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Les traitements antirétroviraux, trithérapies ou thérapies duales, ont transformé l'infection par le VIH en une maladie chronique, mais prendre une pilule chaque jour et pour le restant de ses jours se révèle bien difficile pour nombre de patients. Pour contourner cet obstacle, on dispose à présent de nouvelles options à durée d'action plus longue, qui soulagent le fardeau de la prise quotidienne et ont le potentiel d'améliorer l'observance et le contrôle virologiques, tout en prévenant le risque de transmission et donc de nouvelles infections. Mais ­- car il y a toujours un satané "mais" dans la lutte contre le VIH -, beaucoup de patients n'aiment pas les piqûres, ont peur d'avoir mal ou abandonnent le traitement injectable à cause de réactions plus ou moins gênantes ou douloureuses au niveau du site d'injection. Dès lors, pourquoi ne pas investiguer la possibilité d'un traitement antirétroviral oral mais à plus longue durée d'action, une prise hebdomadaire et non plus quotidienne, par exemple ?Pour tester cette hypothèse, les investigateurs de l'étude se sont tournés vers deux molécules récentes aux modes d'action différents et novateurs, le lénacapavir, le premier inhibiteur de la capside du VIH, et l'islatravir, un inhibiteur nucléosidique de la translocation de la transcriptase inverse. Menée en ouvert, l'étude de phase II a recruté 104 adultes séropositifs traités quotidiennement par une trithérapie associant bictégravir/ TAF/ emtricitabine, et dont la charge virale était indétectable. L'âge médian des participants était de 40 ans et 18 % étaient des femmes. Les patients ont été répartis au hasard pour soit continuer à prendre leur trithérapie usuelle une fois par jour, soit recevoir de l'islatravir 2 mg associé au lénacapavir 300 mg en prise hebdomadaire. Après six mois de suivi, une seule personne du groupe islatravir/ lénacapavir présentait une charge virale supérieure à 50 copies (critère d'évaluation primaire). Le patient a cependant poursuivi le traitement, et la charge virale indétectable a été atteinte à la 30e semaine. Les deux groupes ont obtenu un taux identique de suppression virale (94,2 %) après prise en compte des données manquantes de cinq personnes. Les deux traitements ont été sûrs et bien tolérés. Un suivi sera à présent assuré jusqu'à la 48e semaine. À la fois efficace et bien tolérée, l'association islatravir/ lénacapavir a, selon les conclusions des investigateurs, le potentiel pour devenir le premier traitement hebdomadaire par voie orale du VIH. Si les futures données confirment ce premier constat prometteur, cette association pourrait devenir le traitement à durée d'action la plus longue qui ne nécessite pas d'injections. Réf : Colson A. et al. Abstract 208, CROI 2024, Denver.