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Jusqu'à présent, nous savions que les personnes atteintes de diabète sont plus à risque de développer une forme grave du Covid-19 et donc de décéder à la suite de l'infection par le SARS-Cov-2. Toutefois, la relation entre la Covid-19 et le diabète serait à double sens. Un diabète d'apparition récente et des complications métaboliques graves du diabète préexistant, y compris une acidocétose diabétique et une hyperosmolarité pour lesquelles des doses exceptionnellement élevées d'insuline sont justifiées, ont en effet été observés chez des patients atteints de Covid-19.Tel est le constat établi par un groupe international de 17 grands spécialistes du diabète impliqués dans un consortium de recherche collaborative. (1)Les chercheurs rappellent que le SARS-CoV-2 se lie aux récepteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2), qui sont exprimés non seulement dans les poumons mais aussi dans les principaux organes et tissus métaboliques tels que le pancréas, les tissus adipeux, l'intestin grêle, le foie et les reins. Ainsi, il est plausible, selon eux, que le SARS-CoV-2 en pénétrant dans les tissus puisse provoquer des altérations pléiotropes du métabolisme du glucose qui pourraient compliquer la physiopathologie du diabète préexistant ou créer un nouveau diabète.D'après les chercheurs, il existe également plusieurs précédents favorables à une cause virale du diabète sujet à la cétose, y compris d'autres coronavirus qui se lient aux récepteurs ACE2. Une plus grande incidence de cas d'augmentation de glycémie à jeun et de diabète aigu ont été signalés chez les patients atteints de pneumonie SARS par rapport à ceux qui souffrent de pneumonie non-SARS.Enfin, une étude (2) réalisée sur des mini-organoïdes cultivés en laboratoire suggère que le virus peut endommager les cellules qui contrôlent la glycémie.Dans l'ensemble, ces observations étayent l'hypothèse d'un effet diabétogène potentiel de la Covid-19, au-delà de la réponse au stress bien connue associée à une maladie grave. Cependant, le mécanisme exact par lequel le virus influence le métabolisme du glucose n'est pas encore clair et on ne sait pas si les altérations persistent ou se résorbent après l'infection. On ignore aussi quelle est la fréquence du phénomène de diabète d'apparition récente et s'il s'agit d'un diabète classique de type 1 ou de type 2 ou d'un nouveau type de diabète. Autre question : est-ce que ces patients conservent un risque plus élevé de diabète ou d'acidocétose diabétique ? Et chez les patients atteints de diabète préexistant, la Covid-19 modifie-t-elle la physiopathologie sous-jacente et l'histoire naturelle de la maladie ?Répondre à ces interrogations est une priorité afin d'améliorer les soins cliniques immédiats, le suivi et la surveillance des patients affectés. Raison pour laquelle les experts impliqués dans le projet CoviDIAB sont en train de constituer un registre mondial des nouveaux cas de diabète chez les patients atteints de Covid-19. Cette initiative cherche à comprendre l'étendue et les caractéristiques des manifestations du diabète chez les patients Covid-19, ainsi qu'à élaborer les meilleures stratégies de traitement et de suivi des patients affectés pendant et après la pandémie.(références : (1) The New England Journal of Medicine, 12 juin 2020, doi : 10.1056/NEJMc2018688,(2) Cell Stem Cell, 19 juin 2020, 10.1016/j.stem.2020.06.015)