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La suspension des activités ne concerne que les accouchements et non les consultations périnatales. Il n'empêche que la situation interpelle et a été abordée en Commission santé wallonne. "Cet hôpital, éloigné des grandes villes, est le seul à pouvoir accueillir rapidement des femmes proches de l'accouchement. Mais cet éloignement ne facilite pas le recrutement de sages-femmes pour maintenir le service à flot pendant les congés de certaines d'entre elles", explique Christophe Clersy (Ecolo). "Ces deux facteurs isolent davantage les citoyens qui habitent dans les régions les plus reculées de notre pays - c'est le cas à Chimay.""Cela force les futures parturientes de la région à parfois faire une heure de route pour aller accoucher à Charleroi ou en France", ajoute Mathlide Vandorpe (Les Engagés). "Cette fermeture est due à un concours de circonstances exceptionnel, dans la mesure où six sages- femmes sont absentes, dont cinq pour cause de repos de maternité. Les probabilités que cela se représente sont, à mon avis, faibles", recadre Christie Morreale, ministre wallonne de la Santé. "Un relevé des futures mères suivies par le Centre de santé des Fagnes et susceptibles d'accoucher pendant la période de fermeture a été établi et ces patientes ont été contactées pour les informer de la situation et leur indiquer qu'elles pouvaient choisir de se rendre au Centre hospitalier à Fourmies (en France, ndlr) ou au CHU de Charleroi pour leur accouchement. Les grossesses à risque seront suivies, comme auparavant, au CHU de Charleroi, vu la spécialisation de l'hôpital en la matière."La maternité la plus proche est celle du Centre hospitalier de Fourmies, en France, à une vingtaine de kilomètres de Chimay. Une coopération transfrontalière s'est mise en place dans le cadre du fonctionnement de la zone organisée d'accès aux soins transfrontaliers. "Un accord de principe a, en outre, été fixé entre le CSF et le Centre hospitalier de Fourmies pour la participation du personnel du premier hôpital cité à la prise en charge des parturientes au sein du deuxième hôpital mentionné, afin de répondre à l'augmentation soudaine de l'activité. Les transferts seront en nombre assez limité puisqu'ils concerneraient huit personnes en avril, 14 personnes en mai et neuf personnes en juin."La problématique rencontrée par le CSF de Chimay symbolise les difficultés auxquelles font face les institutions de soins rurales. "Au-delà de la pénurie de professionnels de santé que nous connaissons actuellement, les petits centres ruraux, éloignés géographiquement, sont confrontés à un problème de manque d'attractivité pour les professionnels de santé: absence de services lourds, activité réduite, pénibilité des gardes vu le staff médical réduit", acquiesce Christie Morreale. "À plusieurs reprises, l'hôpital de Chimay a rencontré des difficultés de ce type: en 2002, à la suite du départ de plusieurs médecins, et plus récemment en 2017 à la suite d'une proposition de fermeture de l'hôpital par l'Aviq vu le manque de médecins. Aujourd'hui, il est intégré dans le réseau hospitalier avec l'ISPPC."Le nombre annuel moyen d'accouchements à l'hôpital de Chimay est de 188, soit en moyenne un accouchement tous les deux jours seulement. Les normes exigent pour toute maternité un minimum de 13 accoucheuses et ce, indépendamment du nombre d'accouchements. "C'est la raison pour laquelle l'Union européenne encourage en particulier la coopération entre les États membres pour améliorer la complémentarité de leurs services de santé dans les régions frontalières", précise la ministre wallonne. À noter que dans l'autre sens, pour faire suite à la fermeture de la maternité de Givet, les parturientes françaises accouchent à l'hôpital de Dinant depuis déjà plus de 20 ans. Le groupement hospitalier entre le CHU de Charleroi, le CHU André Vésale et le CSF est en cours de constitution. Pour Christie Morreale, cela peut être la solution pour libérer le CSF de ses maux. "Dans le cadre de ce regroupement, il convient que les hôpitaux améliorent leurs collaborations et s'entraident pour limiter les difficultés issues de pénuries éventuelles. Il y a un phénomène d'attractivité vers les pôles centraux. Le fait d'être en pôle permet, dans l'engagement par exemple, de conditionner l'engagement du personnel au fait qu'il aille prester un certain nombre de jours dans les hôpitaux périphériques. C'est de cette manière que le regroupement des hôpitaux peut aussi constituer des solutions qui permettent plus de solidarité."