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A Bruxelles, la surcapacité hospitalière n'est que la conséquence de ces soigneux équilibres, indépendamment des besoins réels et nonobstant l'intérêt du patient. Il importait peu à nos aînés d'en calculer les conséquences financières puisque régnaient les Trente glorieuses, leur croissance économique permanente, leur plein emploi et la gabegie qui accompagne les signaux toujours au vert. Lorsque la bise fut venue, la cigale belge ne dansa pas, elle déchanta. Croissance en panne, chômage structurel, restrictions à tous les étages pendant pratiquement les 35 dernières années. Qui a oublié les sauts d'index des années Martens-Gol ? Le monde de la santé - puisqu'il s'agit de notre plus grand trésor - a réagi avec un peu de retard. Mais il ne peut plus reculer aujourd'hui. C'est le temps des vaches maigres. Tout le monde devra contribuer à l'effort. Une part substantielle voire envahissante des discussions dans les instances de concertation porte désormais sur les économies. D'où la rencontre au sommet entre Maggie De Block et les syndicats médicaux cette semaine pour plancher sur le nouveau serpent de mer: le financement hospitalier d'inspiration all-in qui agite les bancs des Masters en management hospitalier (lire ci-après). Il en faudra du courage politique pour remettre au vert les comptes des hôpitaux sans casse sociale ni sanitaire. Des " synergies " sont attendues, en particulier dans le monde hospitalier, un des postes les plus dispendieux des soins de santé. Les hôpitaux de petite taille n'ont que le choix de s'allier ou de disparaître, même si le voisin est philosophiquement incompatible. Les fusions se poursuivront. S'adosseront aux hôpitaux généraux, des institutions à mi-chemin entre domicile et hôpital*. Mais la bonne nouvelle est qu'avec le développement des soins à domicile et des chirurgies de jour, de durée très courte, le médecin traitant deviendra incontournable. Et pour cette fois, ce ne sera pas une simple incantation d'un ministre de la Santé en mal d'inspiration.