...

En France, on passe en moyenne 21 années en mauvaise santé constate Anthony Fardet. L'homme souligne que la mauvaise alimentation est la première cause de mortalité dans son pays en provoquant, directement ou indirectement, près d'un décès sur trois. L'incidence des maladies chroniques assure le chercheur.Selon l'OMS, les épidémies de diabète de type 2 et d'obésité ne cessent de progresser dans le monde. En 2014, la prévalence mondiale du diabète était estimée à 9% chez les adultes âgés de 18 ans et plus alors qu'1,9 milliard d'adultes - soit 35 % de la population mondiale - étaient en surpoids. Le Dr Fardet pointe en outre le fait que le diabète et l'obésité constituent des portes d'entrée vers d'autres maladies chroniques comme les cancers et les maladies cardiovasculaires, mais aussi l'ostéoporose et la sarcopénie.La principale explication de la forte augmentation des maladies d'industrialisation, que l'auteur nomme aussi maladies de prospérité, c'est la transition nutritionnelle que les pays occidentaux ont connu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. " En l'espace de 70 ans, nous sommes passés d'une alimentation traditionnelle riche en aliments peu raffinés et peu transformés mais aussi monotone, à une alimentation plus diversifiée mais riches en aliments d'origine animale, en aliments très caloriques, transformés, raffinés, recombinés, enrichis en sucres, sel et matières grasses, et souvent pauvres en composés protecteurs. Donc oui, je le dis haut et fort, la cause première de l'explosion des maladies chroniques est la part croissante des aliments ultra transformés dans notre alimentation, notamment ceux qui sont riches en sucres trop rapidement assimilables. "Anthony Fardet a donc choisi deux axes pour changer concrètement les choses : amorcer, par une approche holistique, des travaux utiles à la société pour enfin enrayer les épidémies d'obésité et diabète de type 2 et communiquer auprès du grand public afin d'améliorer l'éducation nutritionnelle de la population.En 2015, le chercheur se penche sur le rôle de la transformation des aliments sur la santé. Résultat? " L'alimentation moderne est le fruit d'une approche réductionniste qui a des effets pervers comme le fractionnement excessif des aliments naturels et la combinaison d'ingrédients à l'infini qui donne naissance à une foultitude d'aliments ultra transformés. "Partant de ce constat, Anthony Fardet propose trois règles d'or pour manger simple, éthique et durable : manger de vrais aliments, surtout des végétaux et des végétaux les plus variés possibles. L'auteur ne s'arrête pas là puisqu'il propose une nouvelle classification des aliments selon leur degré de transformation ainsi qu'un nouvel étiquetage nutritionnel. Le but : parvenir à des recommandations nutritionnelles efficaces qui pourront être proposées au plus grand nombre.Pour parvenir à cet objectif, Anthony Fardet mise également sur la recherche. Son combat : passer d'une recherche réductionniste à une recherche holistique. Le réductionniste nutritionnel, c'est quoi ? " C'est une approche de l'alimentation qui consiste à ne considérer les aliments que comme une somme de nutriments ou de calories parce que croit-on, pour expliquer un système complexe entier, il faut le fragmenter ou le décortiquer en entités isolés ", explique l'auteur. Ainsi, pour étudier l'effet d'un aliment sur la santé par exemple, il faut le fractionner en glucides, protéines, lipides, fibres, etc.L'auteur prône donc l'holisme par opposition à cette approche. Il considère l'aliment comme " un tout, un ensemble de nutriments qui agissent en synergie et un ensemble de nutriments encapsulés dans une matrice. Le potentiel santé d'un aliment ne dépend donc plus seulement de sa composition nutritionnelle, il dépend désormais aussi de sa structure physique. Cette matrice, il faut la protéger c'est-à-dire qu'il faut lui épargner des traitements trop drastiques, il faut la préserver de l'ultra transformation. " Une vision globale de l'aliment qui initie un changement de paradigme dans le chef du chercheur. " Elle conduit à une révision complète de notre conception de l'alimentation et de la nutrition humaine. Elle porte en elle une solution nouvelle et pérenne à nos problèmes de santé. "Une approche forcément clivante, en opposition à l'approche réductionniste. S'attaquer à la partie invisible multicausale (approche holistique) et non pas à la partie visible (approche réductionniste, le dogme), tel est le credo du chercheur, qui n'hésite pas à taper un grand coup dans la fourmilière d'une frange de la recherche qui a atteint ses limites, un peu trop, selon lui, le nez dans le guidon.