La pollution compte parmi les principaux facteurs environnementaux pouvant être impliqués dans l'apparition de maladies auto-immunes. Deux nouvelles études sur cette problématique ont été évoquées ce 16 novembre au congrès de l'ACR.
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La première, réalisée en Espagne, s'est intéressée à l'impact des polluants comme possibles déclencheurs de la sclérodermie systémique (ScS) chez les personnes génétiquement prédisposées. Réalisée avec la collaboration de trois hôpitaux, elle incluait 313 patients diagnostiqués porteurs d'une ScS, tous types confondus. Les données démographiques, cliniques, sérologiques et les PRO (Patient-Reported Outcomes) ont été collectées, ainsi que les informations sur l'exposition professionnelle à la pollution. Des échantillons sanguins ont également été prélevés pour y quantifier 61 éléments polluants différents. D'un degré très variable, l'exposition à la silice était significativement associée à un risque majoré d'hépatite auto-immune (HAI) (OR : 12,9 ; IC 95% : 1,02-413,5 ; p=0,046) mais, par contre, à moins de dyslipidémies (OR : 0,4 ; IC 95% : 0,1-0,8 ; p=0,016). Les patients exposés professionnellement à la silice étaient plus jeunes à l'inclusion dans l'étude (p=0,023) et lors de l'apparition du premier symptôme non-Raynaud (p=0,042). L'exposition à des solvants organiques était associée au diabète (OR : 2,3 ; IC 95% : 1-5,3 ; p=0,05) ainsi qu'à l'HAI (OR : 8,17 ; IC 95% : 1-377,8 ; p=0,02). De manière similaire à l'exposition à la silice, celle à l'industrie métallurgique était associée à davantage d'HAI (OR : 31,2 ; IC 95% : 2,4-1.015,8 ; p=0,011) et à une fréquence moindre de dyslipidémies (OR : 0,1 ; IC 95% : 0,004-0,5 ; p=0,005). La seconde étude, américaine, s'intéressait principalement aux conséquences des nombreux feux de forêt qui ont frappé les Etats-Unis depuis les années 1980, avec la libération de quantités énormes de particules fines (PM2.5). Ses auteurs ont voulu vérifier l'existence d'une association entre, d'une part, l'exposition aux PM2.5 provenant des feux de forêt ou à d'autres polluants et, d'autre part, le risque de polyarthrite rhumatoïde et de maladie pulmonaire interstitielle associée (PR-ILD). 9.701 cas incidents de PR, dont 531 cas de PR-ILD, ont été notés. Les chiffres montraient un impact global sur ces maladies, mais d'une ampleur heureusement moindre que dans l'étude espagnole. Dans l'ensemble, les PM2.5 provenant des feux de forêt n'étaient pas associées à la PR (aOR : 1,07 ; IC 95% : 0,92-1,23), mais elles l'étaient à une période de 1 à 5 ans avant l'apparition de la PR (aOR : 1,13 ; IC 95% : 1,02-1,26). L'exposition à ces particules était également associée à la PR-ILD (aOR : 1,98 ; IC 95% : 1,08-3,62 par µg/m³). En ce qui concerne les polluants liés à la combustion de carburants fossiles, des taux accrus de NOx étaient également associés à la PR (aOR : 1,16 ; IC 95% : 1,06-1,27 pour le quartile le plus élevé par rapport au plus bas). L'ozone (aOR 1,19 ; IC 95% : 1,06-1,34) et les PM10 (aOR : 1,25 ; IC 95% : 1,10-1,43) étaient associés à la PR séronégative, mais pas à la PR séropositive. Quant au CO, aux PM2.5 totales et au SO2, les données étaient plus rassurantes, ne montrant pas d'association au risque de PR ou de PR-ILD. Sources:-Influence of Occupational Exposure to Pollutants on Clinical and Serological Phenotypes in Systemic Sclerosis. Irene Carrión-Barberà et al. -Associations of Fire Smoke and Other Pollutants with Incident Rheumatoid Arthritis and Rheumatoid Arthritis-Associated Interstitial Lung Disease. Vanessa Kronzer et al.