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Au Parlement flamand, la ministre de l'Enseignement Hilde Crevits (CD&V), interpellée par la députée N-VA Koen Daniëls (N-VA) qui lui demandait comment elle comptait éviter que les étudiants flamands soient les victimes du nouveau quota, n'a pas botté en touche. Elle a à nouveau taclé l'absence de réelle politique de contingentement au sud du pays pendant des années. La ministre Crevits a également émis des doutes sur l'épreuve de sélection en fin de 1er BAC mis en place pour la première fois cette année en Région Wallonie-Bruxelles, par le ministre francophone de l'Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt. "Nous ne sommes pas du tout sûrs que le filtre va fonctionner et déjà des étudiants le combattent."L'Open-VLD Freya Saeys a en revanche défendu la politique de la ministre De Block : "Pour la première fois, on corrige les choses. L'objectif de la ministre est de déduire 194 places du côté francophone sur une période de 7 ans (lissage négatif) pour en ajouter 56 côté flamand (lissage positif). La nouvelle clé est donc équilibrée car elle met fin à un problème de surnombre historique de francophones depuis des années." Rappelons toutefois qu'en 2022, les universités francophones pourront accorder 575 numéros au lieu de 492. Sur le front de l'épreuve de sélection à l'issue du 1er BAC justement, on attendait un communiqué commun des doyens mercredi dernier à l'issue d'une réunion mise en place pour la circonstance. Mais, étrangement, rien n'est sorti jusqu'à présent. Les résultats globaux (puisque les universités pour des raisons budgétaires veulent éviter de publier des résultats par université) sont donc inconnus pour le moment. Pourtant déjà des témoignages de reçus-collés (qui ont réussi leur session mais pas l'épreuve) sont publiés par la presse mainstream. Leur nombre important pourrait expliquer le silence des doyens pour le moment. Selon des sources étudiantes et donc, insistons sur ce point, sous réserve de confirmation par le conseil des doyens, ils seraient 29 à Liège, 38 à Mons, 70 à Namur. Il n'y en a aucun à l'ULB bien sûr et les chiffres pour l'UCL ne sont pas encore connus. Une situation qui crée des réactions émotives compréhensibles. Ainsi, ce témoignage dans l'Avenir d'une maman d'une étudiante de l'UMons qui a réussi mais qui est recalée car hors le quota de 67 numéros. Et de reprendre les arguments économiques entendus dans les années 80 : la ministre De Block et les syndicats médicaux souhaitent la pénurie pour négocier des honoraires plus élevés. Sur quelle base, les reçus-collés pourraient-ils intenter des actions ? Selon le Cium, une porte juridique qui leur est ouverte est d'arguer que le décret Paysage de Jean-Claude Marcourt permet le passage en 2e avec seulement 45 crédits. La FEF (Fédération des étudiants francophones) les soutiendra quel que soit le cas de figure. Selon le Dr Quentin Lamelyn, porte-parole du Cium, des actions en justice, notamment à Mons, sont inévitables. Au niveau des reçus-collés, la frustration domine. "Lorsqu'on est 69e sur 67, on peut le comprendre. Il y a aussi ce sentiment d'être sacrifiés pour qu'on puisse donner des numéros à ceux qui passent en 3e", pointe Quentin Lamelyn. "Toutefois, la majorité des étudiants se résout au fait que l'épreuve est un mal nécessaire."Un examen à la Flamande ? "Il diminuerait peut-être le sentiment de frustration mais il produit des surnuméraires. De plus, axé sur des matières non médicales, il est socialement plus injuste, surtout transposé dans le contexte plus inégalitaire des Humanités en francophonie. Nous sommes ouverts à tout mais une année propédeutique est également coûteuse." Le Cium voit toutefois un ultime avantage à un examen à l'entrée : il expurgerait les matières générales (math, chimie, physique) ce qui libérerait le 1er quadrimestre et permettrait de faire plus de stages en fin d'année.