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On en espérait 3 millions, ils ne sont, fin 2020, qu'un peu moins de 1 million à suivre une PrEP au niveau mondial. On tablait sur le fait que 90% des populations clés (HSH, professionnels du sexe, utilisateurs réguliers de drogues injectables, détenus et personnes transgenres) et 90% des adolescents et des jeunes femmes vivant dans un contexte de très haute prévalence adhérent à un programme de PrEP, on atteint péniblement les 50%. Des chiffres bien loin des objectifs fixés en 2016 par l'ONUSIDA dans sa déclaration de politique générale concernant les objectifs et engagements mondiaux pour la prévention du VIH à l'aube de 2021. Autre sujet de préoccupation, la croissance annuelle des utilisateurs de PrEP. Si on constate bien une augmentation annuelle de nouveaux utilisateurs dont le nombre passe de 102.446 en 2016 à 651.586 en 2020, le taux de croissance annuel des nouvelles recrues pour la PrEP diminue constamment passant de 104% pour la période 2017-2018 à 55% pour 2018-2019 et à seulement 18% pour 2019-2020.Sur le plan régional, l'Afrique Subsaharienne domine avec 56% des personnes sous PrEP au niveau mondial. Viennent ensuite les Etats-Unis avec 24% et qui ont enregistré la plus forte progression au cours des deux dernières années. L'Europe arrive en troisième position avec 7% suivi de l'Asie avec 5% où domaine la Thaïlande qui, à elle seule, représente 51% des PrEP asiatiques. Ferment la marche, l'Océanie avec 4%, quasi exclusivement l'Australie, et l'Amérique du Sud-Caraïbes avec aussi 4% entraîné par le Brésil qui connaît une belle croissance.Ce rapport est aussi l'occasion de s'intéresser aux facteurs favorisant une bonne implantation de la PrEP comme l'adoption précoce de la PrEP et surtout un engagement fort des instances politiques pour déployer la PrEP en adoptant des politiques et des lignes directrices pour la PrEP, en fixant des objectifs ambitieux en matière de prévention du risque lié au VIH, en allouant des ressources financière suffisantes et en nommant un coordinateur pour veiller au bon déploiement de la PrEP. Enfin, on constate que les pays où le succès de la prévention va grandissant ont inclus le milieu associatif et ont mis en place des programmes personnalisés à destination des populations les plus exposées au risque de contracter le VIH. Enfin, point important, il ne faut jamais perdre de vue que la prévention n'existe pas dans une bulle. Il existe de nombreux obstacles sociétaux et structurels qui peuvent entraver l'accès et l'adoption de la PrEP sans oublier son bon suivi sur le long cours. En concluant sa conférence virtuelle, Kate Segal, chargée de programme à l'AVAC, s'est montrée malgré tout optimiste pour le futur tablant sur l'impulsion positive que devraient apporter les nouvelles molécules à longue durée d'action dans le cadre de la PrEP pour contourner la stigmatisation liée au VIH, un des obstacles majeurs à l'adhésion et au bon suivi de la PrEP. En effet de nombreux utilisateurs rapportent des difficultés à la prendre discrètement ou se voient suspecter de vivre avec le VIH alors qu'ils essayent tout seulement de s'en prémunir.Réf: Segal K. et al. Conférence virtuelle lors du congrès HIVR4P 2021 et Abstract OA11.01.