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En 2001, le fastlegeordningen - le régime généraliste - entre en vigueur par le biais d'une réforme visant à améliorer la qualité des soins hospitaliers. Depuis, chacun des 5,4 millions de Norvégiens a un médecin généraliste attitré. Un tel système n'existe pas en Belgique où la médecine se veut plus libérale. Les chiffres concernant le nombre de Belges ayant un médecin référent est difficile à trouver. Même en se basant sur les DMG, il faut remonter aux données de 2015 pour constater que 58% des Belges disposaient alors d'un DMG. "Les médecins traitants coordonnent les soins de leurs patients et sont un peu les 'gardiens' du système de santé norvégien, notamment pour maintenir les coûts au plus bas", explique le quotidien suédois Dagens Nyheter, repris par le Courrier international[1]. "Ils sont responsables du suivi de leurs patients et ce sont eux qui les dirigent vers des spécialistes."Kjell-Olav Svendsen, médecin généraliste à Frogner, un quartier huppé d'Oslo, ajoute que "le système a aussi permis de réduire les prescriptions superflues de médicaments par rapport à l'époque où les gens pouvaient consulter plusieurs médecins". En Norvège, les communes - bien plus riches que chez nous - ont la charge de convoquer les médecins généralistes sur base d'estimations des besoins de soins, et de les rémunérer suivant le nombre de patient enregistrés, qui paient en sus des honoraires. Il s'agit donc d'un régime hybride entre le forfait et l'acte. Les généralistes ont, en plus de leurs charges en cabinet privé, le devoir d'assurer des permanences dans les services d'urgences hospitalières. Cette organisation de la première ligne norvégienne se révèle très efficiente. Elle permet, selon une étude norvégienne de 2021, de diminuer le nombre d'admissions à l'hôpital et la mortalité, le tout pour un coût relativement faible par an (1,09 milliard d'euros) par rapport aux soins spécialisés (14 milliards d'euros). Malgré ses réussites, le système norvégien n'est pas irréprochable. La crise du régime généraliste a démarré il y a 12 ans. En 2011, les autorités de santé norvégiennes décident de transférer de nombreuses tâches hospitalières aux municipalités. Conséquence: les médecins généralistes ont davantage de pain sur la planche. Sans davantage de moyens. Car, comme en Belgique, le vieillissement du corps médical et la pénurie guettent. Près de 25% des Norvégiens ont un médecin généraliste de plus de 60 ans. Et 85% des communes norvégiennes déclarent avoir de gros problèmes pour attirer des médecins généralistes. Résultat: environ 175.000 Norvégiens n'ont actuellement pas de médecin généraliste. D'aucuns craignent que le régime généraliste, qui est par ailleurs une réelle plus-value, s'effondre. Le président de l'Association des médecins généralistes de Norvège, Nils Kristian Klev, estime que le système est "un peu victime de son succès". Et qu'il faut investir. Même son de cloche à l'Ordre des médecins local: il y a urgence. "Un coup de pouce important est nécessaire de toute urgence pour résoudre cette situation critique. Nous appelons à un investissement durable", déclare la présidente de l'Ordre des médecins, Anne-Karin Rime, au journal norvégien Vi.no[2]. Pour pallier cette situation, le gouvernement a chargé un groupe d'experts de formuler des propositions concrètes. Un plan d'action a été adopté en 2020. Il met d'abord l'accent sur l'attractivité de la profession. L'objectif est de recruter davantage de médecins pour faire face à la pénurie. Ensuite, il s'attaque à la délégation des tâches. Comme en Belgique, en Norvège, on discute de l'importance du travail en équipe, du rôle des infirmières et des "secrétaires de santé". Enfin, on s'attaque à la surcharge administrative. Malgré des délais d'attente à rallonge pour les patients et un surcharge de travail évidente côté médecins traitants, le régime généraliste fonctionne et prouve que l'échelonnement des soins a du sens. Mais les problèmes rencontrés - le sous-financement, le vieillissement du corps médical, la pénurie, l'attractivité de la profession - sont finalement les mêmes qu'en Belgique.