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Initialement, la thèse de la transmission du coronavirus par l'air que chacun expire et inspire, plutôt que par les seules grosses gouttelettes expulsées par l'éternuement et la toux, a été négligée par les autorités sanitaires du globe. Mais un revirement a eu lieu cet été face à la pression de nombreux experts des virus respiratoires et une accumulation d'études sur la présence de particules virales dans des microgouttelettes en suspension dans l'air, éjectées par la simple parole. Une théorie étayée par une nouvelle recherche.Le 19 janvier dernier, 128 personnes sont montées dans deux autocars (60 dans le car 1 et 68 dans le car 2) pour se rendre à un événement bouddhiste dans la ville de Ningbo (province du Zhejiang) lors d'un trajet aller-retour de 100 minutes. Des experts des Centres chinois de prévention et de contrôle des maladies ont interrogé et testé les passagers. Aucun ne portait de masque. Dans les cars, les climatiseurs centraux étaient en mode de recirculation intérieure.Au total, les chercheurs constatent que 24 passagers (35,3%) du car 2 ont été contaminés. A l'inverse, aucune infection n'a été relevée dans le car 1. Parmi les 172 autres personnes présentes à l'événement de culte, 7 (4,1%) ont par la suite reçu un diagnostic de Covid-19. Les personnes du car 2 avaient un risque accru de 34,3% de contracter la maladie par rapport à celles du car 1 et étaient 11,4 fois plus susceptibles d'avoir la Covid-19 par rapport à toutes les autres personnes assistant à l'événement d'adorationSelon les scientifiques, une personne ayant eu des contacts auparavant avec des gens de Wuhan, où l'épidémie a démarré, était très probablement le cas index. Elle était assise du côté droit dans une rangée au milieu du car 2, entre deux autres passagers.Ce qui est notable, c'est que le cercle d'infections était bien plus étendu que les quelques rangées autour du cas suspect, avec des personnes contaminées à l'avant et à l'arrière du car. Si le virus ne se transmettait que par des grosses gouttelettes, le cercle aurait été plus réduit puisque celles-ci retombent généralement dans un périmètre d'un ou deux mètres. En outre, le patient index n'avait pas de symptômes au moment des trajets, donc il ne toussait pas. Enfin, le système de climatisation du car faisait recirculer l'air à l'intérieur de l'habitacle et ne le renouvelait pas, ce qui a sans doute contribué à propager le virus dans tout le véhicule.Pour les auteurs, tous ces éléments additionnés suggèrent que "dans des environnements clos où l'air est recirculé, le SARS-CoV-2 est un pathogène hautement transmissible" et la propagation aérienne du virus peut au moins partiellement expliquer le risque accru d'infection par le SRAS-CoV-2 chez les usagers du car 2.Minutieuse et comprenant un plan du car avec la position de chaque personne contaminée, leur enquête s'ajoute à d'autres allant dans le même sens, notamment le cas de multiples contaminations entre tables dans un restaurant de Canton, là encore sans doute permises par un système de ventilation ne renouvelant pas l'air intérieur.(référence : JAMA Internal Medicine, 1er septembre 2020, doi : 10.1001/jamainternmed.2020.5225)