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Le médecin, comme tout citoyen, est un utilisateur (parfois frénétique) des nouveaux canaux numériques. Une occasion pour le CN de l'Ordre d'émettre une série de recommandations dans un avis récent disponible sur le site public de l'Ordre." Ces recommandations ont été élaborées avec la Koninklijke Nederlandsche Maatschappij tot bevordering der Geneeskunst , la British Medical Association et General Medical Council, et le Conseil européen des Ordres des médecins en termes de télémédecine", précise l'Ordre. Sites internets L'avis du CN porte, en premier lieu, sur les sites internet. Toujours frappé par l'interdiction de publicité pour son cabinet, le médecin est invité à n'indiquer sur son site internet que des informations de pure forme tels ses nom et prénom, titres officiels légaux, spécialité, photo du médecin " aux dimensions raisonnables ", adresse et horaires du cabinet, téléphone et emails (mais pas à des fins médicales type certificats), conventionnement et tarifs, une photo de l'accès au cabinet et éventuellement un logiciel de prise de rendez-vous.La publication des rôles de garde est évidemment permise mais tenant compte de l'organisation du cercle et des évolutions du rôle de garde.Si un médecin crée un site internet, il doit le faire dans le respect de la loyauté envers ses confrères et être circonspect dans le choix du nom et de l'adresse URL.Sont proscrites des informations relevant de la publicité déguisée : tarif comparatif des honoraires, incitation à des traitements superflus, publication de conférence à but commercial, témoignages de patients, données protégées par le secret médical, cookies, etc.Le site internet doit en tout état de cause être soumis à l'approbation du conseil provincial.Si le médecin cherche des patients pour une étude clinique, il peut le faire mais sans mentionner le promoteur ni faire de la publicité pour celui-ci. Réseaux sociaux Le CN aborde ensuite la problématique des médecins actifs sur les médias sociaux (Twitter, Facebook, blogs, etc.). La présence des médecins sur ses sites est à peu près libre mais les thérapeutes doivent être conscients des risques y afférents. Discuter notamment de cas médicaux pratiques requiert une certaine prudence eu égard à la confidentialité. En effet, sur la toile, on peut plus facilement rassembler des informations éparses sur un patient et l'identifier. Il y a alors violation du secret professionnel.Les médecins seront particulièrement attentifs lorsqu'ils acceptent des " amis " sur Facebook de ne pas mélanger relation professionnelle et personnelle, une frontière qu'il n'est pas aisé de maintenir étanche sur ce type de réseau surtout lorsque les médecins y évoluent en tant que simple citoyen (on se permettra d'ajouter à l'avis de l'Ordre que l'expression d'opinions politiques sur des sujets sensibles peut parfois prêter à confusion).Les médecins peuvent à cet égard utiliser des avatars et pseudonymes mais uniquement dans la sphère privée, jamais dans la sphère professionnelle.Le CN met en garde les médecins sur le fait qu'ils ne maîtrisent pas, comme sur leur site internet personnel, la publication (et surtout le retrait) des informations sur leurs patients. L'Ordre recommande " de ne jamais publier, sur des médias sociaux, des informations (professionnelles et privées) susceptibles de suivre leur propre chemin, voire d'être retirées de leur contexte ".Les médecins ont le devoir d'adapter en permanence les paramètres du respect de la vie privée aux évolutions des paramètres de protection de la vie privée des réseaux sociaux eux-mêmes. " En cas d'impossibilité de les adapter afin de rendre l'utilisation du média social conforme aux obligations déontologiques, le médecin doit (faire) détruire son compte et son contenu. " Forums L'Ordre encourage ses ouailles à débattre sur internet. Mais leur liberté d'expression n'est pas absolue. Il incombe aux médecins d'anticiper les torts qu'ils pourraient causer à leurs patients via des discussions informelles et apparemment anodines. Le médecin doit être prudent lorsqu'il commente ou répond à une information de type médical publiée même librement par un patient. En parallèle, " si un médecin a une critique à formuler sur un confrère, il doit d'abord en référer au confrère en question ". Sur internet, les règles en matière de diffamation s'appliquent.Vient ensuite tout le champ de la télémédecine, qui offre à boire et à manger.Quid par exemple de l'avis par téléphone ? Pour apporter une réponse suite à une consultation par exemple, cela ne pose pas de problème. " En revanche, la demande d'un conseil par téléphone, en cas de maladie aiguë, pour éviter une consultation, est en train de devenir une réalité quotidienne qu'il faut freiner dans la mesure du possible. " D'autant que ces coups de téléphone perturbent souvent le médecin dans sa consultation et... ne sont pas rétribués.Face à un patient inconnu lors d'une garde, l'avis ne peut qu'être bref et prudent. Il ne convient évidemment pas aux cas aigus.Les médecins sont aussi de plus en plus sollicités par des demandes d'avis médical par emails. L'Ordre recommande que le médecin en reste à des explications qui complètent le diagnostic posé en consultation ou en visite et uniquement pour des patients connus du médecin.L'envoi électronique d'une prescription est admise mais via Recip-e. " L'envoi électronique au patient d'un renouvellement d'ordonnance est également autorisé. Le fait de renouveler une prescription fait, en effet, partie d'un traitement prolongé pour lequel le patient est déjà venu en consultation. En pareil cas, il peut suffire, moyennant des garanties de sécurité et de secret médical, d'envoyer ce renouvellement par voie électronique au patient. " Télémonitoring Le télémonitoring à distance est permis mais moyennant une rétribution équitable à discuter avec le patient (gestion des alarmes et analyse par le médecin de la qualité du produit mis à disposition).La vidéoconférence en matière de soins de santé à domicile de patients chroniques est encouragée mais la liaison doit être sécurisée et le patient doit pouvoir en sortir à tout moment. Idem pour les applis médicales qui fleurissent sur le marché.Le CN souligne le progrès scientifique que constitue la concertation entre médecins par cette voie. Mais "une telle vidéoconférence doit cependant toujours se tenir entre des médecins qui, chacun de leur côté, peuvent garantir le respect de la vie privée du patient. Dès lors, cette vidéoconférence ne peut avoir lieu que dans les mêmes conditions (déontologiquement justifiées) qu'une concertation physique et requiert au moins la vérification de l'identité de l'interlocuteur ainsi que la preuve de son statut de médecin. "Enfin, le CN souligne qu'en matière d'enregistrement de copies de dossier sur le " cloud ", le médecin ne saurait être trop prudent de s'assurer que ces données soient stockées via des mesures de sécurité adéquates. AWIPH, etc. Le conseil national a également émis un avis sur les données de santé tranmises notamment à l'Awiph. Le CN recommande chaudement les médecins à transmettre, via le ehealthbox, des informations sur des institutions telles que l'AWIPH, le Centre d'aptitude à la conduite et d'adaptation des véhicules de l'Institut belge pour la sécurité routière (le CARA), l'Administration de l'expertise médicale (MEDEX) et l'Inami. Ces administrations offrent toutes les garanties de confidentialité, estime l'Ordre.