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L'une de ces propositions, qui paraît aussi inquiétante qu'absurde, est l'idée d'utiliser des ingénieurs civils pour administrer des vaccins. Si nous jugeons cette proposition ridicule, la question se pose de savoir pourquoi une idée similaire - à savoir, l'administration du vaccin contre la grippe par des pharmaciens - est considérée comme moins absurde.Il est essentiel de reconnaître que le maintien de responsabilités adéquates au sein des soins de santé est vital pour la sécurité et la qualité des soins. Les pharmaciens, malgré leur rôle précieux en pharmacie, n'ont tout simplement pas la formation ni l'expertise spécifiques requises pour administrer des vaccins de manière sûre et efficace. La question reste donc posée : pourquoi cette idée revient-elle encore et encore ? Peut-être est-ce parce qu'on constate une évolution similaire à l'étranger, dans certains pays où les soins de santé sont organisés de manière tout à fait différente.En Belgique, nous avons veillé, nous les médecins, à ce que les soins de santé soient particulièrement accessibles. Les tarifs, surtout dans les soins primaires, ne constituent pas un obstacle. N'y a-t-il donc pas assez de cabinets ? Non, ce n'est pas le cas non plus (certains le prétendent, mais j'y reviendrai plus loin). En d'autres termes, il n'y a aucune raison de devoir faire cela, si ce n'est que les pharmaciens sont apparemment des amis proches du ministre qui les favorise à maintes reprises.En tant que syndicat de médecins, nous nous engageons également à garantir la meilleure qualité des soins aux patients. Si l'on ne peut nier l'importance d'un large accès à la vaccination, il existe des raisons spécifiques pour lesquelles ce transfert de responsabilité du médecin généraliste vers le pharmacien n'est pas une bonne idée.Tout d'abord, nous tenons à souligner que la mission de prévention au sein du système de soins de santé a toujours clairement incombé au médecin généraliste. Le généraliste joue un rôle essentiel en assurant la santé tant des individus et que des communautés par le biais de soins préventifs, y compris la vaccination. C'est lui qui dispose du dossier médical complet du patient, et peut déterminer la stratégie de vaccination la plus appropriée en fonction des antécédents médicaux individuels et des éventuels facteurs de risque. De plus, le généraliste a pour mission d'atteindre la couverture vaccinale la plus élevée possible au sein de sa population.Autre point inquiétant, le fait de permettre aux pharmaciens de devenir à la fois prescripteurs et administrateurs du vaccin antigrippal entraîne un chevauchement évident des rôles et des responsabilités (ce qui, soit dit en passant, est déjà interdit par la loi depuis le 12 avril 1958). La prescription de médicaments et l'administration de vaccins sont des aspects différents de la pratique médicale, qui doivent rester séparés pour garantir la sécurité et l'efficacité des soins. Le fait de confier ces tâches à une seule personne peut créer des conflits d'intérêts potentiels qui compromettent la qualité des soins. Par exemple, l'administration d'un vaccin de qualité inférieure qui rapporte plus d'argent au pharmacien.De plus, il existe un conflit important entre le champ d'activité des médecins généralistes et celui des pharmaciens. Bien que les deux professions jouent un rôle important dans les soins de santé, leurs responsabilités et leurs domaines d'expertise sont clairement différents. Introduire le pharmacien pour administrer les vaccins antigrippaux pourrait entraîner une confusion et une perturbation des processus de travail, ce qui finirait par nuire à la qualité et à la coordination des soins.Un dernier point à souligner est que les pharmaciens ne sont pas spécifiquement formés pour faire face aux situations urgentes qui peuvent survenir lors de l'administration des vaccins. La gestion des complications ou des effets secondaires potentiels nécessite des connaissances, une expérience et une formation spécifiques aux situations médicales aiguës. En général, les pharmaciens n'ont pas effectué de stages dans des hôpitaux ou d'autres établissements de soins de santé où ils sont exposés à de telles situations, ce qui constitue un risque potentiel pour la sécurité des patients.Ah oui, revenons sur l'aspect " Y a-t-il assez de cabinets de médecins généralistes pour cette tâche ? " Si le ministre prenait le temps d'écouter deux secondes le besoin d'une pratique moderne, il saurait que nous demandons une infirmière de cabinet depuis des années. Actuellement, cette fonction est réservée aux médecins qui entrent dans le New Deal, ce qui constitue une discrimination pure et simple. Une infirmière de cabinet pourrait soutenir les pratiques actuelles, en donnant aux médecins suffisamment de temps pour leurs tâches essentielles, y compris la vaccination. Par ailleurs, nous demandons depuis longtemps la suppression des certificats inutiles. Vive le crocodile bleu ! Mais là encore, rien ne change. Et on nous demande de laisser les pharmaciens accomplir l'une de nos tâches essentielles ? Merci...Nous tendons donc la main à nos collègues des autres syndicats pour former un front uni et faire clairement comprendre qu'il s'agit d'une ligne rouge qu'il vaut mieux ne pas franchir. Convenons donc d'actions communes, au cas où cette idée folle serait poussée plus loin. * Les intertitres sont de la rédaction.