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C'est véritablement de guerre lasse que Jean-Claude Marcourt, ministre de l'Enseignement supérieur, se résout à mettre en place une sélection en médecine. Le paradoxe est flagrant : un ministre socialiste philosophiquement rétif à une planification et favorable à la liberté d'inscription et une ministre fédérale libérale qui tient mordicus à des quotas. On connaît les arguments de Jean-Claude Marcourt : les pénuries de médecins sont à nos portes, on importe des centaines de médecins étrangers (preuve qu'on en trouve plus) et un pourcentage substantiel d'étudiants (essentiellement français) rentreront au pays et n'utiliseront pas leurs numéros Inami.Dans ces conditions, le ministre a exigé, comme monnaie d'échange, la mise en place par le Fédéral d'un cadastre " dynamique ". Il entend par là un cadastre évolutif qui tienne compte de la féminisation, de la disparition du sacerdoce médical (il faut 1,5 médecin d'aujourd'hui pour remplacer un médecin d'hier), de la moyenne d'âge des médecins en activité (plus élevée en Wallonie) et du fait qu'un certain nombre de médecins feront carrière dans l'administration, dans la recherche et dans les laboratoires pharmaceutiques.Dans les allées du pouvoir, on parle de cadastre " robuste " c'est-à-dire fiable. Tenant compte de ces éléments, Marcourt pense qu'on pourrait accorder 30% de numéros Inami supplémentaires.Il est donc acquis pour le ministre qu'un concours sera mis en place à l'issue de l'année académique 2015-2016 sous la forme d'un numerus fixus. Autrement dit, quels que soient les résultats de l'étudiant et même s'il a réussi, seul un nombre d'étudiants proportionnels aux numéros Inami disponibles, aura le droit de passer en 2e BAC.Jean-Claude Marcourt rejette donc l'idée du Cium (Comité interuniversitaire des étudiants en médecine) d'accorder deux types d'attestation : A pour la médecine de terrain et B pour ceux qui poursuivraient leurs études sans espoir de pratiquer au sein de la sécu. Marcourt estime en effet que les années qui nous précèdent (et notoirement l'année 2014) ont été trop cruelles envers des jeunes qui osent se lancer dans la carrière de médecin. Le cursus est suffisamment astreignant pour qu'on cesse de leur donner de faux espoirs.Le concours en fin de 1er BAC a été choisi en négociation avec les doyens et les recteurs. Cette solution a été retenue de préférence avec le concours d'entrée à la Flamande pour permettre aux étudiants provenant de collèges et d'athénées de niveau insuffisant de s'adapter aux exigences universitaires.Quels seront les contours de ce concours en fin d'année ? Ce qui est sûr c'est qu'il portera sur des matières " médicales " et non pas sur des mesures de capacité. L'examen obligatoire non contraignant de janvier est en ballotage tandis que la possibilité de dédoublement de la première année pour les étudiants ayant moins de 8/20 pose manifestement problème dans ce nouveau canevas. La nouveauté est que le ministre ne conditionne plus la publication du décret portant sur le concours à la mise en place du cadastre " robuste ". " Nous prenons nos responsabilités. Le décret sera appliqué quelles que soient les avancées faites par Maggie De Block. "Cela signifie-t-il que les ministres cessent de se renvoyer la balle?Contactée par le Jdm, la porte-parole de la ministre De Block confirme que la mise en place du cadastre est la priorité de son administration. Toutefois, il faudra bien partir des données existantes et donc du cadastre provisoire en la possession de la Santé publique.Concernant le système de sélection, le cabinet De Block insiste pour qu'on vérifie qu'il s'agisse d'un véritable filtre qui ne laisse plus passer que le nombre d'étudiants correspondant aux quotas fédéraux. Un groupe de travail sera mis en place. Il travaillera de concert avec les entités fédérées qui se réuniront avec le Fédéral pour examiner l'efficacité des filtres. Les systèmes mis en place devront " tenir debout ", insiste-t-on au cabinet De Block. Le système proposé par la Fédération Wallonie-Bruxelles passera donc sous les fourches caudines de ce " comité interministériel " tout comme le système mis en place par la Flandre qui a, rappelons-le, également débouché sur des étudiants en surplus.On peut donc conclure que le dossier avance bien mais que des incertitudes demeurent qui dépendent étroitement de la... robustesse des filtres qui seront proposés par les entités fédérées.