alcool, le tabac, l'obésité, les facteurs cardiovasculaires, et permettre très tôt des dépistages sur ces facteurs. Nous défendrons un plan d'action national d'urgence de lutte contre les maladies cardiovasculaires. Il y a 52 AVC/jour en Belgique, avec un coût sociétal de 5 milliards d'euros et nous devons réagir rapidement.Nous voulons notamment un plan stratégique pour augmenter le taux de participation au dépistage des différentes maladies et particulièrement pour le cancer du sein, dont le taux de dépistage est seulement de 4 % en Wallonie, ce qui est très faible.Nous voulons reconnaître la pénibilité de certains métiers infirmiers et valoriser les compétences infirmières, défendre un plan d'attractivité pour recruter du personnel, et demander des maîtres de stage rémunéré au sein des hôpitaux. En Wallonie et à Bruxelles, le nombre d'étudiants inscrits pour l'année 2023-2024 en bachelier "infirmier responsable en soins généraux" est de 2.491 contre 3.325 en 2014. Il faut développer des liens forts avec l'enseignement, un meilleur accompagnement des stagiaires et une revalorisation de leurs référents et une revalorisation des infirmiers spécialisés,Concernant la pénurie de personnel médical, il faut donner des bonus aux médecins stagiaires qui s'installent dans les zones en pénurie, mais aussi permettre aux médecins stagiaires de faire leurs stages dans des régions reculées et en manque de médecin.Nos positions divergent sur ces aspects, mais sortir les griffes à quelques jours des élections en disant que le MR est contre tout investissement et veut couper dans le budget de la santé n'est pas une manière de faire grandir le débat. Nous sommes persuadés que nous avons un programme qui correspond aux attentes de nos électeurs et du monde médical car il est vrai et transparent contrairement à certains. "