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Il se pourrait que les facteurs prédictifs de ces exacerbations puissent différer de ceux qui ont été définis pour les formes plus sévères. De plus, les modèles établis jusqu'ici ont été en grande partie de type rétrospectif, utilisant des données d'études cliniques réalisées chez des patients porteurs d'une BPCO modérée à sévère [1].Un modèle prédictif basé sur une étude prospective serait théoriquement plus fiable. Cette recherche a fait l'objet d'une analyse planifiée à l'avance dans la conception de COMPASS, une étude prospective de deux ans et demi portant sur la BPCO, et réalisée en Chine [2].Rappelons que COMPASS a pour objectif global d'élargir les connaissances des phénotypes/endotypes de la BPCO et leur compréhension, ainsi que de préciser la charge clinique, la progression de la maladie et l'utilisation des ressources de santé en Chine, et plus particulièrement chez des patients porteurs d'une BPCO légère à modérée. L'étude comprend l'évaluation des caractéristiques cliniques et radiologiques de la BPCO, ainsi que des biomarqueurs sanguins et du microbiome pulmonaire, dont les modifications pourraient donner de nouvelles clés de compréhension et déboucher sur de nouvelles stratégies thérapeutiques.Sur cette base, COMPASS vise également à évaluer la pertinence, pour les patients chinois, des prédicteurs de la progression de la maladie qui ont été identifiés dans les cohortes occidentales, et de caractériser les stratégies thérapeutiques.Les auteurs de la nouvelle analyse [3] disposaient des données démographiques de base et des caractéristiques des patients liées à leur BPCO, dont les antécédents cliniques, la spirométrie et l'auto-évaluation. Des modèles multivariables ont été créés avec, comme variable dépendante, le critère de survenue d'une exacerbation modérée ou sévère dans les 18 mois suivant le début de l'étude.Les résultats des spirométries ont été exprimés soit en pourcentage du VEMS prédit, soit en grade GOLD. Les auteurs ont également pris en compte le score obtenu à l'échelle de dyspnée mMRC ou les réponses au questionnaire CAT d'auto-évaluation. Les antécédents d'exacerbations modérées et sévères ont été également collectés et intégrés dans l'étude. Ensuite, des modèles ont été créés en s'appuyant sur le critère d'information bayésien (BIC) ou sur celui d'Akaike (AIC), et le niveau de discrimination a été évalué par analyse statistique C.Comprenant au départ près de 1.700 patients (90 % d'hommes, 47 % de fumeurs, avec un âge moyen de 65 ± 7 ans, avec un VEMS post-bronchodilatation de 67 ± 20 % de la valeur prédite et un nombre moyen d'exacerbations dans l'année précédant le recrutement s'élevant à 0,5 ± 1,0), l'étude a montré que 17,4 % d'entre eux ont souffert d'une exacerbation modérée ou sévère au cours de ces 18 premiers mois de suivi.Les modèles basés sur BIC ou AIC étaient très similaires. Ceux qui utilisaient le grade GOLD affichaient une meilleure adéquation et une statistique C plus élevée que ceux qui utilisaient le pourcentage du VEMS prédit, en notant cependant que GOLD II se montrait très faible pour la prédiction. L'ajustement des modèles a montré peu de différences entre les réponses au CAT et les critères liés au mMRC. Surtout, aucune de ces deux méthodes complémentaires ne s'est montrée fortement prédictive.Au final, le modèle le mieux ajusté identifie six variables indépendantes avec une statistique C globale de 0,739. Pour les auteurs, un modèle prédictif pratique du risque d'exacerbation chez les patients atteints de BPCO légère ou modérée devrait contenir au moins quatre facteurs :-Antécédents d'exacerbations modérées-Antécédents d'exacerbations sévères-Antécédents de bronchite chronique-Grade GOLD (principalement GOLD I).