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L'anosmie et des perturbations associées dans la perception des odeurs sont reconnues comme des symptômes précoces et répandus de la Covid-19 mais l'étiologie de la fonction olfactive altérée demeurait inconnue.Début juillet, une étude conduite chez le hamster par des chercheurs français suggérait déjà que, si le SARS-CoV-2 infecte massivement diverses cellules de la muqueuse nasale dont les cellules de soutien, dites cellules sustentaculaires, par contre il épargne les nerfs olfactifs. (1)Un résultat confirmé par une équipe internationale dirigée par des neuroscientifiques de Harvard qui ont voulu savoir si le SARS-CoV-2 perturbe l'olfaction de manière directe, en infectant les neurones sensoriels olfactifs ou leurs cibles dans le bulbe olfactif, ou de manière indirecte, par la perturbation des cellules de soutien. (2)Les chercheurs ont identifié les types de cellules dans l'épithélium olfactif et le bulbe olfactif qui expriment les molécules permettant à SARS-CoV-2 de pénétrer dans les cellules.Le séquençage de l'ARN "en vrac" a démontré que la muqueuse olfactive de la souris, du primate non humain et de l'Homme exprime deux gènes récepteurs clés impliqués dans l'entrée du SARS-CoV-2 dans les cellules hôtes : ACE2 et TMPRSS2.Cependant, le séquençage de l'ARN en une seule cellule a révélé qu'ACE2 est exprimé dans les cellules de support, qui s'enroulent autour des neurones sensoriels et sont censées fournir un soutien structurel et métabolique, les cellules souches, qui régénèrent l'épithélium olfactif après des dommages, et les cellules périvasculaires du nez et du cerveau, plutôt que dans les neurones sensoriels olfactifs.L'immunocoloration a confirmé ces résultats et a révélé une expression omniprésente de la protéine ACE2 dans les cellules épithéliales olfactives sustentaculaires situées dorsalement et les péricytes du bulbe olfactif chez la souris.En résumé, cette recherche montre que l'infection par le SARS-CoV-2 touche des cellules non neuronales des voies aériennes supérieures et donc épargne étonnamment les neurones sensoriels olfactifs qui détectent et transmettent l'odorat au cerveau. Un tel résultat est plutôt une bonne nouvelle car il implique que dans la plupart des cas, l'infection par le SARS-CoV-2 est peu susceptible d'endommager de façon permanente les circuits neuronaux olfactifs et de conduire à une anosmie persistante, une pathologie associée à une variété de problèmes de santé mentale, en particulier la dépression et l'anxiété. On constate d'ailleurs que les patients atteints de Covid-19 récupèrent généralement leur odorat après quelques semaines.(références :(1) Brain Behaviour and Immunity, 3 juillet 2020, doi : 10.1016/j.bbi.2020.06.032,(2) Science Advances, 31 juillet 2020, doi : 10.1126/sciadv.abc5801)