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L'accord médico-mut signé avant les Fêtes tend vers les objectifs suivants: coopération à tous les niveaux entre les dispensateurs de soins, incitation justement à des mécanismes de financement qui promeuvent cette coopération tout en éliminant les soins "inefficaces", développement des soins 2.0, l'amélioration autant que faire se peut de l'accessibilité et enfin, le plus important sans doute: "la maîtrise des facteurs qui contribuent à une hausse des suppléments d'honoraires et à l'augmentation de la pression sur les rétrocessions sur les honoraires". Les honoraires des médecins sont fixés dans l'accord à 8,891 milliards d'euros par rapport à 2020 soit, sans l'impact des dépenses Covid-19 supplémentaires, une croissance substantielle. Les honoraires liés aux soins à basse variabilité se montent à 358 millions. La masse d'indexation desdits honoraires est de 102,7 millions au total. Cet index doit cependant amortir les initiatives prises pour l'an passé: médecine physique et rééducation fonctionnelle (4,886 millions d'euros), revalorisation honoraires de surveillance hôpital de jour oncologie et rhumatologie (3, 310 millions d'euros), surveillance du malade admis dans un service D (2,660 millions d'euros) et "autres projets": 1,392 millions d'euros (neuromonitoring intra-opératoire, téléophtalmologie). Sur les 92 millions restants après ces initiatives, 10,7 millions iront aux honoraires forfaitaires par prescription de biologie clinique, les honoraires dans les conventions qui concernent la reconstruction mammaire et la chirurgie complexe, les honoraires de "genetic counseling" et les trajets de soins, les honoraires hors nomenclature relatifs aux honoraires de disponibilité et l'avis médical chez les patients palliatifs et, enfin, les forfaits et honoraires relatifs à la convention dialyse. Restent donc 82 millions réellement pour 2021. Comme les honoraires des médecins généralistes pèsent 20,25% du total et ceux des spécialistes 79,75, l'index serait partagé selon cette clé. Dès lors, "les prestations de biologie clinique et imagerie médicale sont indexées de 0,80%. Les honoraires des consultations, visites et avis sont indexés de 1,01%. Le DMG est indexé de 1,25% pour arriver à un honoraire de 32 euros en 2021. Les prestations spéciales et les prestations de gynécologie et de surveillance sont augmentées de 0,84%. La Consultation oncologique multidisciplinaire (COM) est indexée de 1,01%. Les prestations de chirurgie sont indexées de 0,90%." Enfin, les honoraires hors-nomenclature sont indexés de 1,01%. Pour dégager des moyens supplémentaires, une task- force spéciale réfléchira à la délivrance de soins encore plus efficace. Ces moyens seront tous réinvestis dans le système. On pense bien sûr aux biosimilaires et autres médicaments moins chers. Au moins 40 millions sont espérés pour des revalorisations nouvelles. Le KCE (centre d'expertise des soins de santé) sera sollicité. À quoi ces sommes épargnées pourraient-elles servir? Aux médecins en formation tout d'abord (dix millions), aux gériatres encore trop mal payés (cinq millions pour leurs honoraires de surveillance), pour l'examen d'un patient admis à l'hôpital, la revalorisation de la consultation pneumologique ainsi que l'extension/revalorisation du DMG (8,8 millions) et de la visite du MG à un patient en centre d'hébergement (4 millions). Pour encourager le décloisonnement de la logique par silo, la médico-mut planche sur la mise en place, enfin, d'une approche pluriannuelle avec des projets qui s'étendent sur davantage d'une année budgétaire. Exemple parmi d'autres: l'Inami estime à 1,4% la croissance annuelle réelle des dépenses pour les honoraires des médecins pour la période 2021-2024. Croissance à peine inférieure à la croissance autorisée des soins de santé pour le début de la mandature du nouveau gouvernement (elle passera à 2,5% en 2022). L'accord prévoit en outre des projets "spécifiques" comme la télémédecine. Sont visés: les soins à distance via des consultations par téléphone et par vidéo pour les dispensateurs de soins et les patients. Les honoraires provisoires appliqués sont maintenus avant d'y voir plus clair. "Le projet de télé-dermatologie se poursuit et un projet de télé-ophtalmologie est lancé. On misera aussi sur les applications mobiles pour la télé-expertise entre médecins (ex. Prisma)." La Covid-19 fera aussi l'objet d'un projet transversal pour le télé-monitoring. La médico-mut souhaite qu'on puisse continuer la COM par vidéo-conférence. En 2021, le budget des postes de garde de médecine générale s'élèvera à 34,8 millions d'euros, ce qui correspond à une hausse de 4,9% par rapport au budget 2020. Ceci permettra de financer le fonctionnement de quatre nouveaux projets et l'extension de six postes médicaux de garde (PMG) existants. Les PMG devront fonctionner au travers de "coopérations fonctionnelles" qui concernent au moins deux PMG. Celles-ci doivent s'arrimer au 1733 que la médico-mut espère solide et rapidement déployé. " Ensuite, un budget de trois millions d'euros est prévu pour l'organisation de gardes en semaine. En outre, la commission nationale médico-mutualiste décide de prolonger jusqu'au 30 juin 2021 le financement des 15 projets existants."Au niveau de l'accréditation, on fait un peu du surplace. Les grandes orientations sont maintenues (donner un but réel à la formation continue via la réalisation d'objectifs généraux ou individuels en matière de qualité, basés sur un ensemble d'indicateurs de prescription et de traitement mis au point avec des experts appartenant aux associations scientifiques pertinentes) mais les avancées se font attendre. Le Conseil national de la promotion de la qualité devrait déposer pour juin 2021 un réel plan de réforme selon le principe de "à efforts équivalents, rémunération équivalente" afin de ne pas avantager certaines spécialités comme la biologie clinique. Enfin, réforme de la nomenclature et simplification administrative font l'objet d'une attention particulière dans l'accord médico-mut. Dans le courant de 2021, la première phase de la réforme portant sur la restructuration et adaptation du libellé des prestations devrait être mise en place. "Cette réforme est cruciale dans le cadre de la réforme du financement des hôpitaux mais aussi en vue de corriger des différences de revenus déraisonnables entre médecins généralistes et médecins spécialistes et entre médecins spécialistes entre eux. Une adaptation de la nomenclature aux nouveaux modèles de prestation des soins (télémédecine, soins multidisciplinaires,...) est indispensable."Cette réforme de la nomenclature est intimement liée au financement des hôpitaux et les rétrocessions d'honoraires. La médico-mut pointe à juste titre qu'il faut distinguer la partie "honoraires médicaux destinés à couvrir tous les frais directement ou indirectement liés à l'exécution de prestations médicales et non couverts par d'autres sources" de la partie "honoraires destinés à couvrir la prestation du médecin". Ce n'est qu'à ce moment qu'on évitera de gruger les uns et les autres.