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VIH en Chine: it's complicated!Même si les autorités chinoises font tout ce qui est en leur pouvoir (et il est grand !) pour occulter l'épidémie de VIH dans l'Empire du Milieu, elle n'en demeure pas moins une réalité comme l'attestent les chiffres les plus récents publiés par le WHO et le CDC américain. Certes, la prévalence de l'infection par le VIH demeure globalement basse (0,06%) mais elle est nettement plus élevée au sein du groupe spécifique des HSH et, surtout, en constante évolution puisque d'une estimation de 1% en 2003, on passe à 8% en 2015. Plus préoccupant est le constat selon lequel 50 à 75% des HSH séropositifs chinois ne sont pas informés de leur statut VIH, un fait à mettre en rapport avec la forte stigmatisation des rapports homosexuels en Chine qui rend le dépistage de masse très difficile voire dangereux. Mais, heureusement, les choses changent !Les réseaux sociaux à la rescousseAvec près de 700 millions d'utilisateurs de smartphones, la Chine est, sans nul doute, le paradis des geeks, une situation et surtout un potentiel économique qui n'a pas échappé à l'agence de média chinoise Blued. En 2012, elle lance la première application officielle de réseaux sociaux destinée exclusivement à la communauté LGBT. Le premier "Facebook gay" est lancé en Chine, une révolution, une de plus ! En 2016, le réseau compte environ 27 millions d'utilisateurs inscrits et un trafic mensuel d'environ 12 millions de followers. Conscient de son impact auprès de la communauté homosexuelle, Blued a, entre temps, installé 6 centres de dépistage et de conseil dans la zone de Beijing qui offrent la possibilité d'effectuer des test VIH dans un environnement favorable pour les gays. En collaboration avec le programme "Chine" du CDC d'Atlanta, Blued a lancé une campagne de promotion du dépistage du VIH via des messages publicitaires réguliers sur son site avec renvoi vers le centre de dépistage Blued le plus proche de l'utilisateur intéressé par un test. Pour évaluer l'impact de cette campagne, une étude a été mise sur pied entre 2015 et 2017 dont les résultats viennent d'être rendus public dans le bulletin hebdomadaire publié par le CDC.Un impact indéniable sur le rendement du dépistage Premier constat majeur, le nombre de tests de dépistage du VIH est en nette augmentation suite à la campagne en ligne. Ainsi, 145 tests ont été enregistrés au cours du premier mois de la campagne, mars 2015, soit une augmentation de 77% par rapport aux 82 tests réalisés en janvier et février de 2015. Fin 2015, 3363 tests ont été réalisés, soit quatre fois plus que les 836 tests réalisés en 2013 et sept fois plus que les 425 tests de 2014. Et l'ascension continue confirmant l'efficacité de la campagne en ligne avec 6330 tests en 2016 et 7315 tests en 2017 soit une multiplication par un facteur de 10 à 12 des tests de dépistage comparativement à la période précédant le lancement de la campagne de dépistage en ligne. Au total, près de 16.000 HSH ont été accueillis dans l'un des six centres de référence Blued, majoritairement des hommes de moins de 35 ans dont près de la moitié n'avaient jamais effectué de test de dépistage du VIH auparavant. Dans l'ensemble, 4,5% de ces hommes ont présenté un test positif pour le VIH. Le taux de séropositivité était plus élevé chez les participants de 35 ans et plus. De cette étude on retiendra surtout l'intérêt et l'efficacité des réseaux sociaux ciblés et des messages d'incitation au dépistage à condition d'orienter directement le patient vers un centre de référence ainsi que la contribution des réseaux sociaux et de cette campagne de dépistage à une meilleure identification des groupes à risque pour mieux cibler les campagnes futures.Réf: Wang L. et al.CDC Morbidity and Mortality Weekly Repport, 2019; 68(21): 478-482.