Considérée comme une maladie non auto-immune, la fibromyalgie se caractérise avant tout par des douleurs diffuses, une fatigue sévère et des troubles fréquents du sommeil. À cette souffrance s'ajoutent fréquemment de l'anxiété face à l'incertitude sur un traitement causal possible, ainsi qu'un état dépressif.
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Dans ce contexte, le constat d'un abus plus fréquent de substances que dans la population générale n'a pas de quoi surprendre. Une étude mexicaine présentée au congrès ce 16 novembre en donne une illustration au travers de chiffres nationaux, avec une consommation accrue (tant en fréquence qu'en quantité) d'alcool, de tabac et de tranquillisants (p < 0,05) et une tendance à consommer davantage de cannabis (p = 0,082). Très incomplètement comprise dans sa physiopathologie, et encore souvent stigmatisée dans la population générale comme étant une "fausse maladie", elle reste un parent assez pauvre de la recherche médicale, en comparaison avec les maladies rhumatismales par exemple. Pourtant, certains auteurs ont émis l'hypothèse d'une association avec les maladies auto-immunes, dont elle pourrait constituer une manifestation initiale. Cette hypothèse a été explorée par une équipe américaine, au moyen d'une étude rétrospective. Ces auteurs ont analysé la base mondiale TriNetX, un réseau comprenant des données dépersonnalisées provenant d'une vingtaine de pays et comprenant près de 300 millions de patients. Ils ont inclus 14.309 patients diagnostiqués porteurs d'une fibromyalgie entre le 1er novembre 2018 et le 1er janvier 2019 dans 118 établissements de santé mondiaux, sans diagnostic préalable de maladie auto-immune avant ou jusqu'à un mois après le diagnostic de fibromyalgie, et les ont comparés à un groupe témoin apparié. L'âge médian des deux groupes était de 57 ± 15 ans, avec 91% de femmes. Un des critères principaux de l'analyse était la survenue d'une maladie auto-immune. 2,2% des patients fibromyalgiques ont développé une polyarthrite rhumatoïde dans les cinq années, contre 0,5% dans le groupe témoin (odds ratio : 4,28 ; IC 95% : 3,33 à 5,51). En analyse de Kaplan-Meier, la fibromyalgie était également fortement associée à un risque accru de développer une PR (rapport de risque : 4,10 ; IC 95% : 3,20 à 5,27 ; p < 0,0001). Plus en détails, 1,4% des patients ont développé un lupus érythémateux disséminé (contre 0,3% dans le groupe témoin - OR : 4,93). De manière similaire, la fibromyalgie était associée à une incidence accrue du syndrome de Sjögren, de l'arthrite psoriasique et, plus globalement, des arthrites inflammatoires. Pour les auteurs de cette analyse aux chiffres éloquents, les cliniciens doivent faire preuve de vigilance lorsque leur patient fibromyalgique commence à se plaindre d'arthralgies ou à présenter d'autres manifestations de maladies auto-immunes. Sources: -Drug Abuse Screening in Patients Who Fulfill the 2016 Fibromyalgia Criteria. Laura Aline Martinez-Martinez et al. -Fibromyalgia as a Potential Initial Presentation for Autoimmune Conditions. Qi Wang et al.