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Le docteur Nietvelt était encore au Congo il y a quelques mois, pour une mission temporaire de suivi de projets. "Je n'y avais plus été depuis un moment et c'était très encourageant de voir que la situation évolue positivement. Cela reste bien entendu compliqué de former les gens et de les garder motivés, compte-tenu de la situation sur place et des attentes de chacun."Comment l'homme s'est-il lancé dans l'aventure Lumière pour le monde. "J'ai suivi des études de médecine tropicale et j'ai toujours eu envie de travailler en Afrique. Après une brève formation en chirurgie et en médecine interne, je suis parti pour le Congo avec ma femme, également médecin, ainsi que mes deux enfants en bas âge. Là-bas, nous avons rejoint une équipe composée de deux ou trois autres médecins belges et de quelques docteurs locaux. La question de la prise en charge des innombrables patients souffrant de problèmes ophtalmologiques s'est rapidement posée. Je n'étais moi-même pas ophtalmologue. J'ai donc suivi une courte formation en ophtalmologie à Kinshasa, ce qui m'a permis de réaliser des opérations de la cataracte, mais avec des moyens moins sophistiqués qu'en Belgique."Huit ans plus tard, le docteur Nietvelt est revenu en Belgique avec sa famille pour terminer sa formation à Louvain. Puis, direction le Cameroun, pour une nouvelle année de formation. La famille du docteur ne l'a pas suivi cette fois, mais lui a rendu de temps en temps visite."A l'issue de cette expérience, nous nous sommes demandés si nous allions nous installer définitivement en Afrique. La réponse fut non, car nous avions alors six enfants, ce qui rendait l'entreprise périlleuse."Cette expérience congolaise a permis au docteur Nietvelt d'entrer rapidement en contact avec la Mission chrétienne pour les aveugles (CBM). "CBM est basée en Allemagne. Nous nous sommes demandé comment collaborer depuis la Belgique. En 1997, avec une poignée de gens, nous avons alors commencé à collecter des fonds. En 2008, nous nous sommes dissociés de la Mission, pour rejoindre Lumière pour le monde, ONG internationale avec des antennes en Belgique, au Pays-Bas, en Autriche et en Tchéquie. L'organisation se concentre sur le traitement des maladies oculaires en Afrique centrale : Congo, Tanzanie et Rwanda."Au cours de ces 20 années, le docteur Nietveld aura donc réalisé un nombre impressionnant de missions. "J'ai toujours eu les tropiques dans le sang. On dit souvent qu'il suffit d'un séjour en Afrique pour que le continent ne vous laisse plus jamais partir. J'ai travaillé au Congo, au Cameroun, au Nigéria, au Maroc, ainsi qu'au Cambodge, une expérience dont je garde d'excellents souvenirs." Deux de ses enfants sont d'ailleurs nés au Congo.Comment le docteur Nietvelt combine-t-il ses missions avec sa pratique à plein temps à Anvers? "Ce n'est pas simple. En tant qu'indépendant, je dois prendre congé pour partir. Mais bon, je n'oblige pas mes patients à attendre mon retour bien entendu...""Toutefois, j'ai toujours aimé combiner ces activités. Ici, il s'agit de soins oculaires à l'aide de la plus haute technologie, ce qui est extrêmement passionnant. Sous les tropiques, on travaille avec d'autres appareils, d'autres techniques. La préoccupation principale est de soigner au mieux les patients avec des moyens limités. C'est une toute autre approche."La mission africaine ne concerne pas seulement le volet clinique, mais aussi celui de la formation. "On y apprend à administrer des soins de qualité, tout en essayant de les décentraliser progressivement. C'est une mission à part entière, car il faut collaborer avec les petits hôpitaux de district, les dispensaires, etc. L'objectif est de détecter plus rapidement les maladies et d'envoyer les patients au bon endroit. Cela demande un travail énorme de coordination."Les maladies les plus courantes sont les problèmes de cataracte, les glaucomes, les atteintes de la paupière, les troubles relevant de la strabologie. "Nous avons un médecin congolais sur place qui supervise et rationalise. Lui-même n'est pas ophtalmologue, mais il jouit d'une grande expérience en matière de santé publique. Il veille aussi à une bonne communication avec les autorités. Nous nous concertons régulièrement avec lui via le QG de Lumière pour le monde."Le docteur Nietvelt se sent-il prêt à repartir ? "Partir définitivement ne fait plus partir des options, au vu de la situation familiale - nous avons des enfants, des petits-enfants même. Toutefois, je me vois bien encore partir pour des missions de quelques mois", conclut-il, un sourire malicieux aux lèvres.Lumière pour le monde fonctionne surtout grâce aux dons individuels. "Par le passé, nous fonctionnions exclusivement avec les donations. Celles-ci représentent aujourd'hui encore 70% des fonds. Un apport non négligeable donc. D'autant plus que nous devons financer nous-mêmes 25% des projets des autorités, qui se sont ajoutés ces dernières années à nos missions."